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Arbitrage-Belaid Lacarne se retire de la FIFA et de la CAF : Une carrière et une œuvre exemplaires

par Adjal Lahouari

Le communiqué transmis par Belaïd Lacarne aux médias est laconique, mais il revêt une importance capitale, car il s'agit d'un sportif qui a consacré sa vie au sport, 61 ans, dont 41 au service de l'arbitrage ! «Cette décision est le résultat d'une réflexion entamée déjà il y a quelques mois, début 2014», lit-on encore dans cette correspondance. Les médias ont pris acte. Nous qui le connaissons depuis plusieurs décennies, nous y avons perçu beaucoup d'amertume. En fait, il y a trois années, Hadj Belaïd avait fait part de son intention de se retirer de l'arbitrage, ne consentant à poursuivre sa mission que sur insistance du président de la FAF Mohamed Raouraoua. Cette décision a certainement provoqué la satisfaction d'une frange de gens bien connus, qui pourront, de nouveau, agir tranquillement dans les coulisses. «Chkoun aâdouk ? Saheb herftek ! » dit un dicton populaire. Si quelqu'un qui possède le feu sacré pour une tâche à laquelle il a consacré de nombreuses années décide de se retirer, c'est qu'il y a des raisons. Il est donc nécessaire de rafraîchir quelques mémoires défaillantes, en rappelant que Lacarne a subi de nombreux coups bas. Le plus spectaculaire aura été ce fameux faux-fax avec en-tête de la FAF, annonçant sa démission au MJS et dont tous les médias ont été destinataires. A cette occasion, il avait déclaré avoir reçu des appels anonymes et des menaces très claires. Ce qui prouve que la politique de formation et, surtout, la désignation des arbitres dérangeait certains acteurs du football, nuisant ainsi à leurs intérêts. Et pourtant, Lacarne a occupé des postes de responsabilité, comme président de la LOFA et de la FAF avec l'aval de la tutelle. Il est inutile de souligner par le détail, le rôle qu'il a joué au bénéfice de l'équipe nationale avec le précieux concours de feu Bendrama. Mais, c'est tout de même en tant que président de la commission d'arbitrage de ces dernières saisons que Hadj Lacarne a ennuyé au plus haut point les « gens de l'ombre ».

Aussi, les attaques n'ont jamais cessé. Il est vrai que son immense palmarès au sein de l'arbitrage a suscité des jalousies pour le moins tenaces.

Effectivement, de 1972 à 1987, il a fait merveille sur de nombreux stades à travers le monde, dont huit années comme referee international, le plus souvent comme arbitre directeur. Lors du mondial 82 en Espagne, Belaïd avait comme juges de touche Vautrot et Rainéa, deux grands noms de l'arbitrage international ! Part la suite, la FIFA et la CAF l'ont accueilli comme formateur et conférencier durant de nombreuses années. Il serait resté encore longtemps sans les intrigues et les manœuvres qui l'ont visé et qui ont fini par le « fatiguer ». C'est assurément un exploit de leur part, car nul n'ignore la flamme sacrée qui a toujours animé l'ancien défenseur de l'USMBA. Quoi qu'il en soit, son énorme palmarès parle pour lui. Il aura marqué son époque et tous les jeunes arbitres qu'il a formés et lancés dans le bain pourront en témoigner. Tous les gens sensés et objectifs regretteront cette pré-retraite tout en demeurant membre du bureau fédéral de la FAF. Il reste à souhaiter qu'on reconnaisse à sa juste valeur l'ensemble de sa formidable carrière, et, surtout que son œuvre au sein de la commission d'arbitrage ne soit pas dilapidée. Ce serait la moindre des justices?