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Oran infestée par les rats

par J. Boukraâ

La sonnette d'alarme sur le phénomène de prolifération des rats au niveau de plusieurs quartiers de la ville d'Oran a été tirée par les spécialistes. Ce phénomène est à l'origine d'une augmentation drastique dans le nombre de cas de morsures causées par ces rongeurs. Selon le service de la Prévention de la direction de la santé et population de la wilaya d'Oran, les rats étaient à l'origine de 695 cas de morsures durant les dix premiers mois de l'année en cours, soit 23% du nombre global des morsures enregistrées durant la même période, à savoir 2.964 cas. La toute dernière histoire de rats qui auraient dévoré le visage d'un malade décédé dans les toilettes à l'intérieur même du CHUO est encore fraîche dans les mémoires. La majorité des cas ont été signalés dans les quartiers populaires d'El Hamri et Ibn Sina. Toutefois, ces derniers temps, les rats se manifestent aussi au centre-ville et dans les quartiers dits «chics», tels que Saint Hubert et les Palmiers.

 Les habitants de ces quartiers se disent «face à un phénomène nouveau et à des rats qui ne meurent pas à la consommation de raticides achetés dans les quincailleries». Selon le service de la Prévention, le nombre des cas de morsure est passé de 263 cas en 2004 à 758 cas l'année écoulée. Une situation qui trouve son origine dans la saleté qui sévit à Oran en permanence.

 Des dépotoirs d'ordures sont signalés un peu partout, des immondices s'entassent et tardent à être enlevées, ceci, sans parler de l'incivisme de certains citoyens qui jettent leurs déchets n'importe où, sans oublier qu'ils sortent leurs poubelles en dehors des heures de collecte. Dans certains quartiers, c'est une véritable hécatombe.

 Au centre-ville, et plus exactement au quartier Miramar, «les rats, on les rencontre tous les jours et on peut même dire que l'on vit, désormais, avec», dira un riverain. Les cités à forte densité de population ne sont pas en reste avec des populations de rats en pleine explosion, notamment à cause des problèmes des caves inondées et la prolifération des décharges sauvages. Il n'en demeure pas moins qu'une virée, le soir, à travers les vieilles ruelles de la ville peut aisément nous renseigner sur l'ampleur du phénomène. L'année dernière, 145 établissements scolaires du primaire ont connu une invasion de rats. Les problèmes d'insalubrité et d'hygiène publiques liés au manque de matériel de vidange des réseaux d'assainissement sont favorables à la multiplication de ces rongeurs qui menacent sérieusement la santé des enfants. La prolifération des rongeurs laisse planer le spectre de la peste. L'histoire de l'humanité nous apprend que cette maladie transmise par les rats a fait plusieurs centaines de millions de morts. Ce fléau-là, que l'on croyait à jamais éradiqué, est malheureusement toujours présent puisqu'il sommeille parmi nous et ce, tant que l'insalubrité restera quasi présente et surtout à grande échelle.

 A Oran, la peste est d'autant plus présente dans l'esprit de ses habitants depuis qu'une épidémie s'était déclarée, il y a sept années de cela. Ainsi, entre le 4 et le 18 juin 2003, 10 cas de peste bubonique sont apparus dans la localité de Kehaïlia, commune de Tafraoui, village de 1.200 personnes, situé à 30 kilomètres d'Oran. Le village a été mis en quarantaine pour 12 jours et l'on déplore le décès du premier cas signalé. Cependant, à ces 10 premiers cas, étaient venus s'ajouter quatre autres cas dans des communes des wilayas de Mascara et Aïn Témouchent, proches de la wilaya d'Oran. Les résultats de l'enquête, faut-il le rappeler, ont imputé cette calamité au cumul des ordures comprenant même des carcasses d'animaux, notamment des chiens.