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Regroupant rébellion et gouvernement : Reprise du dialogue inter-malien à Alger

par Yazid Alilat

Les choses sérieuses pour ramener une si difficile paix dans le nord du Mali débuteront aujourd'hui à Alger sous médiation algérienne entre les différentes factions du Nord et le gouvernement malien. Il s'agit en fait de consolider la paix et la sécurité dans le nord du Mali, qui a été au cours des trois dernières années un no man's land voué au diktat des groupes terroristes et des différents mouvements de la rébellion touareg. Un round qui s'annonce un moment important pour l'Algérie, qui a pu ramener au pays les deux derniers diplomates, retenus en otages depuis deux ans quelque part dans le nord du Mali par les groupes terroristes d'Aqmi, qui avaient investi et occupés les villes de Gao, Tombouctou et Kidal, avant d'en être chassés en janvier 2013 lors d'une opération militaire internationale.

L'instabilité politique dans cette partie sensible du Mali a donc favorisé l'incrustation de groupes terroristes et hypothéqué la paix et la sécurité dans cette partie du Mali où des groupes touaregs ont revendiqué l'indépendance, dont le MNLA. Mais, après de difficiles discussions entamées dès janvier 2014 sous les auspices de l'Algérie, le gouvernement central de Bamako et les groupes armés de la rébellion touareg sont parvenus à un accord encourageant en juin dernier, en signant la déclaration d'Alger.

Sur cet acquis, les deux parties maliennes, gouvernement et rébellion, avaient signé le 24 juillet à Ouagadougou deux documents importants, à savoir la feuille de route des négociations et l'arrêt des hostilités. Ceci en préparation du second round qui débutera aujourd'hui à Alger avec en principe la présence de tous les mouvements touaregs et arabes, partie prenante de ce cycle de discussions avec le gouvernement central de Bamako.

Les groupes armés touaregs se sont mis d'accord lors de leur rencontre dans la capitale burkinabé sur les grandes questions de fond, dont le statut juridique et politique des régions nord du Mali, et le respect des différences ethniques et religieuses.

Au menu de ce second round, les discussions devront porter essentiellement sur le statut juridique et politique, sur le développement du Nord-Mali, la sécurité et la question du désarmement des groupes armés. Cette rencontre, initialement programmée le 17 août dernier à la suite de la défection d'un des mouvements maliens, devra renforcer le dialogue inclusif inter-malien. « Le dialogue inter-malien de fond aura lieu début septembre entre les différentes parties maliennes et ce, dans le cadre du respect de la souveraineté de l'Etat et du peuple maliens et avec la participation d'acteurs régionaux et continentaux », avait annoncé récemment le chef de la diplomatie algérienne, M. Ramtane Lamamra. Ce round, selon M.Lamamra, sera centré sur l'analyse de la « la situation politique et sécuritaire prévalant dans le nord du Mali voisin, à la lumière des nouvelles donnes sur le terrain ». En fait, cette nouvelle phase dans le processus de stabilisation du Nord-Mali devra mettre sur les rails » le processus de stabilisation et de solution politique de la crise dans cette partie du Mali », a ajouté le ministre.

En juin dernier, six mouvements du Nord-Mali, dont le Mouvement national de libération de l'azawad (MNLA), qui avait un moment revendiqué l'indépendance du nord du Mali et joué les trouble-fêtes en menaçant de se retirer des discussions, le Haut conseil pour l'unité de l'azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l'azawad (MAA) avaient signé dans la capitale algérienne «la Déclaration d'Alger». Un pas important vers la mise en place d'un si difficile dialogue entre factions touaregs rivales.

 Dans ce document, ils ont affiché leur volonté de travailler à la «consolidation de la dynamique d'apaisement en cours» et s'engagent résolument dans le dialogue inter-malien « inclusif » mis en place par le président Ibrahim Boubacar Keita. Les trois mouvements, qui avaient entamé leurs discussions à Alger sous les auspices de l'Algérie, réaffirment également leur volonté d'œuvrer «de bonne foi» à la «consolidation de la dynamique d'apaisement en cours » et de s'engager dans le dialogue inter-malien «inclusif tant réclamé par les Maliens eux-mêmes que par la communauté internationale». Cette ouverture a permis ensuite l'élargissement de ce processus de discussions à l'ensemble de l'opposition touareg du Nord-Mali.

Lundi à Alger, pour le second et décisif round du dialogue inter-malien, il y aura, face aux représentants du gouvernement, les six mouvements politico-militaires du Nord signataires de la Déclaration d'Alger du 10 juin dernier.

Il s'agit du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), de la Coordination pour le peuple de l'Azawad (CPA), la Coordination des mouvements et fronts patriotiques de résistance (CM-FPR), le Mouvement national de libération de l'azawad (MNLA), le Haut Conseil pour l'unité de l'azawad (HCUA) et l'aile dissidente du Mouvement arabe de l'Azawad (MAA).