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Les ratages de Bouguerra Soltani

par Kharroubi Habib

Il n'y a pas eu grande foule au meeting animé par Bouguerra Soltani mercredi à Constantine. Il n'y en a pas eu également à celui qu'il avait précédemment tenu à Oran. En guise d'explication aux parterres clairsemés qu'il a réunis dans ces deux métropoles régionales, le chef du MSP a argué du mauvais temps qui, selon lui, aurait dissuadé les sympathisants de sa formation à venir à ces rendez-vous.

Il y a probablement une part de vérité dans l'explication avancée par Soltani. Mais elle est trop courte concernant une formation dont les militants et sympathisants sont réputés pour l'abnégation qui les anime dans l'activisme partisan. Soltani s'est abrité derrière la justification du mauvais temps parce qu'il se refuse à admettre que le MSP qu'il préside est au creux de la vague et ne veut pas reconnaître que la dissidence provoquée par Menasra a singulièrement élagué ses rangs. Les ratages qu'il essuie en ce début de campagne électorale lui montrent bien pourtant que son audience et celle du MSP n'attirent pas les foules et que ce constat rend hypothétique l'espérance qui l'habite et qu'il proclame de gagner les prochaines élections.

En fait, Soltani et le MSP payent d'avoir fait dans la politique de l'entrisme opportuniste, dont leur base militante et sympathisante a en grande partie très vite reprouvé et contesté les résultats. Un désaveu que les adversaires dans la direction du parti de Soltani ont attisé puis utilisé comme argument pour leur dissidence qui a donné naissance au nouveau parti, le Front du changement, que préside Menasra.

En politicien chevronné, Bouguerra Soltani a voulu ranimer la flamme militante dans les rangs du MSP en proie au doute. En rompant d'abord avec l'Alliance présidentielle dont sa formation a été partie prenante, puis en tentant d'imposer celle-ci en tant qu'axe fédérateur des différentes expressions du courant islamiste. Ces repositionnements n'ont apparemment pas eu l'effet escompté par lui. La saignée provoquée par la dissidence de Menasra n'a pas été stoppée et le MSP n'a guère obtenu d'échos favorables à ses propositions de fédération des formations islamistes.

Bouguerra Soltani et le MSP doivent au contraire s'attendre à un ostracisme marqué à leur encontre. De la part du nouveau parti islamiste créé en rejet de la stratégie partisane qu'ils ont suivie depuis plus d'une décennie et des autres formations de même nature qui chassent électoralement sur les mêmes terres qu'eux.

Il sera difficile, voire mission impossible, à Soltani et au MSP de faire oublier dans la campagne électorale qui démarre les critiques dont ils sont la cible de la part de ceux qui ont quitté leur rang et de leurs concurrents se prévalant de l'étiquette islamiste. S'il y a vote sanction contre l'Alliance présidentielle, le MSP en fera les frais, même s'il pratique la surenchère dans la dénonciation de la gouvernance en place, maintenant qu'il est censé être dans « l'opposition ». Mais au fait, le MSP est-il dans l'opposition, lui dont les ministres sont toujours au gouvernement ?