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Pénurie des lubrifiants: Le début de la fin ?

par Houari Saaïdia

La pénurie des lubrifiants persiste. Toutefois, elle s'est relativement atténuée, notamment par rapport à la période juin-juillet où la crise des huiles pour véhihules avait atteint un pic. Il semble a priori que l'augmentation de la production des raffineries de la compagnie pétrolière nationale - ou plus précisément le retour à la normale après une sous-production -, conjuguée à la fin de la sur-demande qui caractérise la saison estivale, soit à l'origine de ce début de la fin de la pénurie (?).

Or, le marché local (des lubrifiants, des pièces de rechange et de tout ce qui touche à l'automobile en général), sous le joug de l'informel et du taïwan, a ses raisons que la raison ne connaît pas. En l'absence d'instruments de régulation et de contrôle sérieux, la spéculation reste le paramètre qui commande ce marché juteux et en oriente les variations. Marché des pièces détachées des Castors, dimanche 22 août. Petite virée de magasin en magasin à la recherche d'un bidon d'huile de vidange? Pas la moindre odeur de «Total», la marque la plus prisée par les Algériens. Les raisons de l'absence de ce produit divergent: baisse conséquente de la production de la «SPA Total lubrifiants», rétention de ce produit par des barons de ce filon qui exploitent ce climat malsain pour satisfaire leurs intérêts mercantiles, contrebande à gauche et à droite? Cela concerne tous les types d'huile Total, essence comme diesel. De temps en temps, on entend des rumeurs faisant état de la disponibilité de cette huile rare chez tel revendeur ou telle station-service : mais sur place, on se rend compte qu'il n'en est rien. «Oui j'en avais, mais je n'en ai plus à présent. Revenez la semaine prochaine, j'attends une commande.»

Un client rencontré sur place nous apprend qu'il est venu à ce point de vente trois fois, à trois ou quatre jours d'intervalle, et que c'était à chaque fois la même chanson. Finalement, il a opté pour la marque Elf, qu'il a trouvée chez un commerçant «ami» aux Castors. Il dit l'avoir acheté à 2.000 DA (un jerrican de 5 litres, type 5w40). «C'est un prix d'ami, car il est cédé sous le manteau entre 2.200 et 2.400 DA», précise notre interlocuteur, qui avoue, non sans un air de regret, qu'il faisait à tort la fixation, voire l'obsession sur la marque Total. «En tout cas, avec Elf, ma Peugeot 207 essence, année 2008, n'a pas fait jusqu'ici d'intoxication alimentaire.     Ça marche comme sur des roulettes», dit-il avec humour. Les idées reçues, les a-priori et les avis erronés livrés par des mécanos et autres vendeurs qui ne connaissent rien en la matière sont légion. Tout comme les automobilistes qui sont induits en erreur par ces mauvais conseilleurs. Un professionnel nous parle un peu sur ce sujet : «Il y a de nombreuses erreurs et confusions courantes. C'est le cas par exemple dans l'interprétation de la mention dite «grade/viscosité» (5W40, 10W40, 15W40). Beaucoup expliquent, par ignorance sans doute, mais des fois par mauvaise foi aussi, ces codes très sommairement comme étant la distance qu'on peut rouler avec cette huile avant de procéder à une vidange. Or, c'est très imprécis et inexact. Il faut savoir que l'huile synthétique, très polyvalente (multigrade), peut être utilisée à très basse ou haute température. Par exemple, une huile synthétique de grade 10W40 est stable, peu sensible à la température: sa viscosité varie peu avec la température. Ses performances lubrifiantes sont conservées dans des très basses (jusqu'à -50 °C) aux très hautes températures (indispensables pour les moteurs turbocompressés). Du fait de sa haute qualité intrinsèque, elle contient moins d'additifs que les autres types d'huile ; elle montre une meilleure stabilité d'origine et s'use moins vite qu'une huile minérale, dont la base est un mélange de milliers d'hydrocarbures de différentes tailles. Son principal défaut est son prix, le plus élevé. Une huile semi-synthétique, mélange d'une minérale et d'une synthétique, offre un compromis entre qualité et coût.» Le même professionnel précise qu'il n'y a pas une grosse différence entre les marques les plus connues, qui sont plus ou moins disponibles en Algérie, comme Total, Elf, Motul, Feu-Vert ou encore le produit Naftal. Concernant ce dernier produit, il n'est disponible que dans les trois grandes stations d'Oran (El-Bahia, El-Hamri et St Eugène) et, en sus, seulement en vrac (dans des fûts).

Quant à l'huile conditionnée (jerrican), elle est introuvable. Quotidiennement, des chaînes interminables sont enregistrées devant la station El-Bahia pour faire la vidange. Mais en raison de la quantité du stock réduit du fait du système de rationnement, un plafond de 50 véhicules par jour est adopté.