Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Colloque international au centre des recherches maghrébines : Les théories postcoloniales revisitées

par Houari Barti

Le laboratoire LLLCHA (Langues, Littérature et Civilisation/Histoire en Afrique), de l'université d'Oran, s'attaque à un des thèmes qui suscite désormais l'intérêt des chercheurs aussi bien du Sud que du Nord: les théories postcoloniales.

Il en consacre un colloque international qu'il organise dès demain, deux jours durant, au Centre de recherches maghrébines (CRM), en collaboration avec le SARI (Société d'activités et de recherches sur les mondes indiens), France. Intitulé «Théories postcoloniales au XXIe siècle: pour une nouvelle lecture des représentations de l'Autre», le colloque international sera animé par d'éminents professeurs et chercheurs venus d'universités d'Algérie, de France, des Etats-Unis et de Grande-Bretagne. Il faut noter que les «postcolonial studies» sont depuis les années 1970 un domaine d'études qui a pris de l'importance. Certains font remonter le début de cette ascension à la parution en 1978 de l'ouvrage d'Edward Saïd intitulé «Orientalism». Cependant, de tous les développements récents des Cultural Studies, les Post-Colonial Studies sont sans doute les plus mystérieux. Que veut dire être «Post-Colonial» ? S'agit-il d'un nouvel ordre de phénomènes à étudier ou d'un projet théorique et éventuellement politique ? Ces questions qui occupent une place importante particulièrement dans les recherches anglophones sont encore très exotiques dans des pays comme la France. Les Post-Colonial Studies, qui sont délibérément transdisciplinaires, posent, cependant, des questions importantes en particulier aux historiens. Emmanuelle Sibeud, chercheur en histoire des colonisations et des empires, se pose dans «Post-Colonial et Colonial Studies: enjeux et débat» des questions de fond: «Peut-on dire que nous vivons réellement dans un monde postcolonial», c'est-à-dire libéré politiquement, économiquement et culturellement des formes coloniales de domination et de leurs éventuels avatars, mais en même temps profondément marqué par cette domination ? Et si tel est le cas, comment rendre compte de la diversité des expériences historiques des ex-colonisés et des ex-colonisateurs en évitant le double écueil d'un éclatement de l'histoire en récits divergents ou, au contraire, de son enfermement dans une logique binaire qui reconduirait sempiternellement l'opposition entre «eux» et «nous» ? S'impose dès lors la question lancinante «des représentations de l'Autre». Une question centrale qui sera naturellement abordée dans la conférence inaugurale du colloque intitulée «La fonction de l'islamophobie occidentale dans la mondialisation» par le Pr Michel Naumann de l'université de Cergy-Pontoise, France. Dans son opus intitulé «L'islam imaginaire», Thomas Deltombe, journaliste et essayiste français qui s'intéresse à des questions comme l'islam, l'Afrique, et l'histoire coloniale, a montré comment l'islamophobie a été en partie fabriquée et relayée par les médias, contribuant en France notamment à générer chez les concitoyens des représentations dégradantes de l'«Autre, musulman». En France, les actes islamophobes déclarés ont augmenté de 57% entre 2011 et 2012, alors qu'ils avaient déjà augmenté de 34% en 2011. Les femmes musulmanes en sont les victimes à plus de 80%. Et en seulement deux mois, depuis fin mai 2013, on a recensé plus d'une dizaine de cas de femmes insultées et agressées violemment. Le Comité Action Palestine estime que «l'islamophobie, en tant qu'idéologie dominante, crée une représentation inversée de la réalité sociale qui fait passer les victimes pour les agresseurs».