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«Nous essayons de rendre Tonic Industrie la plus attrayante possible pour les partenaires étrangers»

par Hakima Boussaidoune

L'activité du complexe Tonic Industrie de Bou Ismaïl tourne à 30%. Mais le management qui conduit l'exploitation pour le compte de l'Etat, nouveau propriétaire après la faillite de Tonic Emballage, compte bien redresser la situation et reprendre l'investissement. Mustapha Merzouk le PDG du groupe explique comment. Et pourquoi.

Les pouvoirs publics ont finalement décidé de «nationaliser» Tonic Emballage. Tonic Industrie existe depuis deux ans mais a-t-il réussi à sortir du passif du groupe papetier privé tombé en faillite en juin 2009 ?

 Il en prend le chemin. L'année 2013 sera l'année de démarrage de Tonic Industrie créée le 14 avril 2011 et dépendant depuis de la Société de gestion des participations chimie-pharmacie, la SGPG GEPHAC. De nombreux chantiers sont en cours d'exécution, une consolidation a été faite mais il est vrai que les résultats sont difficiles à obtenir car notre personnel n'est pas encore remis à niveau. Nous travaillons sur l'initiation à la culture d'entreprise et l'esprit d'industriels. Une fois que le travailleur réalise qu'il n'est plus à Tonic Emballage mais à Tonic Industrie, la partie sera gagnée. Les principaux objectifs qui nous ont été assignés, sont la réhabilitation de ce complexe dans tous les domaines d'activités depuis l'approvisionnement en matière première, à savoir, la récupération jusqu'à la transformation et la livraison de produits finis. Il existe chez Tonic plus de neuf domaines d'activités stratégiques qui nécessitent d'être consolidés par la mise en place de processus de gestion et la mise à niveau de l'outil de production. Pour la remise en l'état de Tonic Industrie, 42 chantiers ont été lancés.  

Cela fait beaucoup. Vous avez ordonné vos priorités dans votre plan de reprise ?

Dans une première phase, il s'agissait pour nous d'assurer la pérennité et la continuité de l'activité de l'entreprise ; vient ensuite la phase de développement et l'amélioration du positionnement de Tonic Industrie par rapport à la concurrence nationale et internationale. Pour ce faire, nous avons établi un programme d'urgence pour la réalisation duquel l'Etat nous a consenti une première enveloppe de 1,5 milliard de dinars qui servira à la mise à niveau de notre machine LINER, résoudre les problèmes d'adduction d'eau et le traitement des eaux résiduelles. Nous comptons également prendre en charge les aspects de sécurité, de régies anti-incendie dans les ateliers et surtout établir des programmes de formation pour notre personnel. Nous avons complété ces objectifs par le projet de réalisation d'une usine de carton compact d'une capacité de 100.000 tonnes pour couvrir les besoins du pays en envisageant l'exportation de l'excédent.

A combien revient l'accompagnement financier par l'Etat pour ces différentes phases ?

Les plans de remise en l'état et de finition de l'investissement le budget arrêté couteront environs 2,5 milliards de dinars. Pour ce qui est du projet de création de l'usine à carton, l'investissement est estimé à 10 milliards de dinars réparti sur la période 2013-2017. L'étude technico-économique étant finalisée et envoyée à notre SGP pour une programmation auprès du ministère et du CPE.

En attendant l'enchaînement de ces phases, quel est l'état de la production ?

Globalement, le taux d'utilisation de nos capacités de production est faible, il est de 30-35 %. Dans certaines spécialités tels que le papier ondulé, le papier ouate, ce taux s'élève tout de même à 65%.

Cette situation est due aux perturbations en approvisionnement en matière première et pièces de rechange causées par le boycott des équipementiers habituels de Tonic. C'est un héritage de la situation de faillite que tout le monde connait. Le problème est que nos partenaires fournisseurs étrangers ne veulent pas appliquer la règle du recouvrement partiel de leurs créances. Elle est pourtant universelle dans ces cas là. Par ailleurs nous devons réviser les procédures d'approvisionnements hérités du secteur privé et initier le personnel en charge de cette fonction à plus de transparence et de rigueur dictées par le secteur public.

Cependant, nous constatons une évolution de 30% dans l'activité récupération et 10% dans la fabrication du papier ouate et une constance dans la production du papier ondulé.

Les clients reviennent progressivement et nous faisons de notre mieux pour les satisfaire et les fidéliser.

Quelle est l'activité phare de Tonic Industrie ?

Actuellement, c'est la fabrication du carton ondulé mais si nous parvenons à réhabiliter la machine papier LINER qui fabrique également du papier ondulé, c'est cette activité qui deviendra phare. Cette machine possède actuellement une capacité de production de 20.000 tonnes alors qu'une fois rénovée pourrait produire 140.000 tonnes ! Je pense cependant que pour déployer tout le potentiel de ce complexe, il faudra s'ouvrir à l'international. Notamment pour la maitrise de la technologie. Il y a des orientations de la part des pouvoirs publics qui nous encouragent à intensifier les recherches de partenaires. Des approches ont été faites de manière informelle mais pour ne pas répéter les mêmes erreurs commises par le passé nous essayons au préalable de repositionner Tonic et la rendre la plus attrayante possible pour intéresser les partenaires ce qui serait bénéfique pour l'industrie du papier en Algérie

Vous avez conclu récemment avec Saica Nature, filiale de l'espagnole Saica Papers, un partenariat dans l'activité de la récupération du papier. Quelle place occupe la récupération parmi vos métiers ?

La récupération constitue le segment clé de notre activité. Actuellement toute notre production est faite à base de papier recyclé. Nous n'importons plus de matière première sauf de petites quantités de pate destinée à améliorer la qualité du papier ouate. Notre production de papier est réalisée exclusivement à partir de vieux papier. Nous sommes passés d'une récupération de l'ordre de 30.000 tonnes à un volume de 80.000 tonnes. 160 micro-entreprises font de la récupération pour nous. Nous avons été aidés par les pouvoirs publics puisque nous récupérons pratiquement l'ensemble des déchets de vieux papiers dégagés par les entreprises publiques telles que L'ONPS, l'ENAG, l'imprimerie officielle, les maisons d'édition,...Nous travaillons également en étroite collaboration avec GIPEC qui possède l'infrastructure adéquate à laquelle nous apportons nos moyens. Nous pouvons que profiter de la grande expérience de notre partenaire espagnole dans cette filière de la récupération. Ce partenariat en annonce d'autres pour remettre Tonic Industrie sur le chemin du leadership auquel le prédestine son potentiel.