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Mustapha Ferfara, DG de la Bourse d'Alger, au «Le Quotidien d'Oran » et «MAGHREB EMERGENT» : «Oui, la bourse d'Alger va décoller en 2011-2012»

par Farouk Djouadi

Le jeune directeur général de la Bourse d'Alger, M. Mustapha Ferfara, est convaincu de l'essor de la place en 2011. Plusieurs entreprises dont Cevital et WTA (Nedjma) ont manifesté leur intention de s'introduire en Bourse. Le succès d'Alliance Assurance a réduit les réticences des opérateurs nationaux. Un plan de développement et de modernisation du marché financier va accélérer le décollage. La Cosob (Commission d'organisation et de surveillance des opérations de Bourse) a lancé les appels d'offres pour le recrutement des experts nationaux et internationaux devant accompagner la mise en œuvre de ce plan.

Est-ce qu'il y a des entreprises qui ont exprimé leur souhait d'entrer en Bourse après le succès de l'appel à l'épargne publique d'Alliance Assurance ?

Je me suis orienté vers un certain nombre d'opérateurs économiques nationaux. J'ai essayé d'expliquer les avantages qu'offre le marché boursier. Certains d'entre eux étaient très sensibles. Ils sont intéressés par cette alternative de financement. Ils ont préféré maturer cette idée avant de se lancer. Moi, je reste optimiste par rapport à la réaction des opérateurs économiques nationaux en matière de diversification de leur financement d'une part et aussi en matière de reconnaissance des avantages qu'offre le marché boursier tels la pérennité et la valorisation de leur potentiel économique. Pour cela, les operateurs disent qu'ils ne vont pas tarder à la mettre en pratique.

Pourriez-vous nous citer ces entreprises intéressées ?

Il s'agit de Salama Assurance, la conserverie NCA- Rouiba, SOCARAM, une société spécialisée dans les solutions informatiques intégrées. Il y a aussi Maghreb leasing qui souhaite s'ouvrir aux investisseurs via le marché boursier. Cevital veut s'introduire à la Bourse via un certain nombre de ses filiales. Nedjma a, par le biais de son DG, signifié clairement l'intention des propriétaires d'ouvrir une partie du capital de l'entreprise sur le marché financier algérien.

Mis à part les exemples que vous venez de citer, comment expliquez-vous la réticence des entreprises algériennes quant à l'introduction en Bourse. De quoi ont-elles peur, selon vous ?

Leurs craintes sont liées à la réaction du marché. Et c'est tout à fait légitime. Mais le succès éclatant d'Alliance Assurance a eu un impact très positif sur la vision des entreprises algériennes qui ont compris l'importance et la faisabilité de l'opération de l'introduction en Bourse. Bien qu'elle ne détient pas une importante part de marché cette entreprise a réussi a drainer une foule de souscripteurs. Grace à la transparence qui a caractérisé la publication de ses résultats financiers et à une compagne de communication agressive, Alliance Assurance a réussi la prouesse de dépasser ses objectifs.

Certains experts estiment que le cadre juridique algérien ne favorise pas le développement du marché boursier?

Il est vrai qu'il y a des lacunes, mais elles seront comblées dans le cadre du plan de développement et de modernisation du marché financier. Ce plan, élaboré avec la contribution de tous les intervenants dont la Bourse d'Alger, la Cosob, le dépositaire central ainsi que les banques publiques, s'étalera sur deux ans et il devra démarrer incessamment. Probablement au cours du mois de juin ou de juillet prochains. La Cosob a d'ailleurs lancé les appels d'offres pour le recrutement des experts nationaux et internationaux devant accompagner la mise en œuvre de ce plan réparti en deux phases. La première, d'une durée de 8 mois porte sur l'élaboration du schéma directeur du marché financier national. Il s'agit dans cette première étape d'arrêter les choix stratégiques et les batteries d'actions dévolues à chaque acteur. La deuxième phase est celle de la mise en œuvre. Le plan de développement et de modernisation du marché financier est basé sur cinq axes principaux. Le premier traite de l'harmonisation du cadre réglementaire avec les pratiques financières internationales. Le second axe porte sur l'alimentation du marché à travers l'introduction de valeur mobilière. C'est là justement que nous avons un sérieux problème actuellement. Il faut donc inciter les entreprises à s'introduire en Bourse en leur octroyant par exemples des avantages fiscaux. Il est question aussi d'améliorer la gouvernance des entreprises publiques. Le troisième axe concerne l'amélioration de l'image du marché financier à travers la dotation des sociétés d'une place boursière moderne et la vulgarisation de la culture boursière. Le quatrième axe porte sur la modernisation des systèmes d'information des sociétés de marché et des établissements financiers. Ceci pour permettre la cotation continue et la cotation à distance. Le 5ème axe a pour objectif d'élargir la cote de la Bourse à d'autres acteurs. Il est prévu, en ce sens, de créer un compartiment pour les PME, un autre compartiment pour les grandes compagnies publiques qui ont besoin d'un traitement particulier.

BNP Paribas El Djazaïr, Société Générale Algérie, et Humilis Corporate Finance Advisory ont introduit au niveau de la Bourse d'Alger des demandes d'agrément pour être intermédiaire en opérations de Bourse (IOB). Elles n'ont pas reçu de réponse. S'agit-il d'un refus ?

Les demandes en question sont au niveau de la Cosob. Elles sont en phase d'études et je pense qu'elles vont aboutir prochainement. Ces opérateurs doivent expliquer avec précision ce qu'ils comptent faire et justifier des moyens qu'ils vont mettre en œuvre.