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Selon des statistiques de 2011 : Plus de 16% des universitaires diplômés au chômage

par Moncef Wafi

Il ne fait pas bon d'être diplômé en Algérie. Du moins sur le plan du travail puisque cette tranche de la société est paradoxalement la plus touchée par le chômage.

Selon les chiffres de l'Office national des statistiques (ONS), repris par l'APS, le taux de chômage en Algérie a atteint, en 2011, 10% de la population active, touchant 1.063.000 personnes. Malgré un net recul depuis une décennie, passant de 30% en 2001 à 15,3% en 2005, 12,3% en 2006 et 10,2% en 2009, le chômage touche d'abord les universitaires, et plus particulièrement les diplômés avec 16,1% de sans travail. A ce propos, l'ONS souligne que ce taux a baissé «de manière significative» par rapport à 2010 (21,4%) grâce aux différents dispositifs d'aide à l'insertion professionnelle des jeunes diplômés. Dans la hiérarchie des chômeurs, suivent les diplômés des instituts et écoles de la formation professionnelle avec 12,4% et la population n'ayant aucun diplôme avec 8,2%.

Ainsi, et pour définir le chômage algérien disons de lui que c'est une jeune fille diplômée. Les statistiques pour 2011 montrent que le chômage touche principalement les jeunes (16-24 ans) avec 22,4%, concerne 19,1% d'hommes et 38,1% de femmes, alors que celui des adultes (25 ans et plus) s'établit à 7,2%. Les statistiques sur le chômage ont toujours été frappées de suspicion par les économistes et autres analystes du marché algérien du travail mais ont été de tout temps défendues par le gouvernement. En août 2011, Tayeb Louh, alors ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, avait souligné le retrait du chômage depuis 1999, passant de 30% à 10% en 2010, chiffres donnés par l'ONS sur la base des normes de l'Organisation internationale du travail (OIT), précisera-t-il, comme pour justifier des statistiques mises en doute par de nombreux observateurs de la scène sociale algérienne. Si le chômage des jeunes, particulièrement des diplômés, pèse fortement à travers le monde, l'Algérie n'échappe pas à cette réalité et les chiffres officiels suscitent, à chaque fois, la controverse.

Pour des économistes avertis, le chômage est la résultante des réformes libérales engagées par les gouvernements qui se sont succédé, et qui ont engendré la fermeture de nombreuses entreprises. La démocratisation de l'Université ouverte à des niveaux pas toujours élevés explique ce taux de chômage enregistré chez les universitaires. Sur les 120.000 diplômés qui quittent chaque année les bancs des universités, seuls 50.000 trouvent du travail, affirme-t-on. La baisse des demandeurs d'emploi trouve également son explication dans les facilités données par le gouvernement en accélérant les démarches d'accès aux prêts de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej). Selon le Premier ministre, plus de 15.000 crédits ont été accordés aux jeunes et plus d'un million de postes ont été créés en 2010 dans le cadre de l'insertion professionnelle des jeunes par l'Ansej et l'Agence nationale de l'emploi (Anem). Et, contrairement aux années précédentes, le contrat de travail signé à travers l'Anem est renouvelable pour une durée de trois ans, ce qui permet à l'employé de faire une expérience et d'être recruté définitivement. Toutefois, ce dispositif crée seulement des emplois dits d'attente et le candidat peut se retrouver au chômage l'année d'après au profit d'un autre candidat. Selon des sources officielles, une moyenne de 250.000 demandes d'emploi est formulée chaque année.

Par ailleurs, le taux de chômage en milieu urbain reste le plus important avec 10,6% contre 8,7% en zone rurale, indiquent les résultats de cette «enquête sur l'emploi auprès des ménages 2011" menée auprès de 20.314 ménages répartis sur le territoire national. Les chômeurs ayant déjà travaillé sont estimés à 379.000 personnes, soit plus du tiers (35,7%) de l'ensemble de la population en chômage. Près de la moitié de cette population est âgée de moins de 30 ans et près d'un chômeur sur quatre ayant travaillé a perdu son emploi en 2011. Il s'agit d'une population qui exerçait essentiellement comme salariés permanents (68%), dans le secteur privé (71,9%) et qui activait dans les secteurs du commerce et des services (37,5%) et enfin le BTP (27,6%). Parmi la population en chômage, 82,2% des chômeurs ont entrepris des démarches pour chercher un poste de travail, 75,6% ont déclaré s'être inscrits auprès des bureaux de placement, soit trois chômeurs sur quatre, et 68,8% ont déclaré avoir effectué des démarches auprès des entreprises, tandis que 29,4% étaient en quête de moyens financiers et d'autorisations pour s'installer à leurs comptes.