Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Un quartette et une communauté internationale tétanisés

par Kharroubi Habib

Pour justifier le blocus maritime qu'il impose sur la bande de Gaza, Israël et sa propagande mettent en avant le fallacieux prétexte que l'enclave est sous le contrôle du Hamas, assimilé par eux à une organisation terroriste acharnée à prôner la destruction de l'Etat juif. Par cette présentation des faits, l'Etat sioniste s'est donné arbitrairement le droit de faire arraisonner par sa marine les flottilles rassemblées par des militants pacifistes de toute provenance pour tenter de forcer sans violence le blocus et faire parvenir à la population gazaouie de l'aide sous la forme de produits de nécessaire urgence pour celle-ci.

 A ce mépris de la légalité internationale qu'est le blocus imposé à la bande de Gaza, s'ajoute celui du forfait de piraterie dans les eaux internationales. Pourtant, la communauté internationale, dont c'est la mission de mettre le holà aux transgressions de la légalité internationale, ne réagit que mollement et sans pression contraignante quand c'est Israël qui en est l'auteur.

 Les Etats-Unis et les pays de l'Union européenne vont même jusqu'à justifier Israël en arguant qu'il défend sa sécurité nationale en faisant le blocus de la bande de Gaza et en tentant de semer le doute sur les motivations des pacifistes participant avec leurs flottilles à une initiative de solidarité citoyenne, explicitement non violente.

 Mais ce n'est pas seulement le Hamas et la population de Gaza que l'Etat sioniste isole du reste du monde. Les Palestiniens de Cisjordanie et de Jérusalem subissent le même traitement, comme l'a démontré l'interdiction faite cette fois à des pacifistes venus exprimer leur solidarité à la cause palestinienne. La Cisjordanie, que l'on sache, n'est pas sous contrôle d'une organisation terroriste. Dans ce cas aussi, la communauté internationale et les Etats dont les citoyens ont fait l'objet d'arbitraire de la part des autorités sionistes n'ont pas réagi ou protesté. Le quartette pour le Proche-Orient s'inscrit aux abonnés absents à chaque fois qu'Israël bafoue la légalité internationale ou commet des actes criminels contre la population palestinienne.

 Par contre, il est très réactif quand ces Palestiniens soumettent à la communauté internationale et à l'opinion mondiale des projets de démarche et d'action susceptibles de contrecarrer les desseins de l'Etat juif et de démontrer son isolement international. C'est ainsi qu'après avoir été muet sur la poursuite illégale du blocus de Gaza, s'être désintéressé du fait qu'Israël continue de construire en Territoires palestiniens et d'être la cause de l'arrêt du processus de paix aux Proche-Orient, ce quartette (ou plus précisément les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France qui en sont membres) s'est soudainement réveillé de sa léthargie pour en appeler à la nécessité de remettre sur rail ce processus moribond.

 Son réveil et son agitation sont venus en réplique à la décision de l'Autorité palestinienne de soumettre en septembre prochain à l'Assemblée générale des Nations unies un projet de résolution reconnaissant l'Etat palestinien sur la base des frontières de 1967. Une démarche dont la finalité est qu'elle rendra illégale et inacceptable l'occupation par Israël des Territoires palestiniens inclus dans les frontières de 1967.

 En remettant sur le tapis la « priorité » d'une reprise des négociations entre Palestiniens et Israéliens, le quartette ne cherche qu'à faire avorter la décision de l'Autorité palestinienne et éviter ainsi à Israël de se retrouver sur la sellette internationale et donc sommé de mettre fin à l'occupation d'un Etat internationalement reconnu.