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Aïn El Turck : Un scandale du foncier en perspective ?

par Rachid Boutlélis Et K. A.

La valse des scandales du foncier continue sur son rythme infernal, presque régulier, dans la daïra d'Ain El Turck et ne semble, à priori, toujours pas prête de cesser. En effet, on vient d'apprendre, de sources concordantes fiables, le déclenchement d'une enquête par les services de sécurité sur la mainmise, dans des conditions douteuses, de 30 lots de terrain, d'une superficie de 150 m² chacun, dans la petite localité côtière des Coralès, située sur le territoire de la commune de Bousfer. L'attribution de ces parcelles de terre, totalisant une superficie de 4,5 ha, aurait été accordée à des particuliers en violation aux lois en vigueur dans le domaine du foncier. Les investigations ont permis d'élucider les circonstances ayant facilité la perpétration de cette grave malversation et situé les responsabilités de tout un chacun, indiquent nos sources.

Dans ce cadre, nous apprenons de sources sécuritaires qu'une plainte a été déposée auprès du Procureur général, après que certaines irrégularités aient été constatées. L'enquête, qui sera confiée soit aux services de la police ou de la gendarmerie nationale, devra déterminer comment certaines personnes ont réussi à édifier des constructions sur des terrains interdits à la construction, alors que d'autres, au contraire, ont pu avoir des documents qui leur ont été délivrés par les services de l'ancienne APC, sachant que c'est la wilaya seule qui est habilitée à fournir ces documents. D'autres pratiques ont été, aussi, mises à nu et concernent, notamment, des extensions illégales de lots de terrain à bâtir. Aujourd'hui, il y a plus d'un mois que la plainte a été déposée, et une enquête sera déclenchée afin de livrer tous les tenants et les aboutissements concernant cette affaire. Plusieurs personnes seront sans doute auditionnées dans le cadre de cette affaire, précisent nos sources.

N'étant ni la première du genre et encore, fort probablement, la dernière dans cette partie de la wilaya d'Oran, cette affaire s'achemine, irréfutablement, vers une procédure judiciaire intentée contre les présumés auteurs ayant été déjà auditionnés par les services de Sécurité dans le cadre de l'enquête. Celle-ci succède, notons-le, aux investigations qui ont été menées par les mêmes éléments des services de sécurité sur une extension, jugée illicite, de 26 lots de terrains supplémentaires, au sein de la coopérative immobilière ?Benzerga', située dans le quartier Mohamed Ghriss, sur le territoire du chef-lieu de ladite daïra. Selon nos sources, la superficie sur laquelle s'étendent ces 26 parcelles de terre, était initialement destinée à un projet de réalisation d'un établissement scolaire pour le cycle primaire. Les premiers résultats de cette enquête ont fait ressortir que la grande majorité des lots de terrain en question, ont été cédés à des particuliers, domiciliés dans les régions Est et Centre du pays, leurs lieux respectifs d'origine. Le prix de vente de chacun de ces lots a atteint, allègrement, la somme d'un milliard de centimes, indiquent, encore, nos sources.

Les enquêteurs, chargés de cette affaire ont pioché dans les dossiers pour retrouver les traces authentifiant les documents administratifs y afférents et découvrir ainsi comment ils ont pu être établis pour faciliter ces transactions, conclues en violation de la réglementation. Ils ont concentré, plus particulièrement, leurs investigations sur les indices pouvant aboutir à l'identification des principaux instigateurs de cette opération, qualifiée d'illégale, de morcellement de ces 26 lots de terrain, qui ont été déboîtés de la coopérative immobilière ?Benzerga', ajoutent nos sources. Toujours est-il que, couvant depuis des mois, ces deux affaires, à effet boule de neige, risquent, en toute vraisemblance, d'accoucher d'un énième scandale du foncier, en s'inscrivant ainsi sur un long feuilleton relatant un éventail varié d'incartades relevées dans le foncier, qui sont à l'origine de la défiguration de l'Urbanisme, dans cette région côtière, jadis réputée pour la beauté de ses plages, de ses paysages mais aussi de ses terres fertiles, malheureusement confrontée, aujourd'hui, à une dangereuse spéculation foncière.

En effet, une très grande partie de ces terres fertiles, donnant, notamment, des fruits et du vignoble de qualité, essaimées à travers cette daïra, a, désormais, perdu sa vocation agricole au profit du béton pour une activité commerciale et mercantile et ce, dans des conditions d'attribution qui suscitent de nombreuses interrogations sur la place d'Ain El Turck.