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Pain et lait

par Ali Brahimi

La remarque : «mettre la charrue avant les bœufs» pourrait s’appliquer à l’actuelle approche conçue par le département

de l’Agriculture visant, à partir de données approximatives et d’objectifs vagues, à modéliser la production agricole en filières.

Ces dernières années, le secteur de l’Agriculture semble accorder une importance particulière aux productions végétales et animales, et ce, afin d’atteindre deux objectifs fondamentaux. A savoir : a) faire diminuer sensiblement la facture de nos importations alimentaires dont, principalement, le pain et le lait et, à partir de là, b) de pouvoir s’affranchir de la dépendance alimentaire de base en un temps raisonnable et pas en un an ou deux. En effet, ce genre de stratégie exige au minimum une vingtaine d’années d’efforts collectifs continus et inlassables.

 Au cours des campagnes agricoles, 2008-2009 et 2009-2010, il semblerait qu’il y a une diminution substantiel de la facture des importations alimentaires, notamment en céréales et, donc, le pays aurait atteint, en infime partie seulement, le premier objectif assigné par ladite stratégie agricole et rurale décennale relancée en 2008-2009 par le biais de nouveaux concepts. En ce qui concerne le second objectif, en vérité le principal puisque il est au cœur de l’ancienne/nouvelle stratégie agricole, il est loin d’être atteint ou à peine voire reste entier.

 Donc, pour les céréales, des améliorations notables ont été obtenues durant la campagne 2008/2009 avec une production globale dépassant les 60 millions de quintaux dont prés de 45% est composé d’orge. Alors, qu’en principe, les blés devraient constituer plus de 80% et non 55%. Pour la présente campagne, le département concerné prévoit une régression de la production, dans son ensemble, estimée à 50 millions de quintaux seulement voire moins notamment pour l’orge. Pour les blés, attendons le… tararage séparant le blé de «l’ivraie» !

 Malgré ces déperditions, sans compter celles de cette campagne en fin de cycle, il à été jugé utile d’exporter vers la France la quantité de 100.000 t d’orge au prix de 90 Euros/t environ. En vérité, c’était beaucoup plus par nécessité d’alléger les silos, de l’OAIC, chargés d’orge et de blés depuis la fameuse campagne 2008/2009. En dépit de tout, ergote-t-on, les quantités stockées en orge suffiront, pour trois à quatre ans , et ce, tout en sachant les difficultés et les risques, de tous ordres, pour leur conservation durant la période estivale. A l’image des eaux stockées dans les barrages, notamment ceux situés dans l’Atlas saharien, sur lesquels des observateurs et d’utilisateurs ont noté jusqu’à 2/3 de leurs eaux s’évaporer à partir de Mai jusqu’a fin Septembre.

 Les superficies irriguées et surtout irrigables, par épandages d’eaux de crues dans les bassins versants de l’Atlas saharien, extensibles grâce aux efforts et méthodes des agriculteurs d’autrefois, se rétrécissent au fil des années, et ne servant même pas de pacages, par rapport à celles de nos voisins marocains et tunisiens lesquels les valorisent mieux par des méthodes culturales liées pertinemment à celles des irrigations et aux variétés, de blés et orges, appropriées aux conditions agropédoclimatiques locales.

 Le quotidien El Watan, du 09/08/2010, rapporte que des céréaliculteurs du périmètre irrigué de Abadla - Djorf Torba - ont subi un préjudice causé par un déficit hydrique, au niveau de leurs emblavures de…blé dur, estimé à plusieurs centaines de millions de centimes de Da, et ce, à cause de la bureaucratie des autorités locales. Dans les régions du nord, des céréaliculteurs peinent pour que l’OAIC accepte leur récolte incriminée de contenir excessivement des impuretés préjudiciables au poids spécifique des blés et, donc, a leur capacité de panification.

 Il y a lieu de remarquer que les statistiques, de la fameuse campagne moissons battages 2008/2009, ont estimé le niveau de progression de la production, par rapport à notre autosuffisance en céréales panifiables, de - 30 à 60 %. L’essentiel est de savoir si ces estimations reflètent la réalité. Et surtout que la farine locale est performante en terme de qualité boulangère que celle importée. Par conséquent, il serait vain de chasser le naturel, il revient toujours au galop ! Alors, à quoi ça sert d’édulcorer les amères réalités par des échappatoires conjuguées aux mensonges ? Et, en définitive, lequel sert-on par ces duperies ? L’avenir du pays ? Il mérite mieux que ça !

 En attendant, que les choses changent dans le bon sens, la filière du lait est en train, elle aussi, de rencontrer de sérieuses difficultés, en tous genres, que des zootechniciens et éleveurs ont mis en exergue maintes fois. D’abord au niveau du cheptel, il y’a lieu de noter que les statistiques - toujours elles - ne donnent pas d’idées précises, ou peu, en termes d’indications pertinentes sur ses différentes conduites, la structuration précise du cheptel bovin laitier et sa répartition géographique selon une cartographie modélisée et informatisée sur des bases solides et évolutives, ses possibilités laitières en rapport aux potentialités fourragères en présence, etc.

 Pour l’élevage ovin et caprin, en terme de production laitière «industrialisée», c’est une autre histoire. Pourtant, a l’exemple de la Mauritanie, il existe des laiteries transformant, en divers sous produits, du lait de… chamelles. À l’évidence, des efforts d’imaginations sont devenus nécessaires afin d’améliorer, sinon de maintenir, les potentialités génétiques du cheptel bovin laitier importé, et ce, en vue de prétendre au changement de la situation actuelle d’abord et, ensuite, faire face à celle d’avenir qui serait, à coup sur, plus complexe du simple fait que des bouleversements économiques et environnementaux… se profilent déjà chez nous .Et partout !

Pour le moment, il serait utile d’organiser et d’intensifier au mieux le niveau de la production laitière actuelle - notamment celle des vaches en pleine lactation - en rapport avec celle des céréales fourragères, en grain, en vert pacagé et conservé grâce aux techniques des ensilages et autres biotechnologies d’alimentation en vert concentré en plaques et renforcé en oligo-éléments, ayant donné des résultats conséquents notamment durant les périodes d’alimentation en sec. Comme cela arrive fréquemment sous nos latitudes. Au plan interne, la confusion entourant le niveau de la production laitière nationale, ne cesse de s’accentuer au vu des déclarations contradictoires des uns et des autres. L’effet yoyo est plus sidérant que celui des céréales. Cela va de 30% d’autosuffisance à 40%, alors qu’en réalité elle n’est que de 18% d’après les dernières informations données par les autorités nationales, en la matière, via le quotidien El Watan du 7 Août 2010 page 05.

 Au plan externe, l’on s’intéresse qu’a la «régulation» des importations de la poudre de lait en provenance des pays ne l’utilisant nullement pour la consommation humaine encore moins pour la transformation dans le but de produire des fromages, yaourts, etc. Cela nous fait rappeler l’histoire de la pomme de terre importée. N‘est-ce pas ? Chez nous, le gain net, obtenu par ces «sous produits» issus de la poudre de lait, est multiplié par deux à trois par rapport a ceux découlant du lait naturel lequel est rarement transformé en sous-produits car à quel prix de revient serait-il rentable, aussi bien pour le producteur que le consommateur, et ce, tout en sachant leurs effets bénéfiques en termes nutritionnels notamment pour les enfants et gens alités. Peu importe pour ces «industriels» en laiteries obtenues, à tort et à travers, par des obédiences clientélistes ne s’intéressant qu’aux profits et facilités de crédits, sinon ils ferment boutiques, avec, de surcroît, toujours l’intention dans la tête de leur non remboursement et, donc, la pérennité de la rente accentuée pendant les périodes propices - ramadhan, fêtes, élections, etc.- conjuguées aux pressions machiavéliques allant jusqu’aux vils chantages à l’encontre de la population ainsi soumise au diktat d’une faune d’opportunistes politicofinanciérs affidés pivotants au sommet, du système de gouvernance en place, et relayé à la base par une myriades de sous-traitants non moins voraces.

 Malgré cette situation et en dépit de tout, et par souci de faire rappeler nos précédents points de vue en la matière, il nous a semblé utile de rééditer des fragments de nos anciens articles jugés d’actualité à certains égards. Le premier, intitulé : «Des bassins laitiers, est-ce possible sous nos climats» paru au Quotidien d’Oran du… 29 Mars 2007, stipule ce qui suit.

LA VOIE DU LAIT

«Sur ce chapitre, il serait utile de reconnaître qu’on avait mis la charrue avant les bœufs. En effet, on a lancé des dizaines de laiteries sans de véritables assises d’élevage performant en production laitière. Leur quasi-majorité transforme de la poudre de lait. Son prix, fluctue au niveau des marchés mondiaux, additionné aux flottements de maîtrise des coûts de transformation et de la stagnation de celui de vente, car supporté par les pouvoirs publics, c’est le blocage évident. Des laiteries, font de la «gymnastique transformatrice». D’autres, ont «déclaré» faillite.

 En 1965, à Médéa, nous avons eu le privilège de consulter un document, daté des années 1950 et repris dans le cadre de l’ex plan de Constantine en 1959, élaboré par un groupe d’Ingénieurs en Chef, dont M. Maurice Renaud DSA de l’ex-Dpt du Titteri, et de vétérinaires principaux sous la conduite de l’éminent M. Valée. Ce projet porte sur la création de bassins laitiers dans 8 régions du pays. A savoir : Bel-Abbés, Ghriss et Miliana, à l’Ouest ; Béni Slimane et la plaine des Arrib (Ain Bessem) au centre ; Soummam, El Eulma et Guelma à l’Est.

 Dans l‘ensemble, ces régions se situent dans l’isohyète pluviométrique de plus 500mm/an. Des possibilités d’eaux souterraines avérées. Des sols légers, propices aux luzernières, tubercules fourragères, etc., ainsi que des pâturages naturels de montagne, en saison estivale, et de plaine - mroudj - en hiver. Des espèces bovines anciennement adaptées dans ces milieux : Frisonne, Montbéliarde, et autres variétés locales beurrières aujourd’hui en voie d’extinction. Le tout, en paramètres figuratifs, y compris des approches pertinentes sur le mode d’accès à l’exploitation des terres ainsi que de leur mode de financements en coopératives facilitatrices, organisatrices, transformatrices et négociatrices des produits et sous-produits laitiers ainsi que d’autres objectifs liés.

 Pour les bassins laitiers de Médéa (Béni-Slimane et Arrib), les concepteurs, ci-dessus nommés, prévoyaient l’introduction vitivinicole et agrumicole au profit de certains colons de la Mitidja, lesquels ont constaté que leurs terres sont devenues lourdes et imperméables texturalement aux eaux, leur octroyant un tiers de la superficie totale, évaluée à 250.000 Ha, soit 83.000 Ha environ de compensation à leur profit. On parlait déjà d’une deuxième Mitidja d’arrière Atlas blidéen.

 Au total des 8 bassins laitiers précités, la superficie visée à être mise en exploitation avoisine les 800.000 Ha. En irrigué, semi irrigué, et en sec. Une surface jugée suffisante pour affourrager plus de 220 000 têtes de bovins - dont 20 000 géniteurs -, prévus qu’ils produisent, en moyenne, 3.000.000 litres de lait/j : 200.000 Vaches laitières x 15 litres de lait/jour en moyenne. Soit pour la population, de l’époque, estimée à 12 millions d’habitants, un bol de lait de vache par personne. Il convient de signaler qu’a cette période, les gens buvaient du petit lait naturel comme le «gazouz» d’aujourd’hui. Et mangeaient peu de la viande bovine !

 Notre beau pays recèle des zones adéquates à l’élevage bovin laitier, et d’importants moyens financiers. 2012 (l’article en question date de 2007 nous insistons de le rappeler ), c’est juste le temps qu’il faut pour confirmer les dires, du Directeur de la FAO en visite à Djelfa - pays du Méchoui par excellence -, assurant que notre pats atteindrait l’autosuffisance alimentaire en 2012/2013. L’embellie financière pourrait s’amenuiser à ces horizons-là, sinon elle serait insuffisante pour satisfaire les immenses besoins sociaux allant crescendo. Aussi, ont-ils annoncé que, depuis 2010, plus de un million d’Ha ont été valorisés pour différentes filières agricoles, alors ne pourront-ils pas doubler cette superficie aux horizons 2013 afin d’atteindre l’autosuffisance en lait ? En effet, il serait vraiment contreproductif d’investir en dinars et devises dans le même sens. C’est de l’illogisme pur » Fin de citations.

 Le quotidien El Watan, du 07 Août 2010, rapporte l’information suivante : «Le premier chantier auquel s’attaque l’ONIL - Office national des industries laitières -, dans le cadre de son programme de développement, est la recréation (?), des bassins laitiers qui existaient jadis». C’est qu’a affirmé le directeur général de l’Office, Hafid Djellouli. Et encore : « Sur instruction du ministère de l’Agriculture, nous avons décidé de créer 9 pôles représentant les bassins laitiers. Le premier pole, mis en place la semaine dernière, est celui de Constantine qui regroupe 5 wilayas (Sétif, Mila, Oum El Bouaghi, Jijel et Constantine). Le second est celui de Annaba regroupant, en plus de Annaba, les wilayas de Skikda, Souk Ahrass, El Tarf et Guelma. Il y a aussi le pole de Batna regroupant les wilayas limitrophes ; le pole de Mostaganem ainsi que ceux d’Oran, de Ghardaïa et de Bechar explique-t-il.

 Et de poursuivre : «La création de ces pôles répond à un souci de réorganisation de la filière, la stratégie des autorités vise à redonner d’abord confiance aux éleveurs. Et encore : «Ensuite, avec la création des pôles, nous allons favoriser la conjugaison des efforts de tous les acteurs : les éleveurs, les industriels, les collecteurs ainsi que les producteurs de fourrages et d’aliment de bétail. Nous voulons également créer des pépinières», explique t-il. Et il conclu : «Nous voulons, à l’avenir, favoriser l’émergence de coopératives»

Pratiquement, c’est ce qui a été suggéré dans notre article, précité ci-dessus, en date du …29 Mars 2007.

LE PAIN ET LA PAIX

Dans le même journal d’El Watan, ci-dessus noté, le cabinet d’intelligence économique londonien Oxford Business Group (OBG) vient - à la demande du Ministère de l’Agriculture - d’évaluer le secteur agricole algérien. Selon les experts de ce cabinet d’expertise, malgré les efforts importants déployés par l’Algérie pour augmenter la production céréalière : «l’objectif de l’autonomie alimentaire fixé par le pays reste encore bien éloigné» Et : « par le retour de l’Algérie au début du mois de juin sur le marché des exportations, grâce à l’expédition d’une commande de 100 000 t d’orge vers la France, première exportation de cette céréale pour le pays depuis 40 ans ».

 Le cabinet londonien a détaillé cette «performance» agricole qui a permis : «de baisser considérablement la facture des importations alimentaires du pays ». S’appuyant sur des chiffres diffusés par l’organisme en charge de l’information statistique des douanes algériennes, OBG a indiqué que les coûts d’importation ont baissé de 36% en mai dernier par rapport aux chiffres du même mois de 2009. Toutefois, malgré la baisse de la demande pour les céréales provenant de l’étranger, «l’Algérie devrait demeurer à court terme un importateur net de céréales» Cependant, «le retour de l’Algérie sur le marché d’exportation de l’orge risque d’être de courte durée» puisque le gouvernement a décidé d’orienter sa politique vers le soutien à la production de blé». Enfin, conclu-t-il ledit bureau d’études, «le défi majeur pour l’Algérie est de réduire sa dépendance de l’étranger en termes d’approvisionnement en blé dur, d’autant que les prix ne cessent de battre des records sur les marchés internationaux». Fin de l’extrait.

 Pourquoi les décideurs prennent pour «argent comptant» l’avis des bureaux d’études étrangers, payés à coups de centaines de mille voire des millions en devises et qui, de surcoût, ne font que rapporter les observations déjà formulées par le commun des citoyens ? Si comme «l’intelligence» des cabinets étrangers est plus pertinente que celle issue de nos terroirs. Ainsi, le complexe du colonisé, mis en exergue par le défunt penseur Malek Benabi, n’est nullement une vue de l’esprit. Malheureusement, c’est une caractéristique tapie dans notre subconscient.

 Les pouvoirs publics, soucieux de réguler tout en comptant sur le cumul de ses stocks des blés de ces deux dernières campagnes moissons battages, viennent de décider la taxation de toute importation en produit céréalier panifiable. Acheter local est le nouveau leitmotiv. Pourtant, les chiffres donnés, par l’organisme des douanes algériennes portuaires en ce qui concerne les importations effectuées, fin juin de l’année en cours, par l’OAIC, font état d’une quantité de 400.000 t de blé dur introduit de l’extérieur. Exactement la même quantité importée de France en 2007/2008. Cela, s’apparente à un retour vers les anciens réflexes monopolistiques des années du «socialisme» pourtant honni par nos stratèges d’aujourd’hui. Et que le manège et la bamboula redémarrent.

 Fin juin avait coïncidé, également, avec la fête de l’indépendance nationale et les opérations de relogement des dizaines de milliers de familles algériennes, anciennement défavorisées et marginalisées, dans des logements flambant neufs dans un environnement fleuri et équipé de terrains de jeux pour les enfants se sentant renaîtrent. N’est-elle pas belle la vie ? Qu’ils fassent la fête ! Tout en sachant que d’autres comportements, liés à leur nouvelle condition, vont se profiler à terme. En effet, se loger n’est qu’une infime partie, certes importante, d’une myriade d’autres exigences et soucis de la vie. Pour le moment, qu’ils jouissent pleinement et, surtout, qu’ils sachent faire la part des choses. Et de dire Alahmdou li Allah. Le mari, de ma troisième fille médecin généraliste à Sétif, vient d’en bénéficier cette semaine, d’un logement flambant neuf, et ce, après une longue attente.

 A l’occasion du mois de Ramadhan, débutant cette fin de semaine, nous rééditons un concentré de paragraphe de notre contribution, parue au Quotidien d’Oran du jeudi 04 septembre 2008, intitulée : « la chorba de la dignité» illustrant l le bon sens et la tempérance de nos aïeux.

 «Vers la fin des années 1970, un brave habitant âgé, de notre patelin, gourmand et diabétique, ne lésinait nullement sur les dépenses afin de satisfaire ses envies ramadanesques surtout les premiers jours du jeûne. Il achetait à tour de bras toutes sortes de victuailles pour une somme dépassant parfois les 500 DA de l’époque. Notre boulimique bonhomme exerçait comme artisan peintre polyvalent. Son savoir-faire lui permettait de gagner beaucoup d’argent. Avant la rupture du jeûne, il mettait sa gandoura, s’asseyait à même le tapis et regarde avec plaisir les différents mets. Après la prière du Maghreb, il commence par la Chorba accompagnée d’une blonde galette - matlouâ - confectionnée au blé local fermenté naturellement, rassasiant sa faim, puis il boit goulûment de l’eau ou du leben : petit lait onctueux parfumé au tan lui donnant un goût astringent. Repu, il regarde les autres plats sans avoir, pour autant, l’envie d’y goûter. Lors de la prière des taraouih - celle de nuit -, il réfléchit sur les dépenses excessives de la journée. Et parle à lui-même : «Que je dépense 500 ou 100 Da, c’est du kif-kif puisque je ne mange en fin de compte que la Chorba!». Et le lendemain, rebelote ! Avec cette fois-ci, des invités démunis parmi ses voisins ne se sentant nullement complexés. Après le repas, il amusait leurs enfants par ses pitreries de bon goût. Cela avait duré jusqu’à la mort de ce brave type» Fin de citations.

 Et bonne Chorba, Hrira, Djéri… Ksseira oua Lbeina-Ourabi ihanina Incha’Allah, et un heureux Ramadhan, non gaspilleur surtout, pour tous les lecteurs du Quotidien d’Oran et à tout le monde.