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Festival de la musique et de la chanson oranaises: L'heure est au bilan

par El Kébir A.

Après la troisième édition du festival de la musique et de la chanson oranaises, qui s'est tenue à Oran entre le 29 juillet et le 3 août dernier au théâtre de Verdure «Hasni-Chakroun», les membres du Commissariat de cet évènement culturel, à leur tête Mme Rabéa Moussaoui, directrice de la culture de la wilaya d'Oran, ont donné une conférence de presse, dimanche dernier, au cours de laquelle ils ont dressé un bilan «positif» quant à cette troisième édition.

Effectivement, Mme Rabéa Moussaoui a été claire dès le départ : «La troisième édition de cette manifestation a été une réussite, et ceci, en dépit des critiques et des insuffisances relevées par la presse !» Pour appuyer ses dires, elle n'a pas hésité à parler «chiffres» : en tout, 49 chanteurs ont participé au festival dont six en compétition. Quelque 98 chansons ont été interprétées, parmi elles, une dizaine sont nouvelles. Trois jeunes talents ont été récompensés et seront pris en charge par le ministère de la Culture pour l'édition de leur premier album. Ces lauréats seront, par ailleurs, intégrés aux prochaines tournées musicales afin qu'ils puissent se produire sur scène aux côtés de vedettes reconnues dans la profession. Il faut avouer que, durant les six soirées qu'a duré le festival, le théâtre de Verdure était bondé de spectateurs, au point que beaucoup n'ont pas trouvé de chaises.

D'un autre côté, a-t-elle encore rappelé, au cours de ce festival, de grands noms de la chanson oranaise, tels que Hadjira Bali, qui a mis tout son talent d'artiste au service de la révolution nationale, ou encore Saïm El Hadj, Rahal Zoubir, Belhacem Bouteldja et bien d'autres ont été honorés. Les membres du Commissariat de cette manifestation se sont montrés clairs et nets. Ils ont déclaré que le but même de la tenue de ce festival vise «la promotion et la réhabilitation de la chanson oranaise, celle lancée et défendue par Blaoui El Houari et Ahmed Wahbi à partir des années 40 !», et ont rejeté toute idée d'intégrer le raï, ce genre musical qui a à présent son propre festival à Sidi Bel Abbes.

A ceci près que les membres du commissariat ont juste oublié que, comme tête d'affiche des six soirées du festival, on avait précisément affaire à des chanteurs raï. Pour répondre à cela, les organisateurs de ce festival se sont plaints en effet de la «malhonnêteté de certains artistes qui se sont engagés à présenter au public des chansons puisées dans le répertoire local, mais qui, une fois sur scène, se sont lancé à chanter leur propre succès dans le genre raï !». Cela dit, le chanteur Baroudi, l'un des membres du comité d'organisation a reconnu pour sa part qu'il était difficile d'empêcher des vedettes de la chanson raï d'interpréter sur la scène du théâtre de Verdure des «tubes» de leur propre répertoire. «Ces chanteurs, avoua-t-il, ont répondu aux demandes de leur public. Les empêcher de le faire aurait conduit à des situations incontrôlables de la part des jeunes spectateurs. Lors de certaines soirées, nous avons évité le pire». Pour couper court à ce genre de «mésaventures», la directrice de la culture d'Oran a annoncé que, pour la prochaine édition, la quatrième donc, une clause «interdisant ce genre de comportement» et «imposant une conduite respectable de l'artiste» sera incluse dans le contrat que signeront les artistes.

 Soit, mais il n'en demeure pas moins que cet aveu dénote à lui seul combien le public, principalement dans le rang des jeunes, réclame, et avec ténacité, des chansons nouvelles, des chansons qui parlent de ses tracas quotidiens. Mme Moussaoui a également déclaré que pour abriter la quatrième édition de ce festival, un autre espace que celui du théâtre de Verdure sera choisi.