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Prise en charge des cancéreux: De souffrances en souffrances

par A. Mallem

Les affres de la maladie elle-même ne suffisent plus pour décrire les souffrances vécues par les cancéreux. «Il y a encore les problèmes d'argent, les problèmes d'intendance et les problèmes bureaucratiques qui sont venus se greffer à leur situation en rendant plus pénible encore leur parcours pour suivre le traitement de radiothérapie», nous ont expliqué, hier, des membres de l'association constantinoise «Waha» (Oasis) d'aide aux malades atteints de cancer. L'état de souffrance des malades du cancer «ne s'épuise pas forcément au terme du traitement car le malade doit encore faire face aux récurrences des contrôles qui s'étalent sur une longue période», a souligné pour sa part un médecin. Et la prise en charge et l'accompagnement des malades dans leur long parcours laissent à désirer.

«La radiothérapie du cancer du sein n'existe pas encore à l'hôpital de Constantine, commence par expliquer M. Ahmed Zemouli, ancien haut cadre du ministère de la Santé et secrétaire général de l'association Waha. Elle se fait dans une clinique constantinoise privée pour la somme de 35 millions de centimes environ. Et seuls ceux des malades qui ont eu la chance d'avoir bénéficié d'une collecte peuvent se permettre le traitement. D'autre part, les patients qui viennent des villages, des douars et qui doivent passer une semaine, une dizaine, voire un mois ou deux dans la ville doivent faire face à l'absence de structures d'accueil et d'hébergement», souligne notre interlocuteur. Le centre d'accueil du CAC qui a été ouvert récemment à El Khroub n'accepte que les malades envoyés par l'hôpital (?!).

«Les gens qui suivent le traitement dans cette clinique privée de Zouaghi n'y sont pas acceptés, quoiqu'il y ait toujours des chambres disponibles dans ce centre. Récemment, nous avons été appelés de Bordj Bou Arreridj pour l'hébergement d'un enfant qui fait la radiothérapie dans cette clinique et nous n'avons pas pu le faire héberger dans ce centre à cause de considérations administratives et bureaucratiques», affirme-t-on. D'autre part, la radiothérapie ne fonctionne pas toujours pour le cancer du sein alors que cette catégorie constitue la majorité des cas. «Le gros du bataillon des malades du cancer est fourni par les femmes, explique encore le Dr Zemouli et la majorité des femmes souffre du cancer du sein. Or, les médecins au niveau de l'hôpital sont dépassés par leurs propres tâches et ils ne peuvent, de ce fait, accompagner les malades. Parce que, théoriquement, pour les malades du cancer il y a un accompagnement spécifique, notamment dans le domaine alimentaire car il faut savoir que les cancéreux ne peuvent pas s'alimenter avec n'importe quoi.

Quelqu'un, par exemple, qui a un cancer de l'œsophage ne peut manger que des aliments liquides. Quelqu'un qui a un cancer de l'estomac doit éviter les mets acides, etc. Mais les médecins n'ont pas assez de temps pour donner ce genre de conseils. Et ce sont donc les gens de Waha qui prennent le relais pour le faire». Interrogé sur les chiffres existants dans ce domaine au niveau de Constantine, notre interlocuteur a répondu : «Nous avons, certes, des chiffres, beaucoup de chiffres, mais actuellement nous sommes en train de terminer deux études que nous avons faites au niveau local et que nous allons publier début octobre 2014 parce que ce mois d'octobre est considéré, à un niveau mondial, comme le mois de sensibilisation contre le cancer du sein. Et dans ces deux études, qui sont prises en charge par deux professeurs d'université, nous allons donner les états des lieux du cancer du sein à Constantine et tous les chiffres seront déclinés, ainsi que le coût «privé» du cancer».