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Constantine : Les affrontements reprennent à Ali-Mendjeli

par Abdelkrim Zerzouri

La hache de guerre est déterrée à l'unité de voisinage n° 14 à Ali-Mendjeli, dans la wilaya de Constantine. Les prémisses d'une reprise des hostilités étaient perceptibles ces derniers jours, notamment après l'incendie d'une Mercedes le 19 mars dernier à 2 heures du matin et dont le propriétaire était de passage, en visite chez des proches. Un incendie précédé et suivi par des échauffourées entre jeunes du quartier à coups de jets de pierres. Mais, dans la nuit du vendredi au samedi 22 mars, les habitants ont passé une nuit blanche. Les affrontements violents ont repris de plus belle entre les habitants des ex-bidonvilles de Fedj Errih et Oued El Had, au grand dam des citoyens désireux de vivre en paix, dans la quiétude et la tranquillité. «Toute la nuit a été marquée par de violentes bagarres à l'arme blanche», témoigne un habitant qui nous a contactés hier totalement horrifié.

Un autre témoin affirme que les antagonistes qui étaient armés de longues épées et de cocktails Molotov n'épargnent personne, «il y en a même un qui a lancé un cocktail Molotov dans un appartement où le feu a pris dans les affaires rangées dans le balcon et a été difficilement maîtrisé grâce à une mobilisation des voisins», relate-t-il, ajoutant qu'un véhicule des services de sécurité anti-émeute, cible d'un autre cocktail Molotov, a failli partir en fumée avec ses occupants à l'intérieur. Le retour ces deux derniers jours aux affrontements violents entre les bandes de Fedj Errih d'un côté et ceux de Oued El Had de l'autre, dans un contexte sociopolitique assez particulier, inquiète les responsables locaux et fait craindre le pire aux habitants qui ont franchement perdu tout espoir de retrouver le calme et la sérénité. L'atmosphère de terreur imposée par les violences qui sévissent encore à l'UV N° 14 a contraint plusieurs familles à fuir les lieux, hier dans la matinée. «Heureusement que cela coïncide avec les vacances scolaires, de la sorte je peux momentanément éloigner mes enfants et leur mère, en attendant que le calme revienne, enfin je l'espère», nous dira un habitant de l'UV n° 14. Et à l'image de cet habitant, l'insécurité qui imprègne l'atmosphère dans ce quartier a poussé plusieurs autres pères de familles à suivre l'exemple et à éloigner les leurs de ce quartier maudit. «Attaques aux cocktails Molotov, échauffourées aux armes blanches dont des épées d'un mètre de long, et jets de pierres dans toutes les directions, n'épargnant ni personnes, ni biens privés», les habitants de l'UV N° 14 renouent avec le rythme des violences qui ont marqué un répit depuis de le début de l'année en cours grâce à une occupation permanente du terrain par les services de sécurité. Mais, sentant que l'étau des services de sécurité se desserrait, peut-être à cause de leur occupation ailleurs, les antagonistes ont repris du poil de la bête. Dans ce sillage, notons que les interventions de la police se sont soldées au total (depuis quelque cinq mois) par 72 arrestations opérées dans les rangs des antagonistes. Pour rappel, plusieurs autres individus arrêtés au mois de novembre dernier ont été condamnés à de lourdes peines de prison ferme (entre 7 et 2 ans) et il se trouve même que des femmes soient parmi les personnes condamnées à la prison avec sursis. Ceci pour dire que la «guérilla» n'est plus l'apanage des seuls jeunes, car il existe parmi eux des femmes et des individus dont l'âge atteint les 50 ans. «Bien sûr, tout commence par des faits anodins, rappelle un riverain autour des raisons profondes qui perturbent depuis huit mois la vie des habitants, des jeunes qui se bagarrent et qui font propager le conflit sur une plus grande échelle.» Dans le fond, nous ont affirmés de leur côté des officiers de police, le conflit n'a aucune motivation politique ni une quelconque velléité de provoquer des troubles sur une grande échelle. Rappelant que ces violences ont débuté au premier jour de l'Aïd El Adha et ne semblent guère s'atténuer avec le temps, comme cela a été le cas pour des situations similaires vécues par les nouveaux relogés.

Toutes les actions de «proximité» initiées par les services de sécurité, ainsi que la diligence des imams et autres élus locaux, n'ont pas pu circonscrire ces feux de la fitna. «C'est tout juste si les affrontements se calmaient par moments, mais ils reprennent à l'improviste», constatent non sans grande appréhension les habitants.