Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Syrie: Sanctions de l'UE contre 13 dignitaires syriens

par Yazid Alilat

En Syrie, la situation des droits de l'homme s'est sérieusement dégradée au cours de ces 48 dernières heures, avec des arrestations massives à Banias, Damas et Homs de militants et de manifestants, alors que les opposants au régime de Bachar Al-Assad maintiennent

la pression avec des manifestations dans plusieurs grandes villes du pays.

La répression des manifestants de ces derniers jours a fait réagir lun di soir l'Union européenne, qui a décidé des sanctions économiques contre la Syrie et la mise en place d'une ?'black list'' de 13 responsables syriens accusés de violations des droits de l'homme, dont le frère cadet du président syrien Maher. Maher Al-Assad, chef de la Garde républicaine, figure en tête de liste des 13 responsables syriens sanctionnés par l'Union européenne pour leur rôle dans la répression des opposants, selon le Journal officiel de l'UE publié mardi.

 Maher Al-Assad, 43 ans, présenté comme «le principal maître d'oeuvre de la répression contre les manifestants», précède sur la liste le chef des renseignements généraux Ali Mamlouk, 65 ans, et le nouveau ministre de l'Intérieur Mohammad Ibrahim Al-Chaar (âge non précisé), nommé le 28 avril, également sanctionnés pour leur «implication» dans la répression des manifestations de protestation, notamment à Deraa, Banias ou Homs. L'UE a également décidé un embargo sur les armes, aussi entré en vigueur hier mardi.

 «Le Conseil a adopté une décision imposant un embargo sur les exportations vers la Syrie d'armes et de matériel pouvant être utilisé pour la répression contre la population, ainsi que des interdictions de visa et un gel d'avoirs», selon le communiqué. Les interdictions de visas d'entrée dans l'Union européenne et le gel d'avoirs visent treize responsables et proches du régime syrien identifiés comme étant responsables de la répression violente exercée contre la population civile, a précisé l'Union européenne. De son côté, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, n'a pas exclu hier mardi un renforcement des sanctions de l'Union européenne contre la Syrie. «Les sanctions décidées (par l'UE) sont un premier pas. Si Damas continue la répression, nous augmenterons la pression et renforcerons les sanctions», a estimé le chef de la diplomatie, cité dans un communiqué. Par ailleurs, après Deraa, épicentre de l'opposition contre le régime syrien, la ville de Banias est contrôlée entièrement par l'armée, et les arrestations se poursuivaient mardi matin, selon un militant des droits de l'Homme. «L'armée contrôle tous les quartiers de Banias et les arrestations se poursuivent dans cette ville et les villages voisins de Bayda et Marqab», a indiqué Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, basé à Londres.

 Les forces armées poursuivaient leur campagne mardi «pour arrêter les chefs de file des protestataires», comme Anas Al-Chaghri», a-t-il précisé. Plus de 450 personnes ont été arrêtées ces trois derniers jours à Banias, où l'armée est intervenue samedi pour mater le mouvement de contestation contre le régime du président Bachar Al-Assad.

 Un autre militant a fait état d'informations sur des arrestations effectuées mardi à l'aube à Lattaquié, premier port de Syrie, dans la province de Damas, et à Idleb dans le nord-ouest, sans pouvoir fournir de précisions. En outre, Mouadamiya, une localité à l'ouest de Damas, investie lundi à l'aube par l'armée, est «une ville isolée du monde extérieur». Des voitures d'agents de sécurité remplies de personnes arrêtées ont été aperçues, a indiqué le militant.

 Les autorités «renforcent leur contrôle sécuritaire dans toutes les régions de Syrie», a-t-il ajouté sous le couvert de l'anonymat. Et en dépit de la répression, le site «Syrian Revolution 2011» a prévenu sur Facebook que «les manifestations se poursuivront tous les jours», appelant à un «mardi de solidarité avec les détenus de conscience dans les prisons du régime syrien criminel».

Al-Assad promet des réformes

D'autre part, six figures de l'opposition syrienne, dont cinq arrêtés au cours du mouvement de contestation contre le régime de Bachar Al-Assad, ont été libérées, ont indiqué mardi un avocat et un militant des droits de l'Homme.

 Le juge a décidé de libérer mardi l'écrivain Fayez Sara (arrêté le 11 avril), le dirigeant du Parti du peuple démocratique Georges Sabra (arrêté le 10 avril), et le militant Kamal Cheikho, détenu depuis le 16 mars», a précisé l'avocat Michel Chammas.

 Ils ont été libérés après le versement d'une caution de 100 dollars chacun. Les autorités ont libéré en outre lundi soir «Hassan Abdel-Azim en compagnie du journaliste Hazem Al-Nahar. Ils n'ont pas été traduits en justice», a ajouté l'avocat. Avocat de formation, M. Abdel Azim, 80 ans, est secrétaire général du parti de l'Union arabe socialiste et porte-parole du Rassemblement national démocratique, mouvements d'opposition de gauche. Il a été enlevé il y a plusieurs jours. M. Chammas a appelé les autorités à «libérer tous les détenus de conscience en Syrie et à engager un dialogue national généralisé pour parvenir à une solution à la crise».

 D'autre part, selon le quotidien indépendant Al-Watan, le président Assad a rencontré dimanche une délégation d'habitants de Lattaquié (nord-ouest), premier port de Syrie.

 M. Assad a affirmé lors de cette rencontre que «la crise va s'arrêter et que les réformes administratives, politiques et des médias vont avancer». Il a affirmé en outre «l'importance du renforcement de l'unité nationale et que tous soient unis face au complot». Les autorités syriennes ont promis des réformes, dont l'abolition de l'état d'urgence, une loi sur le pluralisme et la libéralisation des médias, mais ont poursuivi la répression sanglante des manifestations.

 Les autorités accusent des semeurs de troubles d'être instrumentalisés par l'étranger et de vouloir semer le chaos dans le pays. Depuis le début du mouvement de contestation le 15 mars, entre 600 et 700 personnes ont été tuées, selon des ONG, et au moins 8.000 personnes ont été interpellées en Syrie, selon l'organisation Insan.