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Ramadhan : Entre canicule et surchauffe des prix

par Yazid Alilat

La canicule qui sévit actuellement sur l'ensemble du territoire national ne devrait pas se répercuter sur les prix des denrées alimentaires et produits agricoles, à quelques jours du mois de ramadhan. C'est en tout cas le vœu des citoyens, qui se préparent à ce mois sacré, mais qui craignent toutefois une réédition des situations vécues au début de chaque ramadhan.

Les pouvoirs publics, arsenal juridique au pied, prottent assurer un large approvisionnement des marchés et réprimer en cas de surfacturation ou autre délits commerciaux. C'est dans cette optique qu'une commission mixte regroupant les ministères du Commerce, de l'Agriculture ainsi que les Douanes a été ainsi installée pour la préparation et l'encadrement de l'approvisionnement du marché durant le mois de ramadhan, selon le directeur du contrôle des pratiques commerciales au ministère, M. Abdelhamid Chibani. Il a affirmé que les produits agricoles (fruits et légumes) seront disponibles et à "des prix acceptables" durant le mois de Ramadhan. La disponibilité des produits agricoles de saison, comme les produits maraîchers, n'étant pas un problème, c'est vers la mercuriale que les regards se tournent dorénavant. Et, avec l'arrivée du Ramadhan, beaucoup craignent que les prix des produits agricoles comme la tomate, la pomme de terre, le poivron ou les haricots ne connaissent une forte poussée de fièvre en matière de prix. A presque une semaine du début du mois de ramadhan, la pomme de terre est cédée entre 30 et 40 da, la tomate tourne autour de 35-40 da en moyenne, alors que le poivron est redescendu à moins de 100 da/kg. Par contre, les haricots vert, blanc et rouge restent largement au dessus des 100 da/kg, en moyenne entre 110 et 140 da/kg. Une tendance des prix qui pourrait connaître une surchauffe durant les premiers jours du mois de ramadhan, avec la traditionnelle flambée des prix du début du mois de jeûne.

Pour autant, selon des responsables au ministère du commerce, les stocks de produits d'épicerie tels que le sucre et l'huile couvrent largement la demande attendue durant le mois de Ramadhan et même le reste de l'année. Même constat pour la poudre de lait: les besoins mensuels sont évalués à 12.000 tonnes pour des réserves de 14.000 tonnes, sans compter la production du groupe Giplait qui s'élève à 75 millions de litres, indique t-on au ministère du commerce. "Toutes les laiteries ont eu leurs quotas de poudre de lait pour répondre à la demande durant ce mois sacré", a affirmé le directeur du développement et de la régulation des produits agricoles au ministère de l'Agriculture et du développement rural, M. Youcef Redjam Khodja. Ce dernier assure que ces quantités de poudre pourront couvrir la demande jusqu'au mois de septembre prochain. Seul problème, c'est que d'ores et déjà, la pénurie de lait en sachets commence à s'installer dans l'Algérois, notamment dans plusieurs quartiers d'Alger, à Blida et vers la wilaya de Médéa. Les disponibilités pour les légumes secs devraient également répondre à la demande avec la mise sur le marché de plus de 9.000 tonnes de pois chiches qui devraient être importées incessamment, et dont 3.000 tonnes sont déjà au port d'Alger, selon l'OAIC. Même scénario pour les produits céréaliers, où toutes les dispositions au niveau des semouleries et minoteries ont été prises, pour éviter autant les pénuries que la surchauffe des prix. Et, comme chaque année, la production locale des viandes rouges sera quant à elle soutenue par des opérations d'importation et, pour la première fois, l'importation de viande ovine. Selon le ministre du Commerce, M. Mustapha Benbada, près de 10.000 tonnes de viande congelée avaient été importées pour les mois de juillet et août, soulignant que la viande ovine importée serait disponible cette année. Pour, autant, les prix du poulet ont déjà pris l'air du temps, grappillant plusieurs dinars pour se négocier actuellement à plus de 350 da/kg pour un volatile vidé. L'explication est également là: selon un cadre au ministère de l'agriculture, M. Redjam, cette situation est le résultat de rétentions de produits exercées par les producteurs dans le but d'engranger des bénéfices illicites lorsque la demande atteindra des pics durant les premiers jours de jeûne. Pour remédier à cet impondérable, les pouvoirs publics ont mis en place un stock de 10.000 tonnes de poulet congelé dans le cadre du système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac). Le produit sera écoulé à un prix de 250 DA/KG, selon le même responsable. Bref, du côté des autorités on assure, comme chaque année, que le mois de ramadhan va se passer à l'ombre d'une température des prix ''clémente'' et une large disponibilité des produits alimentaires. Mais, du côté du marché, la mercuriale peut démentir à tout moment l'optimisme des responsables du secteur du commerce.