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Selon le président de la Société algérienne de pharmacie : «50% des médicaments importés vont aux malades du cancer»

par El-Houari Dilmi



Pour garantir le succès du plan anti-cancer, classé priorité nationale par le président de la République, et rationaliser les dépenses en produits de traitement, l'implication du pharmacien d'officine dans les réunions de concertation pluridisciplinaires et la distribution du médicament anti-cancer, doit être effective, a indiqué hier, au micro de la Chaîne III de la radio nationale, le Dr Farid Benhamdine, président de la Société algérienne de pharmacie (SAP).

Le Dr Farid Benhamdine s'est dit «peiné de voir qu'un malade rencontre de grandes difficultés à se procurer des traitements anti-cancer dans les officines, surtout pour certains médicaments en mode sèche (comprimés) et produits morphiniques. C'est inadmissible qu'un malade ne puisse pas trouver les médicaments dont il a besoin pour se soigner de cette pathologie lourde et handicapante», s'insurge-t-il.

Explicitant sa pensée, l'invité de la radio a jugé que ces dysfonctionnements sont «le résultat d'un quiproquo entre le ministère de la Santé et la Sécurité sociale». Relevant que la facture des médicaments anti-cancer a été multipliée par vingt entre 2005 et 2013, le président de la SAP a également expliqué que 50% des médicaments acquis par la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) sont destinés au traitement des malades du cancer, «avec l'introduction de biotechnologies qui coûtent très cher», a-t-il indiqué. Annonçant l'introduction prochaine de la nouvelle spécialité de pharmacien oncologue dans le cursus universitaire, Farid Benhamdine a, par ailleurs, fait état d'une journée d'information qui sera organisée en juin prochain avec les pharmaciens hospitaliers d'officine concernés par le traitement du cancer. Concernant la production locale de certains médicaments destinés au traitement du cancer, et la réduction de la facture des importations, l'invité de la radio Chaîne 3, parlant «d'idées reçues», a expliqué que «ce n'est pas l'importation du médicament qui fait exploser la facture d'importation, mais d'autres produits de luxe comme les véhicules qui coûtent 7 milliards de dollars par an, le tabac (2,5 milliards), des fleurs et même des oranges?», a-t-il ironisé. Pour le président de la SAP, «ce ne sont pas les médicaments produits localement qui sont les plus chers. La facture d'importation des médicaments est grevée par les thérapies ciblées nécessitant des médicaments sous monopole de grands groupes pharmaceutiques internationaux», a-t-il relevé, ajoutant que «près de 50% du budget de la Pharmacie centrale des hôpitaux sont accordés à ces types de médicaments». «Pour en finir avec cette dépendance de l'étranger en matière de médicaments, il faut investir dans la recherche médicale», a-t-il estimé.

Présentant le plan de sa société, le Dr Farid Benhamdine a plaidé pour une meilleure rationalisation des dépenses, en impliquant le pharmacien hospitalier dans le choix des médicaments et le dosage le plus juste des traitements afin d'éviter les gaspillages. Rebondissant sur le plan national anti-cancer, pour lequel une enveloppe globale de 178.000 milliards de dinars a été dégagée, l'invité de la Chaîne III a également plaidé en faveur d'une rationalisation des dépenses, «en dispensant une meilleure formation postuniversitaire aux pharmaciens oncologues», a-t-il indiqué. «Avec une soixantaine d'unités de production algériennes, et le pôle biotechnologique de Sidi Abdallah, nous produirons bientôt 50% des besoins du marché national en médicaments, tout en pensant à créer des laboratoires dignes de ce nom, pour développer la recherche médicale», a-t-il conclu.