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Il a officialisé sa candidature à la présidentielle : Benflis dénonce des «dérives»

par Zahir Mehdaoui

L'ancien chef du gouvernement, Ali Benflis, a officiellement déposé hier au Conseil constitutionnel sa candidature à l'élection présidentielle du 17 avril prochain. Il sera ainsi le dernier candidat à déposer les fameux formulaires pour postuler à la magistrature suprême. Ali Benflis, contrairement au candidat Bouteflika, a tenu absolument à ce que les journalistes puissent assister à la signature du document qui confirme sa candidature devant le président du Conseil constitutionnel. Mais avant la signature, l'ancien chef du gouvernement, affichant sa sérénité, a clairement mis en garde «tous ceux qui veulent accaparer la volonté populaire en détournant ses voix». «Je vais aller aux élections et je n'accepterai jamais qu'on touche à mes droits ou aux droits des citoyens», a-t-il signifié à Mourad Medelci. Plus loin, Ali Benflis, ajoute que ses partisans l'ont chargé de transmettre un message clair au président du Conseil constitutionnel et qui consiste : «Nous n'accepterons jamais qu'on détourne nos voix». Même si Benflis a utilisé tout le tact nécessaire en adressant le message de ses partisans au président du Conseil constitutionnel, il n'en demeure pas moins qu'au fond de sa gorge cela sonnait comme un avertissement et tout le monde aura compris cela, y compris Mourad Medelci qui était resté tête baissée à écouter son interlocuteur tout au long de son intervention. Ali Benflis a tenu par ailleurs à rappeler à Mourad Medelci que l'institution qu'il préside doit protéger les droits de tous les candidats. Le président du Conseil constitutionnel, après la signature du document par Benflis, a tenu de son côté à assurer que «la loi sera appliquée».

A sa sortie du bureau de Medelci, Ali Benflis n'a pas mâché ses mots devant les journalistes qui étaient à l'affût de la moindre déclaration. L'ancien chef du gouvernement a fait état de «dérives» en accusant l'autre camp, sans le citer, d'utiliser les registres de l'état civil pour gonfler les signatures au profit d'un candidat. «Si la justice était indépendante, il y aurait eu des plaintes contre X par milliers et on aurait trouvé, et on aurait poursuivi et on aurait même condamné ceux qui utilisent le registre de l'état civil, un bien que l'État garde, au nom d'un candidat. Ceci est haram ! C'est hors la loi ! Je n'ai pas à préciser de qui il s'agit, vous comprenez. Le peuple algérien doit protéger ses voix, il doit voter et voter avec force. Ne pas participer, c'est ouvrir la voie à la fraude et aux voleurs usurpateurs. Ne l'accepte pas, peuple algérien !», a-t-il lancé devant les journalistes avant d'affirmer que les formulaires qu'il a déposés quelques minutes plus tôt au Conseil constitutionnel étaient «halal».

«Le peuple algérien doit savoir que dans plusieurs APC, des gens ont eu recours aux registres de l'état civil pour remplir les formulaires à l'insu des premiers concernés dont les noms figurent sur ces documents», a encore fait savoir Ali Benflis avant de souligner que l'État algérien et ses institutions républicaines ne doivent pas faillir à leur mission pour que cette étape déterminante ne soit pas inscrite comme un rendez-vous manqué. Ali Benflis déclare par ailleurs comprendre les motivations et les préoccupations de ceux qui appellent au boycott ou ceux qui ont renoncé à prendre une part active dans la vie politique de notre pays, parce que, selon lui, ces gens «sont révoltés par les attitudes de mépris, d'arrogance, et de confiscation de leur volonté». A noter que Benflis a déposé son dossier avec 185 000 signatures d'électeurs et de 2 200 d'élus. «Le pays ne peut être construit que sur des bases légales et chaque pièce de mon dossier, et surtout les signatures, sont légales. Il n'y a aucun document falsifié», a-t-il déclaré.