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C'est une femme abattue mais d'un courage exemplaire. L'épouse du
professeur Ahmed Keroumi, âgé de 53 ans, militant des droits de l'homme, porté
disparu depuis mardi 19 avril, a bien voulu répondre à nos questions sur la
disparition subite de son mari. D'une voix triste et mélancolique, elle affirme
que depuis cette date, il n'y a eu aucune nouvelle, ni aucune information sur
son époux. Le téléphone n'arrête pas de sonner, mais aucun de ces appels ne lui
a apporté une lueur d'espoir. Ses enfants, une fille âgée de 16 ans qui doit
passer son BEM cette année a perdu goût à la vie depuis que son père n'a plus
donné signe de vie. Le garçon, en 2ème année secondaire, est très affecté, nous
dira sa mère, au point où il ne mange plus et ne dort plus. Il attend que son
papa revienne. C'est toute la famille qui est bouleversée et choquée par cette
disparition inquiétante. «Que voulez-vous que je vous dise. J'ai frappé à
toutes les portes. La journée du jeudi, je l'ai passée à essayer d'avoir une
information au commissariat et chez le procureur. Mais rien. J'attends la
moindre nouvelle qui peut soulager ma peine et ma souffrance, mais toujours
rien», nous dit-elle. Le portable d'Ahmed Keroumi, qui depuis mardi sonnait
sans réponse, ne sonne plus depuis jeudi à 17h. Sa ligne est désormais hors
champ».
L'épouse du professeur reste, toutefois, optimiste et confiante sur le retour de son mari tout en espérant que rien ne lui est arrivé. Elle raconte que le jour de la disparition de son époux, elle n'a rien remarqué d'étrange ou d'inhabituel. C'était une journée normale. Je n'ai rien remarqué d'anormal. Mon mari toujours souriant et joyeux a quitté le domicile pour aller travailler. Vers 12H30, son collègue au travail m'a dit qu'il a reçu un appel téléphonique d'un individu qui lui a demandé de venir le récupérer à l'ENSEP sous prétexte que cette personne n'était pas véhiculée. Il est sorti du CRASC pour aller chercher cette personne. Depuis cet appel téléphonique, aucune nouvelle. Et personne de ses collègues n'a pu savoir avec qui M. Keroumi a parlé». Elle explique également qu'elle a déposé plainte au niveau de la 9ème sureté urbaine pour signaler la disparition de son mari mais lorsqu'elle a demandé une copie qui doit lui servir de justificatif pour faire des annonces dans les médias, elle n'a eu aucune réponse. «Je suis allée au commissariat pour demander ce document pour une annonce à la radio, ma demande est restée sans suite». Elle ajoute, « mon mari se préparait pour l'organisation d'un séminaire au CRASC prévu dans la journée du mercredi. Une rencontre qui a été finalement annulée car c'est lui qui chapeautait toute cette opération». Plus les jours passent et plus l'inquiétude de la famille augmente. L'épouse du professeur nous annonce que la disparition de son mari a suscité une mobilisation de la part de ses étudiants qui ont observé jeudi une journée de protestation en soutien à leur professeur. Ils ont également prévu de tenir un sit-in demain devant le siège de l'ENTV. «Il y a une mobilisation en soutien à mon mari. Les étudiants veulent sortir dans la rue mais vu la conjoncture, j'appelle au calme et à la sagesse», a tenu à souligner Mme Keroumi. Elle affirme que les autorités locales ont été informées de la disparition de son époux. La famille est dans l'attente maintenant de la moindre nouvelle ou piste qui peut conduire à retrouver son proche. |
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