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Moutons cherchent transport

par T. Lakhal

Difficile presque de se frayer un chemin au milieu de toute cette foule venue chercher son bélier au niveau des abattoirs d'Oran considérés comme le plus grand marché de bêtes. Et ce qui congestionne fortement au niveau de la ruelle la circulation, ce sont les véhicules stationnés des deux côtés.

En plus des particuliers, il y a un nombre impressionnant de transporteurs occasionnels qui interpellent les clients dès la rentrée du marché afin de transporter le mouton vers diverses destinations à Oran ville, voire à la périphérie. Le prix de la course varie entre 200 et 300 dinars, voire 400 dinars pour les destinations les plus lointaines.        Les rabatteurs, ce sont des enfants qui, avec l'aide d'une brouette, transportent les moutons sur une courte distance contre 100 dinars ou 50 dinars, selon l'insistance du client, jusqu'au véhicule du transporteur. Dans ces cas, cela se fait en deux temps. Avec des R 4, des Mazda fourgonnettes, d'anciennes 404 bâchées ou simples véhicules utilitaires, les transporteurs sont nombreux à saisir cette occasion pour glaner leur mouton du sacrifice eux aussi, comme ils le disent quand le client trouve cher le transport jusqu'au quartier d'El Hamri, par exemple.

D'autres lieux, comme à haï Es Sabah, le transport n'est pas moins de 400 dinars, voire 500 dinars, quand on sait que ce quartier se trouve presque en dehors de la ville. A Aïn El Beïda, ce sont toujours les mêmes transporteurs qui offrent leurs services à qui le veut.

Certains taxis clandestins, à l'occasion, délaissent leurs clients habituels et focalisent sur le transport des moutons dans les coffres arrière de leurs véhicules. Mais les plus débrouillards sont ceux qui font le « regroupage»: c'est-à-dire qu'ils prennent plusieurs clients à la fois et font le tour des quartiers, déposant chaque client devant chez lui. Et si l'itinéraire est le même, ou presque, cela arrange bien le transporteur qui peut boucler son itinéraire en un temps record et revenir à son «terminus» en quête d'autres clients.

Avec humour, un taxieur, un vrai, nous dit que ces transporteurs font dans le transport en commun de moutons, jusqu'à 10 bêtes embarquées pour une même destination. Et avec 300 dinars l'unité pour une dizaine de rotations. C'est vraiment un commerce juteux et de quoi s'offrir la bête du sacrifice.

D'autre part, avec l'Aïd, c'est tout un commerce qui se met en avant: vente d'ustensiles et autres objets utiles pour le rituel, sans oublier le charbon de bois indispensable durant l'Aïd. Il est vrai que les Oranais préfèrent, à l'Aïd El Adha, les grillades à feu doux qu'on ne peut obtenir qu'en utilisant du bois ou du charbon. Par conséquent, le nombre de vendeurs de charbon se multiplie à l'approche de cette fête religieuse.

A quelques jours de l'Aïd, ils investissent les cités d'habitation, les quartiers et les lieux de vente de moutons, et sillonnent les rues et les artères. Chez ces revendeurs, on peut également trouver du foin et des broches, voire aussi des couteaux. Le commerce du charbon est une activité ancienne préservée à Oran. Les vendeurs de ce combustible sont très sollicités en telle période, malgré que la majorité des familles disposent de fours à gaz et électriques. Cette pratique commerciale, qui se limitait, il y a quelques années, seulement à des personnes d'un certain âge, emballe aujourd'hui même des jeunes qui en font une source de revenus. Cette vente n'est pas saisonnière à Oran. Le charbon y est disponible à longueur d'année.