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Hausse des prix: La pomme de terre qui cache le reste

par M. Nadir

La tendance haussière des prix des produits de large consommation dans les différents marchés oranais ne semble pas vouloir fléchir, et le pouvoir d'achat du consommateur -brièvement dopé par les augmentations de salaires de 2011- subit aujourd'hui un sérieux et inquiétant affaiblissement.

Un petit tour d'horizon sur les prix des fruits et légumes donne la mesure de la gravité de la situation: de modeste féculent accessible à toutes les bourses, la pomme de terre fait désormais partie des légumes les plus onéreux puisqu'elle est cédée à 70 et 80 DA le kilogramme après qu'elle eut atteint la barre emblématique des 100 DA, il y a juste quelques jours. Au marché de gros, la pomme de terre était proposée hier à 60 DA le kg. Le président du conseil interprofessionnel de la filière pomme de terre avait expliqué, il y a quelques jours, la hausse des prix de la pomme de terre par les intempéries qui avaient caractérisé le mois de février et qui auraient eu des conséquences sur les récoltes. Ainsi, la récolte de pomme de terre, qui devait intervenir au mois de février, a été décalée d'un mois pour cause de gel ayant frappé les zones où la production est la plus importante. La même source avait cité l'exemple de la wilaya de Mostaganem, où sur 7.000 hectares de pomme de terre prévus, seulement 2.500 hectares avaient pu être récoltés. Et d'expliquer que le Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) n'avait pas prévu le décalage dans la récolte puisque les stocks devaient suffire jusqu'à fin février avant l'entrée de la nouvelle production sur le marché.

Pour les autres produits, et naturellement plus coûteux, le poivron était proposé hier à 170 DA, la tomate et la salade à 100 et 110 dinars le kilogramme, les courgettes à 150 DA et les petits pois à 140 DA, dans la majorité des marchés, qu'ils soient formels ou informels, avec la même désinvolture chez des marchands qui ne manifestent même plus le moindre embarras puisque, justifient-ils, la responsabilité incombe aux producteurs et aux mandataires qui spéculent à leur guise. Légèrement plus modestes mais toujours sensiblement élevés, les prix des carottes et des navets avoisinent les 60 DA le kg et les oignons 60 ou 70 DA le kg, alors que côté fruits, la banane a frisé les 180 DA et l'orange les 150 DA le kg. Au chapitre des viandes, la situation n'est pas plus reluisante puisque le prix de la viande rouge oscille entre 1.200 et 1.300 dinars, celui du poulet avoisine les 380 DA et l'escalope de dinde flirte avec les 800 dinars. Ces prix hallucinants et d'autres encore sont pratiqués alors que le mois de Ramadhan, réputé comme étant l'un des plus lourds pour les bourses, est encore à plus de trois mois et qu'aucun indicateur n'augure d'un quelconque fléchissement des prix pour les prochaines semaines. Même si le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a rassuré sur la stabilisation prochaine des prix en raison de la prochaine mise sur le marché de la production saisonnière.

Ceci étant, s'il est vrai qu'ils ne peuvent interférer dans l'établissement des prix -désormais libres et soumis à la seule loi de l'offre et la demande-, les pouvoirs publics peuvent, en revanche, intervenir dans la régulation du marché et la stabilisation des prix. Le ministre du Commerce s'y est engagé il y a quelques années, le consommateur attend toujours?