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Un réseau de faussaires démantelé en France : Ils vendaient des kits de faux papiers à des Algériens

par Moncef Wafi

Un réseau de faussaires a été démantelé par la police française, ces derniers jours, impliquant l'interpellation d'une dizaine de personnes dont sept ont été déférées, ce jeudi au soir, devant la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Nancy pour «aide à l'entrée et au séjour irrégulier en bande organisée», un délit passible de dix ans de prison. Ce réseau d'Algériens fabriquait et vendait des kits de faux papiers pour des compatriotes en situation irrégulière. La technique était parfaitement rodée et d'une grande facilité, selon les enquêteurs. Ainsi, avec un faux acte de naissance, une fausse facture EDF et des photos pas forcément ressemblantes, les faussaires déposaient des dossiers dans un grand nombre de petites communes de province afin d'obtenir de véritables papiers d'identité. Ces kits «parfaits» étaient facturés 1.000 euros pièce et les suspects allaient chercher les candidats jusqu'en Algérie afin de leur faire passer la frontière. Qualifié de véritable «PME», ce réseau activait depuis plus de dix ans puisque les policiers, lors de leurs investigations, ont saisi plusieurs milliers d'euros ainsi que douze ans d'archives minutieusement classées et conservées chez l'un des faussaires. Ces dossiers prouvent que depuis l'an 2000 au moins, ce réseau a généré des centaines de cartes d'identité indûment délivrées. Les organisateurs présumés eux-mêmes avaient jusqu'à cinq ou six vraies cartes différentes chacun et touchaient donc autant de fois les aides sociales. Les policiers de l'Office central de répression de l'immigration irrégulière et de l'emploi d'étrangers sans titre (Ocriest) de la police aux frontières (Paf) ont travaillé sur commission rogatoire après un signalement de documents d'identité douteux, dans la région de Dijon, présentés par des ressortissants algériens. Ce sont les doutes d'un employé de mairie en Bourgogne qui ont permis à l'OCRIEST de remonter la filière. Les enquêteurs estiment avoir démantelé «tout le réseau», du rabatteur à l'organisateur en passant par le faussaire présumé.