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L'Etat algérien détient 51% d'OTA, Cevital en sort, Vimpelcom à 49% : 2,6 milliards de dollars pour le dernier épisode du feuilleton Djezzy

par Salem Ferdi

Le très long feuilleton Djezzy, engagé alors que l'opérateur était encore la propriété de Naguib Sawiris, a connu, hier, son épilogue à 2,643 milliards de dollars. C'est la somme que versera l'Algérie au russe Vimpelcom via le FNI (Fonds national d'investissement) contre 51% des parts d'Orascom Telecom Algérie, Djezzy.

Le très long contentieux autour de Djezzy opposant l'Etat algérien à Orascom Telecom Holding de Naguib Sawiris s'était « transmis » à Vimpelcom qui avait acquis Orascom Telecom en 2011. Il est désormais réglé par l'accord de cession de 51% du capital de Djezzy. C'est un achat pur et simple qui n'est pas un exercice du « droit de préemption » introduit dans la LFC 2009. Si le « droit de préemption » avait été opposable, l'Algérie n'aurait pas discuté avec Vimpelcom qui a acquis Orascom Telecom. Le sud-africain MTN, qui était le premier à vouloir racheter Orascom Telecom, a dû y renoncer sur insistance de l'Algérie. A défaut d'un droit de préemption, juridiquement non opposable, l'Algérie a négocié l'achat de 51% du capital. L'opération, dont la pertinence économique n'est pas avérée selon des experts algériens, est désormais réalisée. Le FNI a signé, hier à Paris, l'acquisition d'une participation majoritaire avec Global Telecom Holding (GTH), filiale détenue majoritairement par la société Vimpelcom. Le FNI évoque un accord obtenu après un « processus long » avec l'aide de cabinets conseils dont Shearman et Strerling LLP, « qui a apporté tout son savoir-faire dans le montage juridique de l'opération et la rédaction des accords ainsi que FTI Consulting, expert financier impliqué dans la valorisation et la négociation des aspects financiers ». Djezzy devient formellement une entreprise où l'Etat algérien est majoritaire mais Vimpelcom va conserver le management de Djezzy qui est demeuré, malgré le contentieux, l'opérateur numéro 1 de téléphonie mobile mais qui n'est toujours pas dans la course dans la 3G. L'accord permet également à l'opérateur russe, qui a acheté le groupe Orascom Telecom Holding (OTH) en 2011 d'obtenir la levée des blocages des transferts de dividendes. Il a pour effet immédiat de permettre à Global Telecom Holding de rapatrier un dividende, bloqué, de 1,862 milliards de dollars. En tout, GTH touchera 4 milliards de dollars nets de taxes et amendes. Il en va de même pour les restrictions de change imposées par la Banque d'Algérie contre OTA depuis avril 2010 qui seront levées après le paiement d'une amende de 99 milliards de dinars algériens (soit environ 1,3 milliard de dollars).

CEVITAL SORT DU CAPITAL AVEC UNE CREANCE DE 243 MILLIONS SUR VIMPELCOM

La part de Vimpelcom devrait s'étendre à 49% après la finalisation d'un accord-cadre prévoyant la cession des 3% détenus par Cevital dans OTA. Cevital cède ses 3% pour 178 millions de dollars, qui sont l'équivalent « implicite » du prix d'achat des 51% par le FNI. Ils seront majorés de 52 millions de dollars de dividendes. En contrepartie, Cevital détiendra des créances de 234 millions en obligations convertibles sur cinq ans sur une filiale spécialisée créée par Vimpelcom avec un intérêt annuel de 3,74%. Jo Lunder s'est félicité dans un communiqué de cet accord « à long terme favorable et de règlement représente un succès pour toutes les parties prenantes. Pour Vimpelcom et GTH, la transaction libère 4,0 milliards de dollars en espèces permettant de rembourser la dette brute. Pour GTH et Djezzy, il met un terme à notre différend avec l'Algérie et nous permet de consolider notre position de leader dans le pays en nous permettant de continuer à investir dans un réseau 3G et de tirer pleinement parti du potentiel de croissance des données mobiles. De son côté, M. Ahcene Haddad, PDG du FNI, a estimé que cette acquisition « s'inscrit parfaitement dans la mission confiée par les pouvoirs publics au FNI de participer au développement économique de l'Algérie et dans notre plan stratégique». L'investissement traduit la volonté du Fonds «de participer à la croissance d'une entreprise de haute technologie». «La qualité de Djezzy répond entièrement aux critères que nous nous sommes fixés dans notre politique d'investissement : une société à forte valeur ajoutée, profitable et présente dans un secteur clef du développement d'une économie moderne», a-t-il souligné. «Nous sommes très fiers d'investir aux côtés du groupe Vimpelcom et de poursuivre avec lui le projet de croissance et de développement d'OTA».