Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

SAVONS-NOUS FAIRE QUELQUE CHOSE ?

par M. Abdou BENABBOU

L'encombrement des griefs généralisés est à son apogée. La société algérienne, toutes classes confondues, est passée maîtresse dans la mise à l'index des gangrènes qui empêchent le pays de tourner rond. Dans un langage varié et imbriqué dans des cadres diffus, allant de la prise des cafés amers aux pneus brûlés, l'Algérien signifie son mécontentement. A vrai dire, derrière les différentes colères de diverses manières étalées dans la confusion, on occulte trop vite que la trame fondamentale est que l'Algérien, d'une manière générale, ne sait rien faire et que les cris du désenchantement sont d'abord un flagrant délit d'inaptitude.

Il est sans conteste trop tard de demander au pouvoir de corriger la trajectoire des recettes politiques car quand bien même il le ferait, il butera sur la longue chaîne économique et sociale sérieusement rouillée. On ne peut pas et on ne doit pas mettre tous nos gouvernants dans le colossal sac de la gabegie. La majorité d'entre eux sont des patriotes certifiés. Mais le patriotisme avec sa facette déclarée n'a de signification que s'il est productif d'une intelligence pratique nourricière d'avancées et de progrès. Or c'est toute l'architecture sociale et politique du pays qui est viciée. Depuis l'indépendance, la culture effrénée du populisme et du secret a fait qu'aujourd'hui on ne sait plus qui du ministre ou de son appariteur détient la décision pour buter sur la fondamentale vraie question : qu'est-ce qui a présidé à leurs choix et à leurs désignations ?

Un wali vient de démettre de leurs responsabilités quelque part dans une wilaya du pays près d'une dizaine d'élus pour mauvaise gestion, magouilles et protubérances dans leurs comportements. Il ne s'est sans doute pas interrogé sur les artifices à l'emporte-pièce qui ont présidé à leur élection dans l'ombre et il a feint d'ignorer que par essence et par définition d'une classe politique choisie d'abord par l'allégeance à une cupidité politique, on ne pouvait s'attendre qu'à une autre plus large cupidité.

C'est ainsi depuis bien avant la nuit de novembre historique. Le particulier avait pris les devants devant le général pour que l'Algérien ne sache plus rien faire.