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Les enfants des nouvelles républiques

par Boutaraa Farid

Les enfants des nouvelles républiques sont ces mioches à qui on a donné des pioches afin qu'ils creusent leurs propres tombes avant que la nuit tombe. En effet, les petits des nouvelles républiques ne sont rien que des personnes égarées selon les avis des nobles responsables qui les taxent de fainéants et de tarés.

Ces mêmes responsables pensent aussi que ces enfants ne sont que les fruits d'erreurs et que leur destinée ne peut être que la honte et la peur. Les petits devraient dormir le jour pour ne sortir que la nuit pour semer l'angoisse dans les cœurs de leurs parents qui n'avaient pas le droit de rire à leurs naissances. Les petits des nouvelles républiques n'ont pas le droit de réclamer des jouets, ni de crier du moment que leurs parents n'étaient rien que des figurants invités pour un court séjour. Les enfants des nouvelles républiques n'ont pas le droit à la parole du moment qu'ils sont condamnés à vivoter comme des handicapés que l'Etat rajoute à sa lourde charge tout en veillant à garder leur existence en secret comme s'il s'agit d'enfants illégitimes. Les chérubins des nouvelles républiques sont à la recherche d'un homme généreux qui peut prendre les commandes du pays tout en faisant d'eux les seuls héritiers de la république. Les mioches des nouvelles républiques aspirent à un lendemain clair et pas pluvieux.

Les bambins des nouvelles républiques ont halte de voir le départ de tous ces corrompus qui avaient dilapidés tous les biens publics de la république. Les jeunes déprimés désirent la mise en retraite de toutes les personnes qui avaient causés tant d'ennuis aux républiques qui étaient maintenues en version vielleuse de nuit. Les jeunes retraités qui n'ont jamais eu la chance de travailler se demandent pourquoi l'Etat les invite à passer le service national, mais qui oublie souvent de leur offrir du travail. Les revoilà sans foyer, ni famille et fatigués par ce temps qui ne ramène rien que des regrets.

Ces jeunes qui n'ont jamais compris le pourquoi du déchainement de la providence qui a fait d'eux des êtres incompris et malheureux. Ces jeunes qui n'ont jamais savourés les joies d'une enfance du moment qu'ils étaient ligotés dans les balcons des cités comme des chardonnerets en cages. Et en devenant adolescents, ils étaient les amis de l'humidité des caves où ils apprenaient la liste des interdictions. Et au lieu de grandir ces jeunes étaient toujours des petits qui n'avaient rien savourés des délices de la vie devant cette addition de frustration et de souffrance. Leurs existences n'étaient qu'un amas d'échecs et rares les personnes qui avaient de la compréhension et qui évitaient de les juger. Que ressent un jeune sans travail et qui voit la fille aimée partir en France où elle sera mariée à un inconnu? Quoi faire contre un quotidien fade, où les journées se répètent et qui s'achèvent par des soirées où l'âme s'égare avec une canette de bière ou un joint de kif. C'est le passage obligatoire dans un pays à sens unique et où on fait le même rêve. Alors, le petit a juste le temps de ramasser sa tête pour aller rejoindre Baudelaire dans son jardin suspendu.

En effet, les jeunes des nouvelles républiques n'ont rien savourés dans une vie, où la liste des interdits s'allonge de jour en jour et où même la fuite du ghetto est sanctionnée par des amendes et des séjours en prison. On fabrique plus de prisons et on instruit moins afin que l'ignorance baisse le niveau de réflexion et que les jeunes se bagarrent pour des futilités et que le pouvoir reste chez les assoiffés d'autorité. Et oui, toute cette misère qui tue chaque jour l'espoir dans les cœurs des jeunes n'est qu'une conséquence d'une mauvaise gestion de l'ensemble des hommes au pouvoir qui accusent tous la politique du chef, mais qui sont plus coupables que ce dernier à qui on cache souvent la réalité hideuse dans laquelle vit cette jeunesse. Toute cette souffrance n'est qu'une conséquence de tant de vol et de détournement des fonds publics des nouvelles républiques. Des sommes d'argent quittent les frontières pour atterrir dans des comptes à l'étranger et on laisse le peuple à la recherche de quoi manger. C'est pour cette raison que les jeunes républiques n'avaient jamais retrouvé la voie de la joie et celle de la réussite.

Ce que le jeune ignore est que les responsables des jeunes républiques sont tous étaient contaminés par le virus de la maladie du trône. Un mal incurable et qui conduit soit à la folie, soit à la tombe. Une maladie qui fait parler d'elle indirectement ces derniers jours en faisant la une de l'actualité internationale. Elle est présente un peu partout et avec des aspects qui changent selon les mœurs et les coutumes. L a maladie du fauteuil est derrière toutes les répressions et les meurtres des jeunes révoltés qui n'avaient pas de permissions de se rassembler afin de demander le départ de tous les politiciens qui se prennent pour des divinités intouchables. La maladie du trône pousse les maitres à bord des destinés des peuples à lancer les chars et les forces de police contre les poitrines des révoltés qui n'ont pas peur de mourir pour un idéal. La maladie du trône rend aveugle et sourd le président qui voit que son peuple ne veut plus de lui comme chef et pour apaiser les âmes, on parle alors de force occultes et de la main étrangère qui dirige un soulèvement populaire.

 La maladie du siège autorise les hommes au pouvoir à donner l'ordre aux militaires de tirer sur tout ce qui bouge et même à faire usage d'armes chimiques. Pour les assoiffés du pouvoir la perte du siège demeure une grave insulte. La perte du trône reste une offense à l'aura de ces hommes qui ne peuvent plus redevenir des êtres ordinaires. Les amants du pouvoir ignorent que ce dernier ouvre les portes de la folie et du narcissisme. Ils oublient aussi que le pouvoir verse son doux poison et dénude ses victimes de leur humanité tout en les métamorphosant en monstres. C'est pour cette raison que les hommes sages ont souvent aimé fuir la responsabilité qui mène soit à la perte de leur propre maison ou à mettre toute une opposition sous terre ou en prison. C'est pour cette raison que les honnêtes gens ont boycotté l'activité politique. Ils ont compris qu'ils ne peuvent jamais réussir à établir l'ordre dans des pays, où les esprits n'ont pas évolués et où le tribalisme dicte les lois.

Les sages personnes savent que le trône conduit à la potence suite à des indifférences. Ils savent qu'ils ne pourront construire assez de logements pour toutes les familles qui meurent à petit feu suite au manque d'espace pour s'épanouir. Ils savent aussi qu'ils ne pourront offrir des postes de travail pour tous les jeunes des nouvelles républiques qui ont fini leurs études et qui attendent un recrutement. Ils savent qu'ils ne peuvent arrêter tous les criminels et les voyous qui bousillent la tranquillité des paisibles citoyens. Ils savent que l'école demeure une garderie pour les mioches des pauvres qui iront à l'école la faim au ventre, tandis que les enfants des riches auront du café au lait avec des brioches. Ils savent qu'il n'y aura aucun changement à l'horizon et que les jeunes devraient attendre des miracles pour que le bonheur soit l'invité de toutes les maisons. Les hommes sages ont appris des cours d'histoire que l'humain exploitera son prochain en le laissant vivre dans le noir.

Les hommes sages doués d'intelligence savent que l'ignorant restera prisonnier des barreaux de sa cage même si ses geôliers étaient ensommeillés tout en laissant la porte de sa cellule ouverte. Les saints d'esprits ont compris le manège qui conduit au chantage. Les intellectuels rassasiés n'ont jamais été attiré par la magie du trône qui bousille chaque jour des milliers de neurones à celui qui essaye de rendre parfaits des gens imparfaits. Les hommes libres n'ont jamais été fascinés par l'appel des palais où des repas somptueux sont desservis à des hôtes de choix et où le reste du peuple ramasse des croûtes de pain des poubelles.

Cependant, l'espoir demeure en l'émergence d'une élite qui prendra le relai tout en chassant les anciens avec un coup de balai. Il est possible que des âmes charitables qui partagent tout ce qu'ils ont sur la table, acceptent de venir en aide aux jeunes des nouvelles républiques. Que des âmes courageuses répondent aux appels des enfants libres des nouvelles républiques où la démocratie était immolée en plein public. Que de nobles personnes acceptent de partir au secours des infortunés qui attendent la venue du bonheur loin des fausses promesses. Que la liesse chassera les traces de la fatigue laissées par tant d'années de mépris et de hogra. Que la joie pénètre les cœurs de ceux qui avaient perdu tout espoir de guérison tels les cancéreux en stade avancé de la maladie. Notre vœu est de voir le départ des anciennes pratiques au sein des cercles des décideurs. Que les politiciens courtisent les penseurs et les sages à changer leurs visions sur le politique. Nous souhaitons voir la candidature de nouvelles personnes qui respectent l'éthique de cette fonction qui consiste à veiller sur l'intérêt de la nation et non pas à remplir sa panse et celle des proches et des amis. Et comme disait Azza Amina Bekkat la grande spécialiste en littérature à l'université de Blida:» Les sentiers qui mènent au bonheur sont truffés d'obstacles, mais cela ne devrait pas affaiblir les volontés des braves à finir en apothéose et de monter sur le podium des lauréats et surtout savoir par cœur que la vie n'est qu'une permanente lutte du bien contre le mal.»