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Attendu à Alger début novembre : Kerry, les affaires et le sécuritaire

par El-Houari Dilmi

A quelques jours de la visite du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, en Algérie, une délégation d'hommes d'affaires des USA est à Alger depuis hier pour négocier le dernier virage avant la réalisation du pôle pharmaco-biotechnologique de Sidi-Abdallah, à l'ouest d'Alger, le quatrième du genre dans le monde, après ceux de Boston (Etats-Unis), Singapour et Dublin en Irlande du Nord.

«Le pôle pharmaco-biotechnologique qui sera implanté dans la nouvelle ville de Sidi-Abdallah, et dont le Centre de génie biotechnologique fait partie, sera la véritable locomotive de la coopération algéro-américaine dans les prochaines années», a indiqué, hier, le président du Conseil d'affaires algéro-américain, M. Smain Chikhoun, au micro de la Chaîne 3 de la radio nationale. Un comité interministériel a été installé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et «se réunit dès aujourd'hui (Ndlr : hier lundi) pour servir d'interface directe avec les partenaires américains, mais aussi allemands et suisses, avec lesquels nous sommes associés pour la réalisation de ce projet qui sera concrétisé en collaboration avec neuf des plus grands laboratoires producteurs de médicaments dans le monde», a expliqué Smain Chikhoun. Au sujet des missions principales de ce complexe biotechnologique, le président du Conseil algéro-américain a indiqué qu'une «feuille de route a été tracée pour aller dans les détails en matière de recherche et de développement, mais aussi de l'innovation puisque l'Algérie ambitionne de créer de nouvelles molécules in situ, sans parler de l'impact des plus positifs en terme de création d'emploi dans des postes de pharmaciens, biologistes ou encore de médecins », a-t-il souligné. Du côté algérien, «il faut savoir que la construction des infrastructures de cette nouvelle ville biotechnologique sera assurée par des moyens nationaux, avec un apport en software du partenaire américain». Pour une enveloppe globale de 125 milliards de dollars dépensés chaque année par les laboratoires des grands groupes pharmaceutiques dans le monde dans le domaine de la recherche et du développement, l'Algérie ambitionne de prendre au moins 20% de ce pactole dépensé chaque année, avec un effet d'entraînement direct sur les ressources financières du pays, hors hydrocarbures», a encore indiqué Smain Chikhoun. Reconnaissant que la réalisation de ce giga-projet a accusé un retard, le président du Conseil algéro-américain a, néanmoins, fait part de son optimisme de voir les travaux «commencer au plus tôt». Interrogé sur les motivations réelles d'un pays comme la Malaisie qui a acquis une dizaine de start-up spécialisées dans la recherche biotechnologique, en concurrence directe avec Singapour, Smain Chikhoun a expliqué que «l'objectif stratégique de l'Algérie était d'acheter cette technologie de pointe, dans une première étape, avant de pouvoir la développer avec ses moyens propres», a-t-il expliqué. La nécessité d'adapter l'environnement juridique en Algérie pour «permettre d'acheter des start-up et attirer une centaine de chercheurs parmi les meilleurs dans le monde est aussi une donne essentielle dans le développement de l'industrie biotechnologique en Algérie», a affirmé l'invité de la chaîne 3.

EN ATTENDANT JOHN KERRY

Au sujet de la visite du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, prévue les 6 et 7 novembre prochains, le président du Conseil d'affaires algéro-américain, a affirmé que le «volet économique sera dominant lors de cette visite, avec bien sûr la part belle à la coopération militaire», a-t-il indiqué. La coopération dans le domaine universitaire, et la promotion de l'image de l'Algérie aux USA reste, aussi, «l'un des axes importants dans le dialogue stratégique avec nos partenaires américains». Les Américains ont «aujourd'hui une image très positive de l'Algérie, qui est selon leur propre analyse, le pays le plus stable, avec un rôle leader dans la région», a souligné Chikhoun, exprimant, au passage, «sa fierté de voir les représentants des grandes firmes américaines faire montre de volonté d'investir en Algérie, surtout dans le domaine de la pétrochimie». Rappelant le contrat passé entre la Sonelgaz et Général Electric pour la construction d'une usine de turbines à gaz, et l'usine de tracteurs à Constantine, l'invité de la radio a révélé que les Américains sont en course pour décrocher le contrat de construction de cinq nouveaux CHU en Algérie, et la réalisation d'un accélérateur pour le traitement du cancer par radiothérapie. Selon Smain Chikhoun, «l'Algérie aura un volume d'échange hors hydrocarbures avec les USA d'environ 4 milliards de dollars d'ici à la fin 2016, avec une tendance à la hausse les années suivantes», a-t-il expliqué. A la question de savoir pourquoi des compagnies américaines continuent à se montrer frileuses pour venir investir en Algérie, le président du Conseil algéro-américain a imputé cela à la «lourdeur des procédures dans notre pays, liées à la certification des nouveaux produits qui doivent être utilisés dans le secteur du bâtiment par exemple». Les potentialités d'échanges économiques entre les deux pays, l'intéressement des hommes d'affaires algériens pour aller investir le marché américain, surtout dans l'agroalimentaire, la percée de la langue de Shakespeare en Algérie, et le développement des moyens de transport de et vers les USA, le «rôle positif» de la diaspora algérienne aux Etats-Unis et son rapport avec le pays d'origine ont été les autres points abordés avec l'invité de la Chaîne 3.