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4.000 nouveaux cas d'insuffisance rénale chaque année: Prévention, la meilleure démarche

par Houari Saaïdia

Plus de 14.000 patients sont dialysés à travers le pays et quelque 4.000 nouveaux cas d'insuffisance rénale sont enregistrés chaque année.

Cette prévalence, pour le moins inquiétante, doit susciter des réactions promptes afin d'atténuer cette pathologie lourde. Entre autres signes révélateurs du manque de prévention : bon nombre de jeunes et de moins jeunes, dont des enfants de moins de 15 ans, sont totalement dépendants de l'appareil de dialyseur, le «rein artificiel.»

Ce constat amer a été fait lors d'une rencontre sur l'insuffisance rénale chronique, organisée jeudi par l'Association des médecins d'Oran pour la prévention.

Dans sa communication, Mohamed Benabadji, responsable du service de néphrologie au CHU de Béni Messous (Alger), a mis l'accent sur « la prévention qui constitue la meilleure démarche pour la lutte contre les pathologies rénales.» « La greffe c'est bien, la prévention c'est encore mieux», a-t-il insisté en rappelant qu'une seule séance de dialyse est évaluée à 6.000 DA, alors que pas moins de 150 séances sont nécessaires chaque année pour chaque patient. Ce spécialiste a abondé dans le même sens que ses confrères qui ont mis en exergue l'importance de l'examen clinique et du diagnostic précoce, tout en appelant les sujets atteints de diabète et d'hypertension à davantage de vigilance, ces deux pathologies étant considérées comme grandes pourvoyeuses de dysfonctionnements néphrologiques. La consolidation des actions de dépistage en milieu scolaire et la mise en place d'un registre national des insuffisants rénaux figurent également parmi les recommandations émergentes de cette rencontre. Par ailleurs, M. Benabadji, qui est en même temps membre de la Société Algérienne de Néphrologie, Dialyse et Transplantation (SANDT), a indiqué que le seuil des 100 greffes rénales sera prochainement atteint au CHU de Béni Messous. Cette 100ème transplantation de rein, par donneur apparenté, est programmée le 28 février prochain, a-t-il précisé. Ce seuil symbolique sera même dépassé puisque dix opérations chirurgicales similaires seront pratiquées entre le 23 février et le 4 mars en collaboration avec une équipe de spécialistes belges, a-t-il ajouté.

Cependant, l'accès à la transplantation rénale est hors de portée pour 80% des patients souffrant d'une insuffisance rénale chronique terminale, avait déclaré dernièrement le professeur Tahar Rayane, président de la Société algérienne de néphrologie, dialyse et transplantation (SANDT), lequel médecin n'a pu prendre part à la rencontre de jeudi en raison de sa participation dans un colloque africain.

Il existe entre 3.500 à 4.000 nouveaux patients qui atteignent chaque année le stade de l'insuffisance rénale chronique terminale. Le spécialiste avait prôné la relance du programme national de prévention et de traitement de l'insuffisance rénale chronique afin de réduire l'incidence de cette maladie. 100 opérations de greffe rénale sont réalisées annuellement dans le pays, alors que les besoins minima sont de l'ordre de 500 greffes par an. Depuis 1986, date du début des greffes en Algérie, 700 greffes rénales ont été effectuées à des insuffisantes rénales chroniques, dont seules 8 à partir de donneurs cadavériques. Selon le président de la SANDT, «près de 3 millions d'Algériens sont atteints d'insuffisance rénale chronique» et «50 % d'entre eux ignorent qu'ils sont atteints de ce mal car ils n'ont pas fait de bilan de leur santé». Concernant les malades «traités» atteints d'insuffisance rénale chronique terminale qui nécessitent une hémodialyse ou une dialyse péritonéale, l'on a avancé le chiffre de 13.500 malades qui sont soignés dans les 265 centres d'hémodialyse répartis sur tout le territoire national. Dans ce contexte, les professionnels plaident pour le rapprochement des centres d'hémodialyse des citoyens en créant des «petits centres» comportant 4 à 5 appareils. L'on rappelle, par ailleurs, que le ministre de la Santé, de la population et de la réforme hospitalière, Djamel Ould Abbas, avait annoncé que le premier centre pour insuffisants rénaux en Algérie et en Afrique du CHU Frantz Fanon (Blida) sera opérationnel à partir du premier semestre 2011. Selon Adda Hanifi, le secrétaire général de l'association organisatrice, cette manifestation scientifique constitue la 3ème Journée de formation médicale continue organisée par l'Association des médecins d'Oran pour la prévention, qui prévoit la tenue, en juin prochain, d'un congrès autour de la pathologie du sujet âgé.