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La Ligue arabe saisit l'ONU: Pour une mission de paix en Syrie

par Yazid Alilat

L'intrusion de ?'djihadistes'' venus d'Irak, du Liban ou d'autres pays arabes dans le conflit en Syrie a donné une autre texture à cette crise qui perdure depuis mars dernier, avec au moins 6.000 victimes. Par soutien à l'opposition syrienne et aux sunnites, des dizaines de djihadistes se sont infiltrés dans le pays et rejoint les rangs de l'opposition pour combattre les forces du régime d'Al Assad, selon leurs sites Internet. Ces djihadites sunnites affirment sur leurs sites Internet combattre en Syrie contre les forces du régime de Bachar al-Assad. Ces sites évoquent des combattants venus de pays arabes, au moment où le vice-ministre irakien de l'Intérieur, Adnane al-Assadi, a assuré que des combattants et des armes étaient passés en Syrie, à travers la longue frontière en plein désert que le pays partage avec l'Irak. «L'Etat (islamique d'Irak, regroupement d'organisations affidées à Al-Qaïda) envoie les meilleurs de ses hommes et leur sang pur arrose la terre de Syrie», assure un intervenant dans un article publié jeudi, sur le site «Ansar al-Moujahidine». Ces combattants ont répondu aux appels lancés sur les sites djihadistes, à l'envoi d'hommes et d'armes pour «soutenir les sunnites qui se battent contre les Nousayris», terme évoquant le fondateur du mouvement alaouite, une branche du chiisme à laquelle appartient le président syrien. Ayman al Zawahiri, chef d'Al Qaida, a de son côté apporté l'appui de l'organisation terroriste au soulèvement contre le régime d'al Assad et apporté sa caution aux djihadistes. Selon un centre américain de surveillance des sites islamistes, SITE, une vidéo, intitulée «En avant, les lions de Syrie», montre Ayman al-Zawahiri accusant le régime syrien de crimes contre ses citoyens et loue ceux qui se rebellent contre le gouvernement. Cette vidéo mise en ligne samedi et d'une durée de plus de huit minutes, montre Zawahiri, devant un rideau vert, encourageant les Syriens à ne pas faire confiance aux gouvernements occidentaux ou arabes, qui imposeraient selon lui un régime inféodé à l'Ouest. «Ne dépendez pas de l'Ouest et de la Turquie qui ont eu des contrats, des accords et des partages avec ce régime pendant des décennies, et qui n'ont commencé à les abandonner que lorsqu'ils ont vu le régime vaciller», déclare le chef d'Al-Qaïda. «Ne dépendez que d'Allah, et comptez sur vos sacrifices, votre résistance et votre fermeté». L'appel du chef d'Al Qaida aux ?'djihadistes'' arabes porte également sur la constitution d'un Etat ?'qui défend les pays musulmans, cherche à libérer le Golan et continue son djihad jusqu'à hisser la bannière de la victoire au-dessus des collines usurpées de Jérusalem». L'implication de groupes djihadistes irakiens en Syrie est, par ailleurs, soulignée par des responsables américains, qui ont requis l'anonymat, et selon lesquels la branche irakienne d'Al-Qaïda était probablement derrière des attentats à la voiture piégée qui ont fait 28 morts et plus de 200 blessés, vendredi à Alep (nord de la Syrie). Des affirmations confirmées dimanche par l'armée syrienne qui indique avoir tué et capturé à Homs des combattants étrangers entrés en Syrie. «Nous visons tout homme armé où qu'il se trouve, on ne coopère pas avec des terroristes», a indiqué un responsable syrien sous couvert de l'anonymat, cité par le journal «Al Watan.» Selon lui, ?'les autorités avaient réussi à tuer nombre d'entre eux, dont certains de nationalités arabes et étrangères» et à en arrêter d'autres, à Homs, pilonnée par les forces du régime depuis huit jours. Jeudi, un responsable militaire avait affirmé, au même quotidien, que l'armée avait tué et arrêté plusieurs combattants, «certains portant les nationalités libanaise, libyenne et afghane» et «liés à Al-Qaïda» lors d'affrontements avec des «groupes armés» à Baba Amr, l'un des quartiers les plus bombardés de Homs. L'implication de djihadistes irakiens dans la crise syrienne est d'autre part corroborée par les déclarations du ministre adjoint irakien de l'Intérieur, Adnane al-Assadi, qui a affirmé samedi que des djihadistes étaient partis combattre en Syrie et que des armes à destination de l'opposition syrienne étaient acheminées à partir de l'Irak. Sur le front diplomatique, les ministres arabes des Affaires étrangères, réunis dimanche au Caire, ont décidé d'entrer en contact avec l'opposition syrienne et de former une mission de paix conjointe avec l'ONU, selon un communiqué ayant sanctionné les travaux de la réunion des ministres des affaires étrangères . La Ligue a décidé d' «ouvrir des canaux de communication avec l'opposition syrienne et de lui fournir toutes les formes de soutien politique et matériel», d'après ce texte. L'organisation a aussi décidé de «mettre fin à la mission des observateurs de la Ligue arabe (...) et d'inviter le Conseil de sécurité à adopter une résolution formant des forces de maintien de la paix arabo-onusienne conjointe». La Ligue appelle enfin ses pays membres à rompre «toutes les formes de coopération diplomatique avec les représentants du régime syrien dans les Etats, les instances et les conférences internationales. Enfin, le chef de la mission des observateurs de la Ligue arabe en Syrie, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi a démissionné de son poste dimanche. Les raisons de cette démission ne sont pas encore connues. Sur le terrain, la situation reste précaire, avec des affrontements dans plusieurs villes entre militaires et manifestants.