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Tiaret : La fièvre aphteuse «dope» les prix des viandes rouges

par El-Houari Dilmi

Les prix au détail des viandes rouges sont déjà à des niveaux inégalés, à pratiquement un mois de l'Aïd El-Kébir. En effet, alors que la wilaya de Tiaret enregistre son premier foyer de fièvre aphteuse, à Serguine, à l'extrême-est de la wilaya, les prix des viandes rouges connaissent une envolée des plus spectaculaires. Considérée comme un véritable baromètre national des prix des viandes rouges, au vu de l'importance de ses cheptels bovin et ovin, la région de Tiaret est également réputée pour le nombre élevé de ses boucheries et la qualité supérieure de ses viandes. Mais une virée, dans la matinée d'hier mercredi, au niveau du marché couvert de la ville nous a permis de constater que la fièvre aphteuse a significativement impacté les prix de la viande. Le kilogramme de viande ovine est passé en quelques jours seulement de 1100 à 1350,00 dinars le kilogramme, mettant le feu dans les boucheries. La viande bovine n'est pas en reste puisque son prix a atteint le pic de 1200 dinars le kilogramme dans la majorité des boucheries de la ville.

Si la fièvre aphteuse n'a pas réussi à influencer à la baisse les prix des viandes rouges, c'est surtout «la fermeture des marchés à bestiaux de la wilaya qui sont à l'origine de cette flambée, qui pourrait durer jusqu'à l'Aïd», nous confie un boucher, qui a pignon sur rue, au niveau de la rue Thiers au centre-ville de Tiaret.

«A pratiquement un mois de l'Aïd El-Kébir, un antenais d'une vingtaine de kilos se négocie déjà à plus de 35.000 DA», s'affole un autre boucher, implanté sur le boulevard Bouabdeli Bouabdellah. «Les clients se font rares et se méfient depuis que la presse s'est fait l'écho d'un premier foyer de la maladie à Tiaret ; si certains bouchers répercutent cette baisse de fréquentation des boucheries sur les clients en augmentant les prix, moi je préfère garder ma clientèle qui se rabat sur les viandes blanches, dont les prix repartent à la hausse», reconnaît-il, la mine dépitée. Si le prix du poulet reste relativement stable avec 290,00 dinars le kilo, la dinde prend carrément l'ascenseur avec un «pic» de 400 dinars le kilo, affiché, hier mercredi, au marché couvert de la ville de Tiaret. Un éleveur de la région, fin connaisseur des arcanes du monde agricole, nous explique de son côté que la consommation de viande rouge connaît chaque été un recul où le consommateur évite généralement les plats gras. «Mais, cette année, ce recul est accentué par la crainte suscitée par la fièvre aphteuse», souligne-t-il. Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelouhab Nouri, assure, pourtant, qu'il n'y a pas de «risque sur la santé publique» de consommer de la viande et du lait de vache en vente sur le marché, suite à l'apparition de la fièvre aphteuse, qui a touché à ce jour plus d'une vingtaine de wilayas. «Nous sommes sur le point de maîtriser cette maladie grâce aux mesures préventives prises dans le but d'empêcher sa propagation, ainsi qu'au concours des éleveurs et maquignons dans la mise en œuvre des instructions émises dans ce sens par les vétérinaires», avait affirmé la semaine dernière le ministre de l'Agriculture. Ce dernier a indiqué par ailleurs que «l'opération d'indemnisation des éleveurs et maquignons touchés débutera dans les prochains jours», réitérant l'engagement et le soutien de l'Etat. A quelques semaines de l'Aïd El-Kébir, des spécialistes au fait de la mercuriale des produits carnés tablent sur un renchérissement des prix des viandes rouges en raison de l'abattage des bêtes contaminées qui va engendrer une diminution de la quantité de viande produite.