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Dépenses publiques: Les critiques du patronat

par Z. Mehdaoui

Le «système rentier» bloque toute perspective de diversification de notre économie. C'est le constat du forum des chefs d'entreprises (FCE) qui a convié, hier, un panel d'experts, d'économistes et d'universitaires à l'occasion de la tenue d'un symposium, à l'hôtel El Aurassi d'Alger.

Très critiques, certains invités ont «écorché» tout ce qui a été entrepris jusqu'ici par les différents gouvernements sans pour autant proposer à leur tour des «sorties de crise» ou des «palliatifs» à tous ces maux qui empêchent l'émancipation d'une véritable économie.

 Dans son discours d'ouverture, le président du FCE Reda Hamiani a été tantôt critique, tantôt conciliant en déclarant notamment : «Comment, en effet, après un demi-siècle de développement caractérisé incontestablement par d'importantes réalisations, mais aussi par des tâtonnements et des échecs, ne pas être tenté de s'arrêter un moment pour jeter un regard rétrospectif lucide sur nos réussites et sur nos échecs, et réfléchir à la voie la plus sûre pour poursuivre, avec succès, le développement de notre pays sans risque de rééditer nos erreurs passées».

 Reda Hamiani qui soutient que notre pays a obtenu des résultats dont il peut être fier aujourd'hui, note en parallèle que la difficulté et la complexité de l'édification économique et du développement en Algérie ont été telles qu'il reste encore beaucoup de défis à relever pour parvenir à transformer une économie dont le fonctionnement, dit-il, est tout entier dépendant de la rente pétrolière. «Notre conviction est que c'est par l'approfondissement des réformes, par la restructuration de l'économie nationale, par la transformation du mode de croissance et l'expansion du secteur privé, que nous pourrons réaliser des progrès décisifs dans cette direction», a encore déclaré le président du FCE qui soutient que le «consensus vertueux et gagnant ne peut se construire et ne doit se construire qu'autour de l'entreprise».

 Le patron du FCE n'a pas, par ailleurs, évoqué les 50 propositions que son organisation avait préparées à l'occasion du Cinquantenaire de l'Indépendance pour sortir le pays de son marasme économique. Les responsables du FCE veulent garder le secret jusqu'à aujourd'hui, dernière journée de la rencontre à l'hôtel El Aurassi, pour rendre publiques ces «propositions» qui seraient, selon des indiscrétions, des propositions adressés aux autorités.

 Dans sa note de présentation du symposium, placé sous le thème «de l'urgence d'une nouvelle politique économique moins dépendante des hydrocarbures», le FCE s'attaque aux politiques budgétaires observées par le gouvernement, en soulignant «qu'il semble urgent de commencer à donner une cohérence à ce qui s'apparente à une frénésie de dépenses publiques, à des niveaux financiers jamais atteints jusque-là, sans que la visibilité des objectifs poursuivis, leur pertinence et leur efficacité aient fait l'objet de réflexion approfondie».

 La disponibilité d'un volume important de ressources financières provoquée par une conjoncture exceptionnellement favorable sur le marché international des hydrocarbures devrait servir en priorité à préparer l'avenir et non à justifier des dépenses inefficaces ou inopportunes, est-il écrit dans la note. «Il s'agit de commencer à fixer à la politique économique nationale, une perspective claire, en termes de diversification progressive d'un système de production et d'exportation, aujourd'hui plus que jamais marqué par son excessive dépendance à l'égard du secteur des énergies fossiles», lit-on également dans le document qui met, par ailleurs, en garde contre l'épuisement de cette énergie.

 Le FCE, malgré les dernières mesures prises lors de la dernière tripartite en faveur du secteur privé, considère toujours que l'entreprise relevant de ce secteur est marginalisée. «L'entreprise privée à ce jour est encore marginalisée et tenue à l'écart de l'initiative, dans un grand nombre de secteurs stratégiques ou structurants de l'économie nationale», soutient le FCE qui plaide, en outre, pour la protection et la réhabilitation de l'entreprise privée qui devrait être à l'avenir, selon toujours cette organisation, «le fer de lance d'une économie algérienne moderne, compétitive et harmonieusement insérée dans le système des échanges mondiaux».