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Les avocats mettent fin au boycott des audiences

par Abdelkrim Zerzouri

Les robes noires mettent fin, aujourd'hui, au boycott des audiences du tribunal criminel de Constantine, entamé avant-hier (mardi) à la suite d'un incident qui a émaillé le déroulement d'une audience programmée dans la matinée du 22 décembre dernier. Un incident survenu entre la défense de deux accusés qui comparaissaient, ce jour là, et le président du tribunal. La défense avait demandé un report de l'affaire dans laquelle étaient jugée ses deux mandants, qui tombaient sous le grief d' «apologie d'actes terroristes et adhésion à un groupe armé», arguant, en cela, le fait de l'absence des témoins, ainsi que l'état de santé «critique» de l'un des deux accusés, mais le magistrat opposera un ?niet' catégorique, rejetant la demande des avocats et décidant, ainsi, de la poursuite du procès.

«C'est là que les choses ont commencé à se compliquer, car les avocats ont décidé de se retirer de l'affaire, laissant seuls les deux accusés face au tribunal», nous a indiqué, hier, le président de l'ordre des avocats de la région de Constantine, maître Mostefa Lenouar. Des accusés qui se sont, eux aussi, murés dans un silence total, lors de la poursuite du procès. Car le procès se poursuivra, et les deux accusés seront condamnés, à l'issue des délibérations, à 20 ans de réclusion criminelle, sans la présence de la défense. La loi, pourtant, à travers l'article 292 du Code de procédures pénales, exige la présence d'un avocat dans les affaires pénales, même si celui-là est désigné d'office, dans le cadre de l'assistance judiciaire.

«Dans l'après-midi du 22 décembre, nous avons réuni le Conseil de l'ordre, au sujet de cet incident déplorable et décision fut prise pour boycotter les audiences du tribunal criminel, jusqu'à nouvel ordre, pour exprimer notre indignation, face à l'attitude du président du Tribunal criminel qui a porté atteinte à la loi, au droit de la défense et aux intérêts des justiciables», nous a signalé Me Mostefa Lenouar. Ce denier ajoute, dans ce contexte, qu'un terrain d'entente a été trouvé pour suspendre le boycott après des rencontres tenues par le président de l'ordre avec les responsables de la Cour de Constantine, ainsi que l'intervention du ministère de la Justice, où tout le monde a reconnu qu'il y a, effectivement un dépassement et exprimé, dans ce sens une réelle contrariété. «On nous a promis que de tels incidents ne se reproduiraient plus dans l'avenir», a ajouté maître M. Lenouar.