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Tiaret: L'ex-place rouge transformée en décharge

par Houari Dilmi

Considérée jadis comme l'âme authentique de la ville de Djelloul Ould Hamou, la Place du 17 Octobre 1961 (ex-Place rouge) est aujourd'hui dans un piteux état, au plus grand désarroi de ceux qui se souviennent, le cœur brisé, de cette belle époque des années soixante-dix où l'ensemble intégré du marché couvert (aujourd'hui en ruine), la Place rouge, les arcades et leur mythique hôtel de Nice et le mausolée de Sidi M'hamed, étaient vécu comme le deuxième soleil qui brillait de mille feux sur une ville qui ne cesse de geindre et de (re) geindre à celui qui veut bien l'entendre. Lieu de rendez-vous des «Ouled bled» comme le veut ma mentalité «vernaculaire», l'ex-Place rouge n'est plus aujourd'hui qu'une sorte de décharge publique, noyée au milieu de la plus grande concentration humaine de toute la ville. Comble des combles, le jet d'eau, implanté au beau milieu de la place, voit son bac intérieur utilisé comme un vide-ordures, sans parler des pompes nouvellement installées et immergés à plus de deux mètres sous terre, qui ont été dérobées, sans que personne ne se rende compte de l'innommable forfait. Le semblant de poissonnerie située juste en face et la «meute» de vendeurs ambulants de fruits et légumes, aux alentours du marché couvert, finissent par donner à l'ex-Place rouge une image plus que laide, le tout sous le regard comme chloroformé de la foule bigarrée qui s'agglutine tous les jours autour du célèbre café de la Bourse et le non moins réputé kiosque à journaux de Ammi Boucetta, Plus en amont, à un jet de fronde de là, la place des Chouhada (ex-Place Carnot), est aujourd'hui, elle aussi, considérée comme le coeur fatigué de l'antique Tihert et pour cause. Même si de nombreuses familles et autres Tiarétiens nostalgiques continuent à se rendre sous l'arbre où fut pendu Ali Maâchi et ses compagnons, un certain 08 juin 1958, l'ex-place Carnot, entièrement réaménagée à coups de milliards, se dégrade à vue d'œil. Les jets d'eau, même s'ils constituent une attraction en cette période de grandes chaleurs, ne servent plus qu'à un réceptacle où des déchets en tous genres y sont jetés sans vergogne aucune. L'absence d'un système de régénération des eaux obligent d'ailleurs ceux en charge de leur exploitation à remplir les bâches d'eau tous les trois jours, une «aberration comme il ne devait pas exister», fulmine Ammi Djillali, un retraité qui se plaisait à flâner ou à lire les journaux à l'ombre d'un arbre séculaire, dans cette place mythique.