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«Le consensus» à la sauce MSP

par Kharroubi Habib

Bouteflika ou toute autre personnalité politique que le pouvoir en place adoubera en tant que son candidat à l'élection présidentielle sera affublé de l'étiquette «d'homme du consensus». Ce qui ne sera pas faux du point de vue des clans constitutifs de ce pouvoir. Tant il leur est aisé d'arriver au «consensus» car ce qui les divise est moins fondamental que ce qui les unit dans leur perception de l'enjeu d'une élection présidentielle.

La stratégie d'une candidature du «consensus» que le MSP a cherché à son tour à faire avaliser à l'opposition est absolument irréalisable pour celle-ci au vu qu'il s'est adressé à des acteurs politiques qui hormis leur positionnement anti-pouvoir ont pour certains d'entre eux des visions et des projets politiques qui sont aux antipodes les uns des autres. L'on voit mal en effet comment le MSP ou toute autre formation du courant islamiste en arriverait à faire front commun avec le RCD par exemple ou tout autre parti se revendiquant laïco-républicain sur un programme a minima à porter par une candidature du «consensus». A moins que pour tout programme à proposer au pays les formations de l'opposition en viennent à n'en avoir que celui de barrer la route à un quatrième mandat pour Bouteflika s'il se représente et à la candidature officielle quelle qu'elle soit en cas de renoncement du premier nommé.

Une telle démarche serait suicidaire pour l'opposition et particulièrement son segment qui ne cesse de rabâcher que son éventuelle participation à l'élection présidentielle se fera sur la base de programmes qui constitueront des alternatives crédibles à celui du pouvoir en place. Il n'est pas fortuit que la proposition d'une candidature commune à l'opposition tous courants politico-idéologiques confondus ait été avancée par une formation islamiste, le MSP en l'occurrence. La déconfiture électorale subie par le MSP et les autres partis islamistes aux élections législatives et locales leur a enlevé l'illusion qu'ils ont nourrie que leur courant allait être «boosté» par le vent du «printemps arabe» ayant propulsé leurs congénères au pouvoir là où il a soufflé.

Pour le MSP, la désillusion a été plus cuisante car il est apparu laminé au sortir de la compétition électorale. Mokri, son président, se verrait bien en «candidat du consensus» d'où la proposition qu'il a tenté de démarcher auprès des autres leaders de l'opposition. Avec le calcul que si elle se réalise, elle remettrait sur pied le MSP dont une candidature en solo à l'élection présidentielle fût-elle celle de son président risque de connaître une déconfiture encore plus humiliante que celle qu'il a subie aux législatives. Il n'est pas par ailleurs impossible que Mokri et les responsables du MSP ont agité l'idée d'une candidature de consensus pour l'opposition dans le but inavoué de prendre prétexte de son échec inévitable pour justifier leur retour dans le giron de la mouvance du pouvoir. Le parti de feu cheikh Nahnah n'en sera pas à sa première volteface. Adepte de la licité des «ruses de guerre» en politique, il n'étonnera personne en faisant cette bascule qu'il saura comme à son accoutumée revêtir des plus nobles oripeaux.