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Sonatrach : Des investissements de 68,2 milliards de dollars

par Moncef Wafi

Six mois après son installation à la tête de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, en remplacement de Noureddine Cherouati, et dans une interview donnée à El Moudjahid, dresse, en quelque sorte, un bilan de son premier semestre aux commandes de la compagnie nationale d'hydrocarbures.

Etat des lieux, investissements, projets et perspectives, visibilité à l'international et exploration pétrolière en offshore ont été les sujets de réflexion de M. Zerguine. Sans pour autant donner de réels éclairages sur la situation en interne de la société, en référence aux différentes affaires pendantes devant la justice ou encore expliquer les dernières défaillances en matière d'approvisionnement en carburant vécus depuis le début de cette année au niveau des stations-services du pays, le PDG de Sonatrach est revenu sur le dossier du raffinage expliquant que pour se remettre à niveau, la compagnie a lancé un vaste programme de rénovation des raffineries de Skikda, d'Arzew et d'Alger, y consacrant un investissement de 4,2 milliards de dollars, à l'issue duquel la capacité annuelle de traitement de pétrole brut avoisinera les 26 millions de tonnes de pétrole de brut et de 5 millions de tonnes de condensat, soit plus de 30 millions de tonnes de charges traitées.

En janvier dernier, le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, avait indiqué que la réouverture de la raffinerie d'Arzew prévue en février 2012, allait mettre un terme à la crise des lubrifiants qu'a connue le pays pendant l'été dernier. Le ministre avait imputé alors cette pénurie d'huiles pour moteur à la fermeture pour des travaux de maintenance et l'élargissement de la capacité de production de la raffinerie d'Arzew qui couvrait un taux considérable du marché national. Il a également expliqué ce dysfonctionnement par l'épuisement du stock du groupe Naftal en huiles pour moteurs, engendré par la forte demande sur ce produit enregistrée l'été dernier conjugué à l'incapacité des importateurs privés à approvisionner le marché national en quantités nécessaires.

Selon M. Zerguine, la raffinerie de Skikda doit être livrée en août 2012, et celle d'Alger en 2013 pour porter la capacité du parc national de raffinage à quelque 26 millions de tonnes alors qu'elle n'était que de 22 millions tonnes équivalent pétrole avant cette rénovation. Il annoncera, par ailleurs, la volonté de l'Algérie de construire cinq nouvelles raffineries de pétrole, trois au niveau des Hauts-Plateaux, une au Sud et une dans la région Centre pour arriver à une capacité de raffinage supplémentaire de 30 millions de tonnes. Par ailleurs, et abordant le volet de l'exploration offshore, le premier responsable de Sonatrach dira que la compagnie compte se lancer dans cette voie mais que l'Algérie n'avait pas encore récolté suffisamment d'informations sur les données géologiques nécessaires au développement local de l'offshore. Sonatrach a acquis, au large d'Annaba, des données géophysiques et la décision d'explorer est déjà prise, ajoutera-t-il. Revenant sur la situation de Sonatrach, il affirmera qu'elle est en bonne santé, pour preuve les 72 milliards de dollars de recettes enregistrées durant l'exercice, soit une hausse d'environ 29% par rapport à 2010.

Au cours de ce même exercice, 20 nouvelles découvertes ont été enregistrées dont 19 en effort propre, et l'apport en réserves prouvées et probables a dépassé les 157 millions de TEP. Pour les investissements, 68,2 milliards de dollars sont prévus pour la période 2012-2016 faisant de Sonatrach le premier investisseur en Algérie. Les 82% de ce montant seront dédiés au segment Amont, 9% au segment Aval et 8% au segment Transport par canalisations, détaillera le PDG. A propos du segment Amont, M. Zerguine soulignera que les principales missions de Sonatrach résident dans le renouvellement des réserves pétrolières et gazières, par l'intensification de l'effort d'exploration, ainsi que le développement des gisements existants. Il citera en exemple l'élargissement du portefeuille des activités de l'exploration qui est passé de 30 périmètres de recherche en 2011 à 57 périmètres de recherche et 15 périmètres de prospection en 2012 alors qu'il est prévu 79 périmètres de recherche à l'horizon 2014. Ce programme permettra à la production primaire totale des hydrocarbures de passer de 210 millions de TEP en 2012 à 234 millions de TEP en 2016, soit une augmentation de plus de 11%.

La production actuelle se situe à près de 206 millions de TEP, dont 147 millions provenant des gisements opérés par Sonatrach seule, les trois quarts de cette production étant assurés par les gisements de Hassi Messaoud pour le pétrole brut et Hassi R'mel pour le gaz naturel. Dans le segment Aval, plus de 27,5 millions de m3 de gaz naturel liquéfié sont produits alors que 7,2 millions de tonnes de GPL étaient séparées dans le nord. Le volume total des hydrocarbures commercialisés s'élève, de son côté, à 148 millions de TEP dont 111 millions exportées alors que le volume du pétrole traité par les raffineries du nord du pays a atteint 21 millions de tonnes. S'agissant de l'approvisionnement du marché national, 37 millions de TEP ont été livrées en 2011, en hausse de 3% par rapport à l'année 2010. Par ailleurs, les réserves prouvées de l'Algérie sont évaluées à environ 4 milliards de TEP.

Quant aux projets de Sonatrach dans la pétrochimie, il citera un vaste programme de développement lancé pour satisfaire le marché national en produits pétrochimiques, à réduire la facture d'importation, à développer des PME/PMI en aval des projets pétrochimiques et à valoriser au mieux la transformation des hydrocarbures tant liquides que gazeux pour une forte valeur ajoutée. Pour l'international, M. Zerguine déclare que Sonatrach est présente dans plusieurs pays depuis plus d'une dizaine d'années où ses activités à l'international se concentrent autour de l'exploration, la production d'hydrocarbures, l'aval pétrolier et gazier, le transport maritime et par canalisations, ainsi que la commercialisation et des prises de participation dans des groupes énergétiques. A cet effet, dira-t-il, la compagnie a adopté une stratégie d'internationalisation dans l'Amont fondée sur l'exploration des bassins proches de notre pays afin d'évacuer, en cas de découverte, les hydrocarbures vers nos réseaux de transport et nos usines de traitement. C'est ainsi qu'à travers sa filiale SIPEX, Sonatrach a visé des blocs d'exploration au Niger, au Mali, en Mauritanie et en Libye, où les activités reprendront très prochainement. L'Algérie est également en partenariat, avec d'autres compagnies, en Mauritanie, en Libye, au Mali et en Tunisie.

Sonatrach s'est également imposée comme un acteur incontournable sur le marché international du gaz naturel, notamment après la mise en exploitation du gazoduc Medgaz.