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Sahara Occidental: Torture, assassinats et procès expéditifs

par Yazid Alilat

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, hier samedi, dans plusieurs capitales européennes pour dénoncer la violence inouïe déclenchée par les forces d'occupation marocaines contre la population sahraouie à Laâyoune occupée, notamment des cas avérés de torture. Des militants des droits de l'Homme, à Madrid, Rome et Florence notamment, ont défilé par dizaines de milliers pour dénoncer la répression des forces de sécurité marocaines contre les Sahraouis qui s'étaient retranchés dans un camp de toile, près de Laâyoune.

 A Madrid, des milliers de personnes ont manifesté contre les violences enregistrées ces derniers jours au Sahara Occidental et contre l'occupation de ce territoire par le Maroc. Cette manifestation a rassemblé les leaders des deux grands syndicats espagnols, Candido Mendez de l'UGT et Ignacio Fernandez Toxo de CCOO, ainsi que l'acteur espagnol Javier Bardem qui milite pour l'indépendance du Sahara Occidental. Ce rassemblement visait à condamner la «répression marocaine» dans cette ancienne colonie espagnole, occupée en 1975 par Rabat, et réclamer son indépendance, selon l'organisateur d'une «Coordination nationale d'associations solidaires avec le Sahara».

 Lors de cette manifestation, plusieurs drapeaux marocains ont été brûlés et des slogans officiels étaient: «Maroc coupable, Espagne responsable», «Sahara libre maintenant!» ou encore «Maroc dehors, 35 ans d'occupation cela suffit». Les organisateurs souhaitaient notamment dénoncer l'attitude du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero qui «regarde de l'autre côté» et «ne dénonce pas les crimes du Maroc».

 Les mêmes manifestations ont été organisées dans d'autres villes européennes, alors qu'à Paris, une grande manifestation de soutien au peuple sahraoui et de dénonciation de l'occupation marocaine du Sahara Occidental est prévue aujourd'hui dimanche. Plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme, dont le MRAP, ont appelé à la tenue de cette manifestation, qui intervient quelques jours après l'assaut sauvage donné par les forces de sécurité marocaines contre le camp de Gdiem Izik, érigé par les Sahraouis de Laâyoune pour sensibiliser la communauté internationale sur la nécessité d'organiser un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental.

 Les graves événements qui se sont déroulés, ces derniers jours à Laâyoune occupée, dont des affrontements sanglants entre forces de sécurité d'occupation et manifestants sahraouis, qui ont fait plusieurs morts et des centaines de blessés, ont conduit fatalement le Conseil de sécurité de l'ONU à manifester son inquiétude. Une séance spéciale sera tenue mardi prochain, par le Conseil sur ces événements, qualifiés de «graves» par plusieurs pays, dont l'Espagne et la Grande-Bretagne. Le Front Polisario, qui a accusé les autorités marocaines d'avoir tué des «dizaines» de personnes, d'en avoir blessé plus de 4.500 et emprisonné plus de 2.000, depuis le démantèlement le 8 novembre, du camp de Gdiem Izik, parle par ailleurs, de plusieurs Sahraouis découverts morts et portant les signes de torture autant à Laâyoune qu'à Smara, l'autre ville du Sahara Occidental et où de violentes manifestations contre l'occupation marocaine ont été organisées.

 Dans les villes du Sahara Occidental, occupé depuis 1975 par le Maroc, la situation est par ailleurs, assez confuse, et peu d'informations filtrent, du fait du quasi bouclage du territoire par les forces de sécurité marocaines. Aucun journaliste ni observateur étranger ne peut entrer au Sahara Occidental, déclaré zone interdite par les autorités marocaines, alors que les manifestations indépendantistes se poursuivent, selon des militants sahraouis des droits de l'Homme à Laâyoune occupée. Par ailleurs, les arrestations continuent dans les rangs des militants sahraouis, alors que des jugements expéditifs sont attendus de la part de la justice marocaine, des militants et manifestants sahraouis. La séance spéciale de mardi du Conseil de sécurité de l'Onu, est par ailleurs très attendue par les observateurs, qui estiment qu'une résolution ferme condamnant le Maroc pour les atrocités commises au Sahara Occidental soit prise et votée.