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Ses déclarations sont «inacceptables» : Aïcha Kadhafi met Alger dans l'embarras

par Djamel Belaïfa

Les déclarations de Aïcha Kadhafi, la fille du dirigeant libyen déchu, qui a notamment qualifié vendredi, les nouvelles autorités libyennes de traîtres, sont «inacceptables» et des mesures seront prises pour que ce type de comportement ne se répètera plus, a déclaré samedi à l'APS, le ministre des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci. Ce dernier a affirmé que des démarches ont été entreprises, le même jour, auprès du Conseil de sécurité pour exprimer la position du gouvernement algérien. «J'ai été informé de cette déclaration faite par Mme Aicha Kadhafi, à la chaîne satellitaire «Arrai», et je ne peux qu'exprimer ma surprise devant une telle déclaration qui vient d'une dame que l'Algérie a accueillie, avec le reste de sa famille, pour des raisons humanitaires et qui transgresse les devoirs qui sont les siens vis-à-vis du pays qui l'a accueillie», a déclaré M. Medelci. Ce dernier se trouve, actuellement, à New York dans le cadre de la 66ème Assemblée générale de l'ONU. «Je tiens à dire que cette sortie (médiatique de Aicha Kadhafi ) est inacceptable pour nous et que des décisions seront prises pour qu'à l'avenir, des comportements de ce type-là ne puissent plus avoir lieu», a-t-il ajouté.

 Par ailleurs, «je voudrais affirmer une fois de plus, notre engagement à travailler avec les nouvelles autorités libyennes à la reconstruction de leur pays et à la consolidation de nos rapports», a encore indiqué le chef de la diplomatie algérienne. En conséquence des déclarations faites par Aïcha Kadhafi, M. Medelci a souligné qu'une démarche auprès du Conseil de sécurité de l'ONU devait être entamée dès samedi pour «notifier au Conseil de sécurité la position du gouvernement algérien sur cette malheureuse déclaration», faite par Aïcha Kadhafi. Dans la soirée de vendredi, la fille du dirigeant libyen déchu, a assuré que son père allait bien et combattait sur le terrain, s'en prenant aux nouvelles autorités qu'elle a qualifiées de traîtres, dans une intervention téléphonique sur la chaîne «Arraï» basée en Syrie. «Soyez tranquilles, votre grand leader va bien, il porte les armes et combat sur les fronts», a dit Aïcha Kadhafi sur la chaîne qui diffuse régulièrement des messages de dignitaires de l'ancien régime. «Vous pouvez être fiers de votre leader», a-t-elle affirmé s'adressant au «peuple résistant» de Libye, qu'elle a appelé à se «soulever» contre les nouvelles autorités.

 Aïcha Kadhafi, qui s'est réfugiée en Algérie avec deux de ses frères et sa mère, a qualifié «le nouveau gouvernement de mascarade», faisant allusion au Conseil national de transition. Aïcha Kadhafi s'en est pris aux responsables du CNT, citant notamment Mahmoud Jibril, n°2 du Conseil, Abdelhafiz Ghoga, vice-président du CNT et Abdelhakim Belhadj, commandant militaire de Tripoli, qu'elle a qualifiés de «traîtres qui ont rompu leur serment d'allégeance» au régime du colonel Kadhafi. Elle a ainsi prévenu les Libyens : les dirigeants du CNT «ont trahi leur allégeance et ils pourraient le faire avec vous aussi».

 Il est à rappeler que l'épouse de Mouammar Kadhafi, Safia, sa fille Aïcha, ses fils Hannibal et Mohamed, accompagnés de leurs enfants, étaient entrés en Algérie le 29 août dernier, et avaient été accueillis pour des considérations «strictement humanitaires».

 Par ailleurs, le gouvernement algérien avait déclaré jeudi dernier sa volonté de travailler «étroitement» avec les nouvelles autorités libyennes «afin d'asseoir une coopération bilatérale féconde, au bénéfice des deux peuples frères». A ce propos, M. Medelci avait déclaré à l'APS à New York que l'Algérie a décidé de travailler avec les nouvelles autorités libyennes et de faire en sorte que la coopération entre les deux pays redevienne une coopération normale, et je dirais même une coopération particulièrement renforcée dans tous les domaines». Expliquant la démarche de l'Algérie qui a abouti à cette décision, le chef de la diplomatie algérienne avait souligné que la position de l'Algérie a été basée, d'une part, «sur la cohérence avec celle de l'Union africaine», et d'autre part, «sur l'engagement du CNT à consolider l'unité du peuple libyen, qui est certainement l'objectif le plus important». Sur le terrain, les combattants pro-CNT font face depuis plusieurs jours, à une résistance opiniâtre dans les fiefs pro-Kadhafi.