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Etat d'alerte après la défection de Gazprom: L'Italie veut plus de gaz algérien

par Salem Ferdi

L'Italie a importé plus de gaz d'Algérie afin de compenser la baisse des approvisionnements russes du fait de la vague de froid qui sévit en Russie et dans le reste de l'Europe. L'apport algérien a permis de stabiliser une situation qui avait été qualifiée de «critique» par le ministre italien du Développement économique, Corrado Passera. «La situation est critique, car la Russie et la France ont réduit leurs livraisons de gaz. Cependant, nous contrôlons la situation», a-t-il déclaré lors d'une réunion à Milan. L'opérateur italien, Snam Rete Gas, avait donné l'alarme en signalant que les livraisons de gaz russe à l'Italie avaient dernièrement baissé de 20-30%. Il est vrai également que la vague de froid a provoqué un pic de consommation de gaz qui a dépassé toutes les prévisions. Le PDG du géant italien ENI a, néanmoins, relativisé les choses en soulignant que l'importation de quantités supplémentaires de gaz d'Algérie a permis de sécuriser la situation. Il a déclaré, dimanche, qu'il ne voyait aucun risque de pénurie pour les prochains jours. L'Italie importe 90% de ses besoins en gaz dont 30% de la Russie. Mais l'Algérie est son premier fournisseur en gaz dans une proportion de 32 à 37% de ses besoins. « Nous avons réagi en important plus de gaz en provenance d'Algérie. Cela nous permet de dire qu'il n'y aura pas de problèmes pour les prochains jours. Nous allons faire une autre évaluation jeudi ou vendredi,» a déclaré le PDG d'Eni, Paolo Scaroni. «Nous serons en mesure de gérer la pénurie de gaz russe, même dans l'avenir,» a-t-il dit. L'apport algérien permet en tout cas de gérer l'état d'alerte gazier vécu par l'Italie du fait des interruptions des approvisionnements par Gazprom. Le recours au gaz algérien pour passer cette phase critique est confirmé par le ministre italien du Développement économique et des infrastructures, Corrado Passera. L'état des approvisionnements est surveillé en permanence, a indiqué Passera, qui a souligné que la consommation de gaz en Italie pourrait atteindre des pics historiques avec environ 440 millions de mètres cubes par jour. Il a confirmé que l'Italie augmenterait ses importations des quantités de gaz d'Algérie et d'Europe du Nord, pour faire face à la réduction momentanée des approvisionnements en provenance de Russie».

LE GALSI ENCORE PLUS PERTINENT POUR L'ITALIE

Ce qu'il faut noter est que Sonatrach est en mesure de fournir des quantités additionnelles de gaz et qu'elle est donc en mesure de réagir à la demande des clients. Mais, surtout, cette situation exceptionnelle de stress gazier en Italie ne peut que confirmer l'importance du projet de gazoduc Galsi pour la sécurisation de ses approvisionnements. Le projet que la rumeur a enterré un peu trop rapidement a été validé récemment par une Autorité spécialisée italienne dépendant du ministère du Développement économique. Devant relier directement l'Algérie à l'Italie via la Sardaigne, le Galsi est un investissement de 3 milliards d'euros. Le Galsi doit relier Hassi R'mel à El-Kala dans sa partie «on shore» sur une longueur de 640 km. Dans sa partie «off shore», le projet reliera El-Kala à Cagliari en Sardaigne sur une distance de 310 km. Le vice-ministre italien de l'Industrie, Stefano Saglia, avait souhaité, en octobre dernier, en accélérer le processus. «Le gazoduc Galsi est un projet stratégique. Il nous relie directement à l'Algérie, sans passer par d'autres pays. Il augmente donc la sécurité de l'approvisionnement national et permet d'approvisionner la Sardaigne en méthane», avait-il indiqué en relevant que la «pertinence » du projet Galsi a été «reconnue au niveau communautaire» européen. L'état d'alerte de ces derniers jours ne fait que confirmer sa pertinence. Hier, la Commission européenne a indiqué que la situation était en voie de normalisation dans la plupart des pays européens qui avaient subi une réduction des livraisons de gaz russe.