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SKIKDA: Des étudiants passent la nuit à la belle étoile

par A. Boudrouma

Ne voyant aucune solution à leur revendication, poindre à l'horizon, des dizaines d'étudiants «disqualifiés» par l'Université du 20 Août 1955 dont les responsables ont opposé un niet catégorique à leur inscription au Master, ont décidé de recourir à une autre forme de protestation en passant des nuits blanches devant le Rectorat.

Cette action intervient après avoir été chassés des départements qu'ils ont fermés en guise de pression sur l'administration, une situation qui a fini par faire perdre patience au Recteur qui s'est déplacé lui-même en compagnie d'agents de sécurité pour déloger brutalement les contestataires et réussir à rouvrir les départements fermés depuis plusieurs jours.

Les contestataires soutiennent avoir lâché prise de peur d'une confrontation qui aurait pu aggraver les choses malgré la tentative des agents de sécurité de les disperser dans un jeu de cache-cache et les évacuer du campus. Ce n'était que partie remise car les étudiants reviennent à la charge en innovant par l'occupation de l'espace attenant au rectorat où ils passeront leurs nuits à la belle étoile. Contacté pour en savoir d'avantage sur ce problème, le représentant de l'Ugel, M. Mahieddine Bousseliou a affirmé « effectivement ce conflit n'a que trop duré, il fait suite aux promesses non tenues de l'administration qui a fait miroiter la possibilité aux étudiants qui le souhaitaient de poursuivre leurs études de Master.

Malheureusement l'université n'a retenu qu'un faible taux d'étudiants et c'est pour cette raison qu'en compagnie d'autres organisations estudiantines, nous avons demandé une entrevue avec le Recteur pour mettre les points sur les i à ce sujet. Nous jugeons la revendication des étudiants légitime car le diplôme de licence ne leur permet même pas d'aspirer à un concours d'enseignants où l'on a exigé dernièrement le Master, ils sont donc en droit de demander la poursuite de leurs études chose que nous appuyons. Les responsables doivent revoir le taux d'admission au Master à la hausse nécessairement car si l'on prend le génie civil par exemple, sur 260 étudiants ayant obtenu la licence, seulement 80 ont été retenus et c'est trop faible? ». Contacté à ce sujet, M. Belachia vice- Recteur chargé des études a soutenu « le nombre de postes au Master se détermine en fonction des potentialités en encadrement. Par exemple pour le département de Génie civil, l'Université ne dispose que de 25 enseignants toutes spécialités confondues et qui ne pourront jamais encadrer plus des 80 étudiants que nous avons retenus après une dérogation interne car initialement on avait retenu seulement 30 étudiants. Il faut savoir que nos capacités sont saturées. Comparativement, l'Université de Constantine dispose de 120 professeurs pour 220 étudiants, soit moins de 2 étudiants par professeur. » Pourquoi avoir admis alors un aussi grand nombre d'étudiants, la même source a indiqué « à l'époque, la présence de grandes entreprises étrangères Cojaal, Samsung etc, et les débouchés potentiels qu'elles pouvaient offrir, a stimulé un grand nombre d'étudiants qui ont afflué vers la filière génie civil et 270 étudiants ont été inscrits au départ. »

Il est vrai que depuis les donnes ont changé et l'université s'est retrouvée, au bout du compte, en sureffectif n'ayant pas les capacités de tenir ses engagements et satisfaire les demandes. « Un problème de taille dont l'université aurait pu faire l'économie en anticipant les solutions » a soutenu un des étudiants.

Il a fallu attendre jusqu'à jeudi dernier, à la troisième journée de nuit blanche, pour voir le recteur réagir par une conférence de presse durant laquelle il confortera les propos de son vice-recteur. Au sujet du sit-in devant les sièges des départements, il dira « nous étions obligés de prendre nos responsabilités face à la situation, nous ne sommes pas contre les manifestations pacifiques mais interdire aux étudiants et aux professeurs de rejoindre leurs salles de cours n'était pas acceptable?» Pour résoudre le conflit, il dira avoir proposé aux étudiants plusieurs variantes dont la possibilité de rejoindre les universités de Batna, M'Sila ou Khenchela soit de figurer, pour ceux qui ouvrent droit selon les critères définis par le ministère, dans une liste qui sera prise en considération la prochaine année universitaire avec la promotion suivante dont le nombre est inférieur à l'actuelle. Au sujet de la reconnaissance du diplôme, il a tenu à souligner que la licence obtenue est d'égale valeur à l'ancienne et que sa reconnaissance ne pose pas de problème puisque de nombreux organismes parmi eux la Sonatrach qui a publié une annonce pour le recrutement de 2.000 licenciés LMD.

Pourtant malgré les assurances, le moral des étudiants frondeurs n'était pas au beau fixe puisqu'ils affirment « les responsables n'avaient pas à nous promettre monts et merveilles avec le système LMD pour se défiler maintenant, ils n'ont donc qu'à se débrouiller pour régler ce problème qui leur incombe totalement en cherchant d'autres solutions que celles qu'ils nous proposent? »