Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Ils refusent les centres d'hébergement en Algérie : Les syriens retournent chez eux

par M. Aziza



Les réfugiés syriens ayant fui leur pays et qui ont choisi comme destination l'Algérie, sont aujourd'hui de retour chez eux. Ils refusent «l'aide tardive» de l'Etat algérien qui a mis à leur disposition un centre d'accueil à Sidi Fredj et ils regrettent vivement l'absence de solidarité en leur direction.

Une dizaine de Syriens dont une majorité sont des hommes séjournent dans la journée au square Port Saïd. Ces réfugiés évitent au maximum les forces de l'ordre qui, à chaque occasion, les chassent des lieux. C'est du moins la version de deux Syriens que nous avons rencontrés, hier matin, sur place et qui ont refusé au début de nous parler en apprenant que nous étions des journalistes. «Vous êtes à l'origine de notre malheur», lance un Syrien avec sa petite fille en expliquant «les journalistes ont écrit que les Syriens traitent avec les clandestins subsahariens et les trafiquants en tous genres, ils traitent en dollars», a-t-il souligné. Et de poursuivre : «C'est ce qui a poussé les autorités algériennes à vouloir nous entasser dans le centre d'accueil des réfugiés, à Sidi Fredj, un endroit insalubre et plein de moustiques». Un autre réfugié enchaîne : «Le centre d'accueil est infecte, ça put de partout, on n'arrive même pas à dormir à cause des désagréments causés par la présence de différents insectes».

Le Syrien s'est levé pour nous montrer : «Voyez ! Il ne reste que des SDF algériens au jardin square. Une soixantaine de familles syriennes, notamment les femmes et des enfants, ont quitté l'Algérie dimanche dernier. Ils refusent de séjourner dans le centre d'accueil de Sidi Fredj», dit-il. «Ils ont préféré les bombardements et le feu et la mort au lieu de rester en Algérie dans ce centre isolé».

Un peu plus loin, deux autres Syriens assis au niveau du jardin ont affirmé qu'une seule famille syrienne est restée au centre d'accueil de Sidi Fredj réservé spécialement aux 3.700 réfugiés syriens recensés à Alger. Interrogé sur le sort du reste des réfugiés, un de nos interlocuteurs a affirmé que la grande majorité des réfugiés qui se sont sentis humiliés ont quitté l'Algérie vers le pays des cèdres. Interrogé sur le nombre de Syriens qui sont encore hébergés dans les hôtels limitrophes, notre interlocuteur s'est montré catégorique : «Il n'y a plus personne, ils ont quitté l'Algérie pour la Syrie, ils refusent d'être encore une fois encerclés». Notre interlocuteur a souligné que la présence des forces de l'ordre de temps à autre a fait que même la solidarité populaire s'est restreinte. «Voyez-vous même les associations caritatives ont disparu», dit-il avec amertume.

Refusant de séjourner au centre d'accueil et exaspérés par la présence des forces de l'ordre qui les pourchassent des lieux publics, les invitant à rejoindre Sidi Fredj, les quelque Syriens rencontrés sur place disent avoir l'intention de quitter l'Algérie. Un parmi eux précise : «Juste le temps de récolter un peu d'argent pour pouvoir payer le billet vers Damas. On ne peut pas rester, nous les hommes, ici et laisser nos femmes et nos enfants en Syrie», ont-ils souligné.