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Sahara Occidental: Un autre round, un autre échec

par Yazid Alilat

Un round à blanc. La 8e réunion informelle entre le Front Polisario et le Maroc à Manhasset, près de New York, s'est terminée sans qu'aucune piste ne soit retenue pour baliser le chemin vers une solution politique consensuelle rapide du conflit au Sahara Occidental. Menées sous les auspices de l'envoyé personnel du SG de l'ONU, le diplomate américain Christopher Ross, ces discussions n'ont pas abouti. Elles se sont achevées sans un compromis pour trouver une issue au conflit, les deux parties maintenant leurs propositions comme seules voies de règlement du conflit.

Et notamment la proposition marocaine d'une large autonomie de ce territoire, sous l'autorité de Rabat. La proposition sahraouie d'un référendum d'autodétermination reste, hélas, bloquée par l'entêtement du Maroc, qui occupe ce territoire depuis 1975. Pour autant, les discussions se poursuivront, et le prochain round est programmé entre septembre-octobre prochain.

M. Christopher Ross a indiqué que la 9e réunion informelle aura lieu après la prochaine session d'automne de l'Assemblée générale de l'ONU, qui tiendra sa 66ème session à partir du 13 septembre prochain. Il a souligné dans une déclaration à la presse qu'afin «de trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoit à l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental dans le cadre d'arrangements conformes aux buts et principes de la Charte de l'ONU, les deux parties ont poursuivi l'approfondissement de la discussion des deux propositions, dont la question du corps électoral et les mécanismes d'autodétermination et les formes de garanties». Mais, à la fin de ce round, «chacune des deux parties au conflit a continué à rejeter la proposition de l'autre comme base unique des négociations à venir, tout en réitérant leur volonté de travailler ensemble afin de trouver une solution politique conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nation unies», a relevé M. Ross selon lequel les deux parties «ont exploré les moyens de faire participer des membres respectés d'un large groupe représentatif du Sahara Occidental à l'accompagnement du processus de négociation en cours entre elles». Elles ont aussi entamé une discussion «qui sera approfondie dans les prochains mois sur des thèmes de gouvernance t      els que l'éducation, l'environnement et la santé, sans préjudice quant au statut définitif du territoire» du Sahara Occidental, a précisé M. Ross.

D'autre part, le Front Polisario et le Maroc «ont décidé de travailler avec les Nations unies dans les prochains mois sur les sujets des ressources naturelles et du déminage pour approfondir les discussions dans le cadre des négociations», a-t-il affirmé. En ce qui concerne les mesures de confiance, «les parties et les pays voisins ont confirmé leur soutien à la mise en oeuvre ordonnée du programme d'action de 2004 et des visites familiales par voie terrestre». Sur ce point, l'envoyé personnel de M. Ban Ki-moon a souligné que «les parties ont confirmé leur intention de participer au séminaire qui sera organisé par le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) à Madère (Portugal) en septembre 2011 et à la prochaine rencontre d'évaluation avec le bureau du Haut Commissaire pour les réfugiés à Genève prévue en octobre 2011». Quant au chef de la délégation sahraouie à cette réunion informelle, M. Khatri Addouh, il a déclaré à la presse que «les Nations unies restent plus que jamais attachées à une solution garantissant le droit à l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental, mais le Maroc s'entête à bloquer les efforts en cours». «Le Maroc craint les résultats d'une consultation démocratique du peuple sahraoui», a-t-il affirmé. Il a ainsi estimé que «la communauté internationale est plus que jamais interpellée pour faire respecter les principes de légalité et de justice au Sahara Occidental». M. Addouh a aussi noté qu'«un accent particulier a été mis sur la question du corps électoral et des mécanismes d'autodétermination puisque, comme souligné par M. Ban Ki-moon, la consultation du peuple sahraoui sur son devenir est un passage obligé pour toute solution juste, crédible et durable du conflit de décolonisation du Sahara Occidental».

Par ailleurs, la situation des droits de l'homme au Sahara Occidental, le libre accès au territoire pour les ONG, la presse et les observateurs internationaux ont été soulevés par la délégation du Front Polisario qui a appelé à «l'arrêt de la répression contre les citoyens sahraouis sans défense et la libération de tous les détenus politiques dans les geôles marocaines», a signalé M. Addouh.

Par ailleurs, le directeur adjoint de l'agence de l'ONU contre les mines a donné au cours de cette réunion un bilan sur sa mission au Sahara Occidental, notamment pour le déminage du territoire, qui est, selon lui, «malheureusement, l'une des zones les plus infestées par les mines antipersonnel». Il a appelé les deux parties à mettre un plan d'action pour le déminage de ce territoire. L'Algérie et la Mauritanie ont été présentes à ce round en tant que pays observateurs, notamment lors des discussions sur les mesures de confiance.