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De peur de se retrouver sous les décombres : Des familles dressent leurs tentes en plein boulevard à Gambetta

par J. Boukraâ

Oran continue de perdre une à une ses anciennes bâtisses à un rythme inquiétant. En cette période hivernale, le spectre des effondrements est omniprésent dans les esprits des riverains, notamment dans les vieux quartiers de la ville.

A Gambetta, au niveau de l'avenue d'Arcole, six familles habitant deux immeubles menaçant ruine ont, depuis avant-hier, choisi de déserter leurs maisons pour élire domicile en pleine rue avec, en guise de rempart, des toiles en bâche et plastique. Les six familles occupaient un immeuble composé de trois étages. Un grand balcon du troisième étage s'est effrité. De crainte pour leur vie, les occupants de l'immeuble qui menace ruine ont préféré passer la nuit sous les tentes dressées au milieu de cette rue connue par son dense trafic de bus (51 et 11) et autres véhicules. Cette situation a poussé les automobilistes à faire des détours pour rejoindre le centre-ville. En effet, il ne se passe pas un jour sans qu'on entende parler d'un effondrement ou d'un effondrement partiel. La majorité des quartiers d'El Bahia est menacée par le risque des effondrements. Les dernières averses qui se sont abattues sur la ville d'Oran étaient à l'origine de nombreux effondrements et effondrements partiels. En l'espace d'une semaine, les services de la Protection civile ont enregistré une vingtaine d'effondrements et effondrements partiels. Ces effondrements ont fait huit blessés. Ils se sont produits dans les quartiers d'El-Hamri, Medina Djedida , Sidi El-Houari, au centre-ville, à Saint-Eugène, Gambetta, Médioni entre autres. Il s?agit dans la majorité des cas de plafonds qui se sont effrités. Durant la dernière décennie, les services de la Protection civile de la wilaya d'Oran enregistrent une moyenne de 250 effondrements par an. Le pic a été atteint en 2007 où 313 effondrements et effondrements partiels et 120 risques d'effondrement ont été enregistrés. Cette année était dramatique, puisque quatre femmes sont mortes dans des effondrements dont trois de la même famille à El-Hamri et la quatrième à Kouchet El-Djir. En 2008, 301 effondrements et 143 risques d'effondrement ont été recensés. Bilan, trois morts et une vingtaine de blessés. Parmi les victimes, un enfant de 11 ans tué par un pan du plafond en plein sommeil au niveau du lieu-dit «Terrain Chabat» dans le quartier des Planteurs. La même année, une jeune femme âgée de 25 ans et son enfant âgé à peine de trois ans sont décédés, ensevelis sous les décombres de leur habitation érigée dans le bidonville «El-Oued» à Haï Bouâmama (ex-El-Hassi). Plusieurs mesures ont été entreprises par les services concernés pour faire face à ces drames à répétition, notamment le relogement des familles, l'éradication des immeubles menaçant ruine et la réhabilitation du vieux bâti. Cependant le problème du vieux bâti à Oran a de beaux jours devant lui, surtout lorsqu'on sait que quelque 55.000 habitations individuelles et 2.000 immeubles classés en zone rouge menacent ruine dans les anciens quartiers de la ville, selon un recensement des services de la daïra. Ces immeubles, classés vieux bâti, peuvent s'effondrer à tout moment. Les vieux immeubles sont éparpillés sur tous les anciens quartiers de la ville.

Pour rappel, deux personnes sont mortes dans des effondrements cette année à Oran. Les deux drames se sont produits à Aïn El-Turk et Saint-Eugène.