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La Syrie s'enfonce dans la violence : Un attentat fait 12 morts et 48 blessés à Damas

par Yazid Alilat

Au moins douze personnes ont été tuées et 48 autres blessées, hier mardi, dans l'explosion d'une voiture piégée durant des funérailles

dans la banlieue sud-est de la capitale syrienne, selon un bilan provisoire.

Cet attentat à la voiture piégée survenu à Jaramana, une localité habitée majoritairement de chrétiens et de druzes, visait les funérailles de deux partisans du régime, morts la veille lors d'explosions à Damas. La situation n'a ainsi guère évolué, sinon empiré en Syrie où les combats entre forces armées du régime et l'opposition font rage dans plusieurs villes du pays, particulièrement à Damas et Alep où les forces gouvernementales pilonnent les positions de l'Armée syrienne libre (ASL). Tous les efforts déployés pour mettre fin aux hostilités sont restés pour le moment vains, alors que la mission d'observation de l'ONU a déjà quitté le pays.

La violence des combats et le jusqu'au-boutisme des deux camps font craindre, par ailleurs, une complication de la mission de M. Lakhdar Brahimi, qui doit officiellement remplacer à la fin du mois M. Kofi Annan, qui avait démissionné de son poste de médiateur du SG de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie. Une situation d'autant préoccupante que le ministre syrien des Affaires étrangères a accusé les Etats-Unis d'être «l'acteur principal» qui encourage les rebelles à combattre le régime de Bachar al-Assad. «Nous croyons que les Etats-Unis sont l'acteur principal contre la Syrie et les autres sont des instruments», déclare Walid Mouallem, qui a précisé que les Américains utilisent la Syrie pour contrer l'influence de l'Iran au Moyen-Orient et ont exagéré les capacités nucléaires de Téhéran dans le but de vendre des armes aux pays du Golfe.

Par ailleurs, et face à certaines déclarations de dirigeants européens sur le soutien d'un gouvernement formé par l'opposition, Bruxelles a réagi hier mardi en estimant que cette éventualité n'est pas du ressort de l'UE. Dans une déclaration du porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, M. Michael Mann a déclaré que ?'l'Union européenne en tant que telle ne reconnaît pas les pays et les gouvernements''. Cité par l'agence russe Ria Novosti, il a précisé que ?'ce sont ses pays membres qui le font''. M. Mann répondait en fait à des journalistes qui lui avaient demandé de commenter la déclaration du président français François Hollande qui avait appelé l'opposition syrienne à former un ?'gouvernement provisoire, inclusif et représentatif'' et s'était dit prêt à le reconnaître. La veille, le président français avait fustigé la position de la Russie et la Chine sur le dossier syrien. La Russie a, quant à elle, réaffirmé mardi qu'elle maintenait en Syrie où elle possède une petite base navale à Latrous ses experts militaires. C'est le chef d'état-major de l'armée russe, Nikolaï Makarov, qui a souligné que Moscou n'avait aucune intention de retirer ses conseillers militaires de Syrie et y poursuivait ses activités. «Pourquoi êtes-vous aussi inquiets au sujet de la Syrie?», a lancé le général Makarov à des journalistes qui l'interrogeaient sur des informations faisant état d'un retrait des conseillers militaires russes de Syrie. «Tous nos plans se déroulent comme prévu et personne n'est parti», a ajouté M. Makarov, cité par Itar Tass. «Il me semble pour l'instant prématuré de tirer des conclusions en disant que nous nous sommes sauvés de là-bas», a-t-il souligné.

Au Caire, le SG de la Ligue arabe Nabil Al Arabi avait rencontré lundi des représentants de l'opposition syrienne, représentée par 14 organisations et coalitions politiques, civiles et militaires. Samir El Aita, représentant du «Forum démocratique syrien» a déclaré à l'issue de la rencontre que la délégation a demandé à M. Al Arabi et à toutes les parties concernées d'aider l'opposition syrienne à «réaliser les objectifs de la phase transitoire». Il a également souligné que les premières déclarations faites par M. Lakhdar Brahimi prouvent qu'il «a pris connaissance du document de la phase transitoire approuvée par l'opposition». En outre, l'opposition syrienne a fait part au secrétaire général de la Ligue arabe de la revendication de «l'armée libre» syrienne sur la nécessité d'»unifier les efforts de soutien financier et militaire des pays arabes et occidentaux».