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Le manque de structures de stockage fait désordre - Carburant : Il faudra attendre 2020

par Yazid Alilat

La tension sur les carburants dans plusieurs régions du pays, à l'Est comme à l'Ouest et au centre, reste encore perceptible.

En dépit des assurances et du refus, il faut le dire, des responsables du secteur de reconnaître que la distribution des carburants en Algérie est défaillante, avec en prime une situation qui pénalise l'économie nationale, les carburants manquent dans les stations services, privées ou celles de Naftal. Plus grave, l'autonomie en carburants pour tout le pays est de moins d'une semaine, ce qui est grave pour un pays producteur d'huiles de pétrole. La crise sur les carburants perdure en fait depuis le début du mois d'avril, avec une très forte tension sur le gazole dans les grandes villes du pays, dans l'Oranie en particulier, mais également dans le Sud et les Hauts plateaux, comme à Djelfa, Laghouat, ainsi que l'est du pays, et même à Skikda, où est installée une grande raffinerie d'où partent les navires ravitailleurs vers Oran, Alger, Annaba, Béjaïa. Jeudi, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, a été interpellé au parlement sur ce problème de distribution de carburants. Selon lui, ce problème de stockage des produits pétroliers, qui mène la vie dure aux automobilistes depuis la grosse tempête de 2012, sera résolu d'ici à 2020 avec la livraison des projets de raffineries en cours de réalisation. «Le secteur de l'Energie a tracé un programme visant à augmenter la capacité de stockage des produits pétroliers à 30 jours en 2020», selon le ministre, qui a reconnu que les capacités actuelles de stockage de Naftal ne couvrent que 7 à 10 jours des besoins du marché. «Il est vrai que nous avons un déficit en matière de stockage du carburant, mais nous veillerons dès maintenant à régler ce problème et ce jusqu'à 2020", a-t-il dit. Rappelant que le gouvernement a octroyé 200 milliards de dinars à Naftal pour augmenter ses capacités de stockages, M. Yousfi a précisé que les nouveaux projets de raffineries devront obligatoirement avoir une capacité de stockage de 300 000 tonnes de carburant. Mais, curieusement, les propos du ministre de l'Energie, jeudi lors d'une séance de questions orales au Parlement, sonnent comme ceux qu'il a livrés, le mercredi 12 avril 2012 au Quotidien d'Oran, dans une longue interview. D'abord à la question «les pompes sont encore restées vides récemment», il a répondu que «il n'y a pas manque de carburant dans l'ouest du pays». A la question «serait-ce alors un problème de distribution ?», il a éludé la question ainsi : «Ça peut arriver qu'il y ait des problèmes de distribution parce que dans notre pays, il n'y a pas assez de stockage, je le regrette».

UNE QUESTION DE STOCKAGE

La faiblesse des capacités de stockage oblige Naftal à travailler à flux tendus. Il y a le gouvernement qui l'aide (Naftal) à construire un système de stockage et de dépôts à travers le pays pour arriver à 30 jours de consommation nationale à l'horizon 2020. Et il ajoute que «l'aide du gouvernement s'élève à 200 milliards de dinars. Mais je le répète, il n'y a pas un manque physique de carburant.» Jeudi, devant les parlementaires et face à la tension et au désordre récurrent dans la distribution des carburants depuis au moins dix ans sans qu'il y ait un rappel à l'ordre de Naftal, il a rappelé en fait un vieux programme mis en place avant 2012 par le gouvernement pour augmenter les capacités de stockage et de raffinage du pays à l'orée 2020. Avant le ministre, le «Patron» de Naftal, Said Akretche, avait affirmé dimanche 12 avril à l'agence APS que les stations-service d'Alger et des wilayas avoisinantes «ne connaissent aucune pénurie de carburants», expliquant les longues files d'attente des automobilistes par la «rumeur». Pourtant, un communiqué de l'entreprise portuaire d'Alger (Epal) indiquait le même jour que deux tankers avaient été mis en urgence en rade du port le 5 avril à la suite d'une tempête de force 8 (35-45 nœuds), par mesure de sécurité. Et ils ont été autorisés à accoster de nouveau pour déchargement, le 8 avril, au port d'Alger «à titre exceptionnel et prioritaire et malgré les conditions «météorologiques difficiles», selon l'Epal. Autrement dit, les deux tankers, dont le Kandava, battant pavillon des Îles Marshall, avaient déjà déchargé le carburant bien avant le déclenchement de la crise dans la wilaya d'Alger et de Blida. Par ailleurs, Naftal a élaboré un programme de réaménagement et de renouvellement de toutes les stations-services et stations de distribution à travers toutes les wilayas du pays, selon M.Yousfi. Pour encourager l'investissement privé dans la distribution et la commercialisation des produits pétroliers, 29 stations-services privées ont été agréées, 10 sont en cours de réalisation et 19 attendent l'achèvement des mesures administratives, a-t-il ajouté. Et, in fine, les observateurs s'interrogent sur cette dangereuse propension des responsables du secteur de l'énergie à ne pas mettre en place en urgence des capacités de stockage pour au moins assurer une autonomie en carburants d'un mois. En attendant les programmes des années 2020.