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L'Algérie produit désormais plus de pomme de terre que de céréales

par Aissa Bouziane

50 millions de quintaux de pomme de terre contre 49 millions de quintaux de céréales : l'Algérie produit désormais plus de pomme de terre que de céréales, si l'on en croit les chiffres du ministère de l'Agriculture.

Pour la première fois de son histoire, l'Algérie a produit, en 2013, plus de pomme de terre que de céréales. Selon les bilans publiés par le ministère de l'Agriculture, le pays a produit 50 millions de quintaux de pomme de terre, un nouveau record, contre 49 millions de quintaux de céréales. La production de pomme de terre est passée de 42 à 50 millions de quintaux entre 2012 et 2013, alors que celle des céréales baissait de 52 millions de quintaux à 49 millions, en raison notamment d'une sècheresse qui a sévi dans certaines wilayas de l'Est, comme Khenchela et Oum El-Bouaghi.

Cette évolution devrait marquer un tournant symbolique dans le modèle alimentaire des Algériens. Avec ces résultats, l'Algérie est en effet devenue autosuffisante en pomme de terre, selon le ministre de l'Agriculture Abdelouahab Nouri, qui n'hésite pas à évoquer la possibilité d'encourager les fellahs à « se positionner sur les marchés extérieurs ». Par contre, pour les céréales, le déficit demeure important. L'Algérie consomme près de 80 millions de quintaux par an, ce qui signifie que le déficit est de 30 millions de quintaux, qu'il faut importer. L'Algérie reste d'ailleurs, avec l'Egypte, l'un des plus gros acheteurs de céréales au monde. En 2013, la facture des céréales devrait s'établir à 2.2 milliards de dollars, selon les projections faites en été par l'ancien ministre de l'Agriculture Rachid Benaïssa. La production locale a baissé de 56 millions de quintaux en 2011 à 52 millions en 2012, pour passer sous la barre des 50 millions en 2013.

FORTE SUBVENTION DES CEREALES

Cette évolution de la production a provoqué une baisse, puis une stabilisation des prix de la pomme de terre à un niveau très bas. Sur le marché de gros, le prix a oscillé entre quinze et vingt dinars depuis mai 2013. L'abondance de la production a permis aussi de mettre fin aux pénuries enregistrées traditionnellement durant les périodes creuses, en mars-avril et septembre-octobre.

Le gouvernement a mené une politique de soutien à la production, garantissant aux producteurs un prix de vingt dinars. Toutefois, les structures de stockage se sont rapidement trouvées saturées en mai-juin, ce qui a provoqué une nouvelle chute des prix. Le nouveau ministre de l'Agriculture a évoqué de porter le prix d'achat garanti à 22-23 dinars. Quant aux céréales, fortement subventionnées, aussi bien à l'importation qu'à la production, elles constituent toujours l'aliment de base des Algériens. Selon les calculs de Maghreb Emergent, et malgré l'amélioration sensible des revenus, l'Algérien consomme un peu moins de deux cents kilos de céréales par an, contre moins de cent kilos de pomme de terre, si les chiffres du ministère de l'Agriculture sont fiables.

FORTE DEPENDANCE POUR LES SEMENCES

Pour la pomme de terre comme pour les céréales, la dépendance dans le domaine des semences reste cependant très élevée. De nombreuses expériences ont été menées pour produire la pomme de terre de multiplication, mais la forte demande dépasse encore largement l'offre. Pour les céréales, le ministère de l'Agriculture a lancé une nouvelle campagne pour l'utilisation de semences sélectionnées et traitées.

La pomme de terre, systématiquement irriguée, s'est répandue à travers toutes les régions du pays. Longtemps limitée à quelques régions traditionnelles (Mascara, Aïn-Defla, etc.), elle est actuellement disponible partout dans le pays, notamment au nord du Sahara. El-Oued, au nord-est du Sahara, assure près du quart de la production du pays. Le rendement moyen est proche de 300 quintaux à l'hectare, avec des pics à 400 quintaux. A l'inverse, les céréales ne sont pas irriguées, à l'exception de certains périmètres. Le rendement reste faible, autour de vingt quintaux à l'hectare. Dans les périmètres irrigués, la moyenne est toutefois supérieure à 50 quintaux à l'hectare.