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Syrie : Brahimi prend ses fonctions

par Yazid Alilat

C'est hier samedi au siège des Nations unies à New York que le nouveau médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, le diplomate algérien Lakhdar Brahimi devait prendre ses fonctions, après la démission de son prédécesseur, Kofi Annan. Une mission bien difficile pour le diplomate algérien, d'autant qu'il aura impérieusement besoin d'un soutien sans faille des pays membres du Conseil de sécurité. Premier objectif de M. Brahmi : mettre fin aux violences qui secouent le pays depuis mars 2011 et ramener à la table de négociations l'opposition et le gouvernement syriens. Une mission bien délicate en fait pour le diplomate algérien qui devra effacer les mauvaises notes attribuées par l'opposition à son prédécesseur.

A Moscou, principal soutien du régime de Bachar Al Assad, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé les pays arabes et occidentaux qui «disent que le gouvernement doit être le premier à arrêter (le combat) et à retirer toutes ses troupes et ses armes des villes» avant d'»appeler l'opposition à faire de même». «Cela c'est un schéma totalement irréalisable. Ou bien les gens sont naïfs ou bien il s'agit d'une sorte de provocation», a-t-il estimé devant des étudiants. «Lorsque nos partenaires disent que le gouvernement doit être le premier à arrêter le combat et à retirer toutes ses troupes et ses armes des villes, et alors seulement appeler l'opposition à faire de même, eh bien, cela c'est un schéma totalement irréalisable ! Ou bien les gens sont naïfs ou bien il s'agit d'une sorte de provocation», a déclaré M. Lavrov. Pour lui, ?'une telle prétention équivaudrait à demander la capitulation du régime baathiste, demande que ni les Occidentaux ni les Arabes ne sont à son avis en droit de formuler''. Par contre, le chef de la diplomatie chinoise, Yang Jiechi, s'est inquiété de la situation en Syrie. Lors d'un entretien téléphonique vendredi soir avec Lakhdar Brahimi, il a souligné l'inquiétude croissante de Pékin au sujet de la dégradation de la situation dans ce pays, a rapporté samedi le ministère. M. Yang, qui a salué l'arrivée de M. Brahimi à son nouveau poste, a souligné que la situation en Syrie se détériorait de jour en jour, et que la Chine s'en inquiétait vivement et suivait attentivement les problèmes humanitaires causés par les combats dans ce pays, selon le communiqué. Il a également assuré M. Brahimi du soutien de la Chine pour trouver un réglement politique à la crise syrienne. De son côté, le SG de l'ONU Ban Ki Moon a rencontré le Premier ministre syrien Waël al-Halaqi à Téhéran, en marge du sommet des Non-Alignés, pour répéter ses appels à cesser la répression. «J'ai rappelé que toutes les parties devaient cesser toute forme de violence, la responsabilité principale incombant au gouvernement syrien qui doit cesser d'utiliser des armes lourdes», a indiqué M. Ban, qui a demandé aussi aux pays étrangers de cesser de fournir des armes «aux deux parties».

«BACHAR, DEGAGE !»

En Syrie, et lors des traditionnelles manifestations contre le régime organisées vendredi, des Syriens avaient tenté de railler le nouveau médiateur, après l'échec de son prédécesseur Kofi Annan. «Lakhdar : mission impossible 2», commentait une pancarte à Idleb. Lors de ces manifestations, un groupe de jeunes est sorti dans un village près d'Alep et a demandé au président syrien de partir. Cela s'est passé à Marea, localité tenue par l'opposition de la province d'Alep, où quelques dizaines de personnes ont scandé «Bachar, dégage!» «Nous ne cèderons pas, malgré vos chars et vos canons», ont scandé les manifestants à Assali, un quartier du sud de Damas.

Par ailleurs, les combats entre les membres de l'armée syrienne libre (ASL) et les forces gouvernementales n'ont pas cessé à Damas, Alep et Idleb notamment. Vendredi soir, les membres de l'ASL se sont emparés du principal bâtiment d'une base aérienne à Boukamal dans l'est du pays, à la frontière irakienne, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), ainsi que sur des missiles. A Idleb (nord-ouest), les insurgés tiennent une partie de l'aéroport d'Abou El-Zouhour, l'une des deux plus importantes bases aériennes de la province. Dans la même région, où plusieurs localités étaient bombardées samedi, ils ont détruit un barrage de l'armée à Harem. A Alep (nord), où armée et insurgés se livrent une féroce bataille depuis plus d'un mois, les combats se poursuivaient samedi avec des bombardements touchant plusieurs quartiers rebelles. Enfin à Damas et sa région, au moins 18 cadavres non identifiés d'hommes sommairement exécutés ont été découverts, selon l'OSDH.