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Terramin toujours «plombée» dans la mine de Tala Hamza

par Samy Injar

L'exploitation du 5e gisement mondial de zinc et de plomb à Oued Amizour-Tala Hamza ne démarrerait pas en 2013 comme prévu. Terramin la petite société minière australienne qui a curieusement bénéficié de 65% des parts de la joint-venture qui détient la licence du gisement n'arrive pas à valider son étude de faisabilité. Les alertes contre le risque environnemental que fait courir la mine sur la région ont été écoutées. Un peu normal, Chakib Khelil n'est plus là.

Les choses ne s'arrangent pas pour Terramin la société minière australienne au cœur, depuis quatre ans, d'un bras de fer autour de l'exploitation du gisement de zinc et de plomb de Tala Hamza dans la wilaya de Béjaïa, 250 km à l'est d'Alger. Son étude de faisabilité définitive pour développer le projet ne trouve toujours pas de réponse du côté des autorités du secteur. L'attente dure depuis bientôt une année. Le patron de la société australienne, Kevin Moriarty, espérait encore une validation de l'étude avant le mois de ramadan et a dû s'armer encore de patience. Les conclusions de l'étude de faisabilité définitive ont situé les réserves probables de 38.1Mt à 4.78% zinc et 1.36% plomb contenues dans des ressources mesurées, et projette à partir des ressources indiquées et présumées globales de 68.6 millions de tonnes à des taux de zinc et de plomb de 6,1%. Une étude qui place la durée de vie de la mine à 12 ans extensible, et rassure sur sa rentabilité notamment grâce à la qualité du minerai et à la faiblesse des coûts d'exploitation. Il reste que le risque de départ ne semble pas s'être dissipé. L'australien Terramin qui est opérateur au sein de Western Mediterranean Zinc (WMZ) aux côté de l'ENOF et l'ORGM affronte depuis 2007 des accusations d'insolvabilité, et de sous-dimensionnement pour apporter les garanties financières nécessaires à la sécurisation écologique du procédé d'exploitation sur un périmètre globale de 125 km2. Terramin a réalisé deux levées de fonds en 2009 pour réunir 300 millions de dollars nécessaires aux travaux d'approche, au creusement des premières galeries et à l'évaluation définitive du potentiel du gisement principal à Tala Hamza. Toutefois les garanties apportées dans l'étude de faisabilité sur les capacités de décontamination et de confinement des sites d'exploitation demeureraient problématiques. WMZ et son opérateur Terramin devront stocker 52 millions de tonnes de déchets.

Le départ de Chakib Khelil a affaibli Terramin

En mai 2010 le président de l'assemblée populaire de wilaya de Bejaïa était monté au créneau pour dénoncer dans un courrier adressé au gouvernement, «une incroyable escroquerie financière» et un bradage. C'est le partenaire algérien ENOF de Terramin au sein de l'actionnariat de WMZ qui a relancé au printemps dernier la polémique autour du projet et des références de Terramin. Les observateurs n'ont pas manqué de relever que l'incartade de ENOF était un peu tardive, alors que les investigations de presse ont montré depuis 2008, les faiblesses opérationnelles de Terramin et le risque que l'investissement en protection environnementale en soi le premier sacrifié dans le plan de développement du gisement. En réalité le contexte a changé dans le secteur des mines depuis le départ du ministre Chakib Khelil qui avait ostensiblement soutenu l'investisseur australien au plus gros de la tourmente. Pour justifier l'absence de réaction sur la validation de l'étude de faisabilité de Terramin, les responsables du secteur ont, croit savoir Maghreb Confidentiel, invoqué « le fait que la réorganisation de l'activité minière, dorénavant chapeautée par la nouvelle entité étatique algérienne Manal Spa (pour "Manadjim El Djazair"), accaparait beaucoup d'énergie et de temps au ministère ». Les retards dans le début de l'exploitation, ou pire pour Terramin, le risque de l'annulation de sa licence sur le gisement de Tala Hamza faute de garanties suffisantes, a déjà provoqué le courroux des actionnaires de l'entreprise australienne. Kevin Moriarty, son directeur général, devrait remettre son mandat à ses administrateurs dans les prochaines semaines.