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Jérôme Mouthon, de «Buzzeff» : «Le marché de la vidéo publicitaire sociale online au Maghreb est prometteur»

par Aymen Zitouni

Le marché de la vidéo publicitaire sociale online fait ses premiers pas au Maghreb. La part de marché des investissements dans ce secteur est minime dans cette région. Mais compte tenu de la population d’internautes, estimée à 34 millions, les prévisions sont optimistes. Jérôme Mouthon, co-fondateur de la plateforme "Buzzeff" de diffusion de vidéos publicitaires sur Internet, nous en dit davantage.

Vous êtes un spécialiste reconnu dans la région du Maghreb pour vos activités dans le segment de la publicité virale avec votre plateforme Buzzeff. Quels sont les services que vous offrez ?

Buzzeff offre aux annonceurs et aux marques des solutions de communications publicitaires via internet, efficaces et parfaitement mesurables. Il s’agit très simplement de mettre en relation les marques des annonceurs avec leurs audiences cibles afin d’améliorer l’impact de leur communication publicitaire, ceci grâce à la plateforme Buzzeff. Pour cela, nous procédons à la diffusion des vidéos publicitaires via les blogs, les sites web premium, les réseaux sociaux et de gaming… Notre modèle repose sur la performance dans la mesure où l’annonceur ne paye que les vues effectives. Outre la diffusion de vidéo qui engage l’internaute cible au moment de la visualisation du spot publicitaire, nous mesurons, en temps réel, tout le déroulement de la campagne publicitaires avec des indicateurs de performances quantitatifs et qualitatifs parmi lesquels il convient de citer : le nombre de vues totales réalisées, le taux de clics, le taux de partage dans les réseaux sociaux, les commentaires, l’analyse de la tonalité et de la viralité, ainsi que d’autres éléments de nature à apporter à l’annonceur une mesurabilité exacte du retour sur investissement. Cela permet aussi de le mettre en relation directe avec sa cible pour interagir avec elle, chose qu’aucun autre média ne peut offrir en temps réel. Buzzeff est la seule plateforme de services vidéo sur toute la région MENA (Afrique du Nord-Moyen Orient). Nous sommes accompagnés sur le plan technologique par notre partenaire industriel stratégique Ebuzzing qui est N°1 de la diffusion vidéo en Europe.

Quels sont les autres formats de publicité sociale que vous proposez ?

Nous sommes spécialisés dans la publicité vidéo sous différents formats et c’est notre cheval de bataille en termes d’offre. Nous proposons également les articles sponsorisés qui sont l’équivalent des communiqués de presse mais online. Ils ont l’avantage de permettre aux marques de disposer de plûmes rédactionnelles à travers les bloggeurs et les influenceurs sur les réseaux sociaux qui vont initier des dynamiques conversationnelles autour des produits et des services des marques, afin de les y faire adopter. Là encore, nous sommes les seuls à proposer une prestation professionnelle de communication textuelle, virale et parfaitement mesurable.

Quelle analyse faites-vous du marché de la vidéo publicitaire sociale au Maghreb ?

Sur le plan mondial, la vidéo publicitaire a enregistré en 2013 la plus forte croissance en part d’investissement avec 37%, ce qui témoigne de l’adhésion croissante des annonceurs à ce canal efficace et pertinent pour les marques. La part spécifique des investissements dans la diffusion de vidéos publicitaires est passée de 5% à 7% du total des dépenses online, soit quelques 8,2 milliards $ dont 7 milliards $ aux USA. La part revenant au Maghreb reste à ce jour très modeste car nous l’estimons à 3 millions $ pour une population d’internautes de 34 millions, et une croissance moyenne du PIB en 2014 de 8%, selon les prévisions du FMI. C’est dire la dynamique économique régionale et le potentiel dont regorge le Maghreb. Mais ces facteurs sont à sous-pondérer par quelques autres facteurs dont la faible intégration économique des pays de la région, le contexte politique en Tunisie ou encore les disparités du taux de pénétration de l’Internet haut débit 3G et 4G, qui est un critère essentiel pour une expérience client confortable, lorsqu’il s’agit de visualiser des vidéos. Malgré ces contraintes, nous restons optimistes quant à la croissance future du marché de la vidéo publicitaire sociale dans la région du Maghreb, car nous avons expérimenté une croissance de 400% d’année en année sur le marché marocain en 2013 et il n’y a aucune raison pour que cette dynamique ne touche pas les autres pays de la région. C’est une question de timing. En Algérie, nous avons réalisé quelques campagnes pour le compte de Peugeot ou l’opérateur national de télécom. En dernier lieu, nous avons une collaboration effective depuis 2012 avec plusieurs supports (blogs et sites web) sur le Maghreb qui participent à la diffusion de nos vidéos publicitaires.

Existe-t-il de grandes disparités entre ces pays ?

Oui, comme je viens de l’indiquer précédemment, il y a des disparités mais pas si grandes ou du moins qui sont rattrapables. S’agissant du taux de pénétration de l’internet et du nombre d’utilisateurs, tous les pays ont un niveau honorable comparativement aux benchmark internationaux. S’agissant de l’infrastructure télécom et internet haut débit, le Maroc dispose de la meilleure couverture, car il a procédé à la libéralisation du secteur dès les années 1990, ce qui a permis de dynamiser davantage le secteur comparativement aux pays voisins. Cela étant dit, le potentiel de croissance et d’investissement publicitaire reste quasiment le même avec près de 15.000 $ de dépense publicitaire per capita.

Comment expliquer cette situation ?

En fait, nous nous intéressons aux leviers d’accélération du développement du marché de la publicité vidéo sociale. Pour cela, outre les explications sur les disparités, la sensibilisation sur le potentiel de communication virale des vidéos est un axe de développement majeur. Cette sensibilisation pourrait se décliner en explications aux annonceurs et aux marques à travers des séminaires d’information. Les agences conseils en communication ont un rôle majeur dans la résorption des disparités de par leur rôle de prescription aux annonceurs. En dernier lieu, le développement des infrastructures et des usages télécoms peut contribuer à faire éclore cette industrie publicitaire et permettre au Maghreb de jouer un rôle actif sur la région MENA, à l’instar de ce qui se passe à Dubaï et la région mitoyenne.

Quelles sont les perspectives qui s’offrent à la région notamment avec l’explosion de l’utilisation des terminaux mobile ?

De toute évidence il y a un déplacement des usages et du temps passé devant l’écran qui est en train de transformer toute la démarche de communication. Nous passons depuis un mono-screen historiquement la télévision vers un schéma multi-screen avec la télévision, le PC, le smartphone et la tablette. Le temps passé devant chaque terminal dégage un potentiel de communication et de contact qui est important dans la mesure où nous regardons la télévision en moyenne 3 à 4h par jour, auxquelles s’ajoutent pas moins de 2h supplémentaires sur les autres écrans. Ce stock de disponibilité d’audience est une opportunité de communication unique pour les marques afin de nouer des relations et créer des interactions communicationnelles utiles pour tous.