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Naftal s'explique: Les raisons d'une tension

par Salah C, R. B. & D. B.

Hier, plusieurs stations-service étaient désertes par manque de carburants et les rares qui en disposaient étaient prises d'assaut depuis le matin et parmi lesquelles les stations «Petroser», un opérateur privé qui gère trois stations à Oran.

A la station-service «El Bahia» appartenant à Naftal et située à quelques encablures du centre régional de distribution des carburants, il y avait un grand rush et plusieurs automobilistes ont fait le déplacement dans plusieurs wilayas voisines. Certes, de par sa position de relais et proche des voies d'accès, cette station a toujours servi les usagers de la route transitant par la wilaya d'Oran, mais hier plusieurs d'entre eux affirmaient qu'ils sont venus juste dans l'espoir de faire le plein et rationner leurs déplacements, en attendant que la situation redevienne normale. Selon les habitués de cette station, prisée pour la qualité des carburants qu'elle dessert, depuis deux jours l'attente peut facilement atteindre une heure, alors que par temps normal, il suffisait de 10 minutes pour faire le plein. L'autre fait nouveau, ce sont tous ces citoyens qui sont venus avec des jerricans et qui n'ont pu remplir vu l'interdiction de cette pratique. L'ampleur de la chaîne sur trois files et dans tous les sens, était telle qu'elle a débordé sur les routes adjacentes, rendant la circulation très difficile. A une centaine de mètres sur l'autre côté du 3ème périphérique, la station était déserte même si elle porte le signe « Naftal ». Renseignements pris sur place, par manque de carburants, la fermeture s'est imposée et même les autres carburants tels le gasoil et l'essence sans plomb ont manqué, la station n'ayant pas été alimentée. A la station d'essence située en face du lycée Lotfi, une station très fréquentée également, une chaîne interminable sur deux files était visible. On affirme ici qu'une ambulance provenant de Tiaret et acheminant un malade grave n'a pu faire son plein que grâce à la compréhension des clients qui ont tout fait pour que ce véhicule passe en priorité. Dans certaines stations, les policiers ont dû intervenir pour réguler le flux des automobilistes et calmer les esprits surchauffés.

Concernant la disponibilité de ce carburant dans les stations «Petroser», on apprend auprès d'un agent de la station-service de Yaghoracen, que celle-ci n'en a pas manqué étant donné que durant cette crise, à l'ouest du pays, elle a été alimentée à partir de l'est du pays. Cependant, vu l'important flux, l'une des deux pompes d'essence super a été saturée et la seule en marche ne pouvait répondre à la demande, d'autant que tous les clients demandaient le plein, alors qu'en temps normal, ils se suffisaient de 200 DA de carburant.

Dans cette station, mitoyenne à la gare routière, là ou s'approvisionnent généralement les camions, les cars de transport, long et court trajets, les taxis inter-wilayas, dès le lever du jour, soit aux environs de 7h , une chaîne de plusieurs dizaines de véhicules s'était déjà formée.

La plupart des automobilistes avaient les réservoirs à sec et cherchaient à s'approvisionner en essence super ou normale. Pour le gasoil, il n'y avait aucun problème de disponibilité. Au fur et à mesure que les minutes passaient, la chaîne de véhicules s'intensifiait. Les automobilistes ayant eu vent que c'est l'une des rares stations où le précieux liquide était disponible, se sont déplacés à partir de plusieurs communes limitrophes et même de wilayas limitrophes.

Selon l'un des agents, la station est quotidiennement alimentée, mais au vu de la forte demande, les cuves se vident dès les premières heures de l'après-midi. Aux environs de 8h, il était très difficile d'accéder à la station, à cause du nombre de véhicules qui attendaient leur tour.

Par ailleurs, un climat délétère a prévalu, dans l'après-midi d'avant-hier, à la station-service de la commune de Bousfer, située sur le territoire de la daïra d'Aïn El Turck. Les raisons de cette ambiance tendue, qui a régné sur les lieux, caractérisée essentiellement par des prises de bec entre automobilistes, s'expliquent par le fait que c'était la seule station, dans ladite daïra, où le carburant, notamment le super, était disponible. L'information a été rapidement véhiculée dans cette partie de la wilaya d'Oran et une véritable ruée s'est manifestée. Les pompistes ont été pris au dépourvu par les longues files de voitures. Dans la matinée d'hier encore, cette station était toujours submergée par un nombre impressionnant de voitures, mais fort heureusement aucune incartade n'a été enregistrée contrairement à la veille. En effet, lundi après-midi, la situation, devenue tendue à l'extrême, à un moment donné, a failli dégénérer, n'était-ce l'intervention des éléments de la brigade de gendarmerie territorialement compétente. Les gendarmes ont finalement réussi à calmer les esprits surchauffés en régulant la circulation à l'intérieur de cette station. «L'absence de civisme a prévalu et a été à l'origine de nombreuses altercations entres automobilistes. Nombre d'entre eux se sont déplacés d'Oran et ses environs immédiats pour s'approvisionner en carburant super, qui n'est encore pas disponible dans plusieurs stations de la wilaya d'Oran », a expliqué un pompiste.

D'autre part, la pénurie de carburant a gagné plusieurs wilayas de l'ouest du pays, notamment Chlef, Mostaganem et Sidi Bel-Abbès et Tlemcen.          Dans ces wilayas, le manque de carburant dure depuis plus d'une semaine pour certaines comme Tlemcen et depuis samedi dernier pour d'autres, notamment Mostaganem qui a connu sa dernière livraison vendredi dernier.

Pour de plus amples détails sur cette pénurie, nous avons pris contact avec M. Cherdoud, le chargé de communication auprès de la direction générale de Naftal, qui a, tout en reconnaissant cette tension sur le carburant qui dure depuis 4 jours, voire davantage, l'explique par le fait qu'elle a été « engendrée par l'effet de la consignation des ports, depuis une huitaine en raison des intempéries ». Selon notre interlocuteur, les tankers ne peuvent nullement accoster aux ports afin d'effectuer les déchargements. Néanmoins, la situation est en cours d'amélioration et, depuis deux jours, l'approvisionnement des stations a repris et cette pénurie prendra fin dans les tout prochains jours ».