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Le nouveau marché de gros d'Oran ouvrira en mars 2011: Les mandataires devront d'abord payer leurs impôts

par Mokhtaria Bensaâd

Lancé en 2006, le projet du marché de gros de fruits et légumes d'El-Kerma, à Oran, devra être réceptionné au mois de mars prochain. Le transfert des mandataires sur les lieux est conditionné par l'assainissement du passif et de l'actif des commerçants qui ne se sont pas acquittés de leurs dettes, estimées à 3,5 milliards de dinars.

 L'ancien wali d'Oran avait bien affirmé que seuls les commerçants ayant réglé leurs dettes vis-à-vis des impôts seront transférés vers les nouveaux locaux du marché de gros. Et le nouveau wali, Abdelmalek Boudiaf, parle lui aussi d'assainir la situation avant tout transfert. Chose que rejettent les mandataires, qui eux justifient le non-paiement de ces dettes par le cautionnement de 100.000 dinars qu'ils ont déposé au niveau de la direction des halles centrales. Un dossier qui risque de faire de nouveau polémique au sein de la corporation des mandataires, divisée actuellement en deux : la fédération des mandataires, affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans (UGCAA), et l'Union des associations des commerçants et artisans d'Oran (UCAO).

 Le mode de fonctionnement et de gestion de cette infrastructure sera régi par le nouveau décret spécifique pour les marchés de gros qui est en cours d'élaboration au niveau du ministère du Commerce. Il s'agit d'un texte de loi qui vient en complément au décret exécutif sur le mode de fonctionnement de tous les espaces commerciaux, promulgué en 2009.

 C'est ce qu'a annoncé le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, en visite hier à Oran. Une tournée dans cette wilaya qui l'a conduit au nouveau marché de gros des fruits et légumes construit dans la commune d'El-Kerma et dont la réalisation fait encore polémique. Si, pour le ministre, cette infrastructure représente une première à Oran et un investissement de grande envergure, la qualifiant même d'un joyau qui va apporter un plus pour cette wilaya, les mandataires, eux, ne voient pas la chose du même œil et ont été hier, avant l'arrivée du ministre sur les lieux, très critiques sur ce projet qui, selon eux, ne répond pas à leurs besoins. La construction de ce marché à proximité de la décharge publique, la limitation de la surface des boxes à 48 m² seulement, la réalisation de plusieurs halles au lieu d'un seul grand hangar qui regroupe tous les commerçants et le manque de structures d'accompagnement assurant plus de confort aux usagers. Ce sont là les réserves des mandataires qu'ils ont révélées à la presse mais pas devant le ministre.

 Lors de la présentation du projet, achevé à 97% selon le représentant du bureau qui a fait l'étude, il n'a été évoqué que les points positifs de la concrétisation de ce marché de gros et les perspectives d'un tel projet. Pour la corporation des mandataires, «ce marché ne répond pas aux normes et ne peut être comparé aux marchés de gros de Tunisie ou du Maroc ou au marché Rungis de France».

 Les deux organisations, qui se disent chacune plus représentative que l'autre malgré les divergences qui les séparent, s'accordent sur un seul point, «il n y a aucune comparaison à faire avec nos voisins». Pour cela, ils ont proposé une extension pour gagner plus d'espace et permettre le dépôt et l'enlèvement de la marchandise sans difficultés. Mais, sur toutes les doléances et propositions, les représentants des mandataires se sont tus, préférant écouter les éloges du ministre et les explications du représentant du bureau d'étude.

 Un incident est venu toutefois perturber ce silence. Lors de la visite des boxes à l'intérieur des halles, deux mandataires n'ont pas hésité à crier au ministre : «Ils nous ont volé nos droits, monsieur le ministre !».

 Pour calmer les esprits, le ministre a souligné qu'il faut tourner la page du passé et commencer une nouvelle page, tout en travaillant sur les mentalités. «Nous sommes venus pour donner un nouvel espoir», a t-il dit, annonçant dans la foulée qu'un programme a été élaboré pour la construction de trois marchés nationaux de gros, 10 régionaux, comme il a été décidé la rénovation de 40 marchés existants pour lesquels une enveloppe de 6 milliards a été dégagée.